Samuel Fosso, maître de l’autoportrait photographique
Samuel Fosso est un photographe d’origine camerounaise, à la fois metteur en scène et personnage, il est aujourd’hui l’un des représentants notoires de la photographie contemporaine originaire d’Afrique dans le monde.
Samuel Fosso est un photographe né en 1962 au Cameroun. Il passe son enfance au Nigéria, puis doit se réfugier à l’âge de dix ans en République centrafricaine. Il ouvre son premier studio à 13 ans, Studio National, sa devise “Avec studio national, vous serez beau, chic, délicat et facile à reconnaître”. Pour finir les pellicules des clients, le jeune adolescent réalise des autoportraits, se mettant en scène dans diverses poses, divers costumes, et diverses personnalités. Aussi, beaucoup de ces portraits sont destinés à ses proches, notamment à sa grand-mère restée au Nigeria. En se travestissant ainsi, le jeune homme casse les codes de l’époque et surtout, du continent dans lequel il vit. “Le sujet c’est moi. Mais le sujet c’est une autre personne qui raconte l’histoire d’une autre personne”.
En 1994, Samuel Fosso présente son travail aux Rencontres de Bamako, et obtient le premier prix. Il est ensuite exposé au festival Africa à Londres, puis au Centre national de la photographie à Paris. En 1997, pour le 50e anniversaire de l’enseigne française Tati, une série éponyme est créée par Samuel Fosso (accompagné par Seydou Keita et Malick Sidibé). Ces images repensent les codes de la mode, ainsi que la représentation de l’identité africaine, “c’est un discours sur la ségrégation et l’esclavage et une revendication d’indépendance de liberté”.
En 2000 Mémoire d’un ami est dédié à Tala, un ami et voisin du photographe, tué par des militaires.
Le rêve de mon grand-père est une série présentée en 2003, en hommage à son grand-père, grand guérisseur l’ayant guéri de sa paralysie à l’âge de 4 ans. Samuel Fosso le considère comme un héros.
En 2008, la série African Spirit met en lumière les penseurs panafricannistes et personnalités des droits civiques tels que Malcolm X, Nelson Mandela, Patrice Lumumba ou encore Angela Davis.
En 2013 L’Empereur d’Afrique dénonce la colonisation de la Chine sur les pays Africains. Et de la douleur résultante du continent.
En 2015, SIXSIXSIX, une série sans travestissement, regroupe 666 images soulignant pour chacune d’entres elles, une expression unique. Il est ici question de la vie du photographe, de la chance et de la malchance, du bonheur et du malheur.
Le travail de Samuel Fosso est beau, il est utile, et aujourd’hui, particulièrement inspirant. Ses autoportraits un brin narcissiques pour certains, montrent plus que ce que l’on pense voir. Son œuvre est unique et historique.
“Mon travail est basé sur des situations spécifiques et des personnages avec qui je suis familier, des choses que je désire, que j’élabore dans mon imagination et, qu’ensuite j’interprète. J’ai voulu commémorer ceux qui ont lutté pour les droits des Noirs, ceux qui ont eu le courage d’affronter l’avenir. Je l’ai fait pour que leur image ne soit pas oubliée, et qu’ils entrent dans l’histoire visuelle de l’Afrique à travers ma propre image »
Soraya Assae Evezo’o
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