Sébastien Preschoux : « Je veux jouer avec les yeux du spectateur »
Sébastien Preschoux : « Je veux jouer avec mes yeux et ceux du spectateur » |
La pratique de Sébastien Preschoux oscille entre peinture et installation, créant la confusion chez le spectateur par la production manuelle d’éléments géométriques au rendu troublant. Comment as-tu débuté ? Le système scolaire n’encourageait pas les vocations manuelles, alors j’ai suivi « les conseils » d’orientation de mes professeurs, je voulais me servir de mes mains et on m’a dit de me servir de ma tête. Après un passage par la Fac, le design de mobilier, le graphisme et d’autres boulots, j’ai décidé d’utiliser mes mains, et me suis donc mis à dessiner sérieusement. Dès le départ j’avais cette fascination pour l’art optique, d’apparence ludique, mais tellement hypnotisant lorsqu’il est bien fait. Les œuvres peuvent se regarder dans tous les sens, certaines n’existent que si le spectateur est aussi acteur. L’idée est vraiment de jouer avec les yeux. J’ai donc débuté chez moi à produire des dessins tous les jours, le défi était d’en produire 100 en une année, dans le but de tester et d’expérimenter (formes, couleurs, matériaux, techniques…) une véritable auto-formation. L’autodidactie est une vraie qualité selon moi, la sensibilité ne s’enseigne pas à l’école.
Quel est le cœur de ta démarche artistique ? « La récompense du curieux » est une phrase qui m’accompagne depuis que je suis petit. Mes parents m’ont éduqué dans ce sens et à chaque fois cette phrase génère chez moi du positif… Sur cette base j’ai établi mes premières productions, il faut tester, essayer, se planter et recommencer, d’où l’année des cent dessins, et maintenant seuls ceux qui s’attardent sur mes dessins et peintures peuvent percevoir les stigmates du passage de la main humaine, les autres peuvent penser qu’il s’agit d’une impression. L’idée est de créer cette interrogation chez le spectateur : « production manuelle ou digitale ? ». Mais surtout mon travail est manuel, je veux pouvoir voyager les mains dans les poches et pouvoir travailler n’importe où, c’est la vraie liberté. Enfin je veux jouer avec mes yeux et ceux du spectateur… conserver cette part légère et ludique de l’art.
Dans ton travail tu as cette pratique de peinture mais également d’installation. Comment envisages-tu les relations entre les deux dans ton processus de création?
Le plus gros challenge que tu as eu à affronter ?
Plus une vocation qu’une profession ? Qu’est ce que pour toi un projet réussi ? Tu travailles souvent in situ, quelle importance accordes-tu à la démarche contextuelle ? Elle est fondamentale. C’est pour ça que c’est compliqué pour moi de planifier une installation car c’est le lieu qui va me dicter l’installation. C’est tout un ensemble de choses ; ma condition physique, la lumière, le temps que j’ai pour la faire, les matériaux choisis. C’est une rencontre entre un lieu et un bonhomme à un moment donné. Je ne peux pas produire une installation si elle est trop planifiée, elle perd de son âme. Je suis obligé de me surprendre.
Tu m’avais dit un jour qu’il était important pour toi que le public puisse toucher l’installation pour mieux l’appréhender. Pourquoi ? L’art a t-il selon toi une part de rôle social ? Quelles sont les personnes qui ont marquées ta carrière, ton parcours ? Quel est ton rêve en tant qu’artiste ? Un livre ou un film à nous recommander ? Merci Sébastien ! Pour en savoir plus : Marie Monclus, pour Thinkers & Doers [Visuels : © Sebastien Preschoux] |
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