Salventius : “Le résultat est la preuve que le processus a eu lieu”
Niels Kiené Salventius est un artiste Hollandais connu pour des portraits d’une ligne. Il nous parle des coulisses de son art et du momentalisme qu’il y cherche.
Qu’est-ce qui a inspiré votre style et qu’est-ce qui vous inspire maintenant ?
Je ne voulais pas être inspiré. On me connaît pour mes dessins d’une ligne, c’est là où je vois du momentalisme, je veux créer dans le moment et c’est pour moi ce qu’il y a de plus important. Ne pas planifier, mais juste dessiner et créer quelque chose. J’aime beaucoup les réseaux sociaux, pas les publications mais les gens qui y sont, qui partagent leurs vies, c’est ce qui m’épate le plus et c’est eux qui m’inspirent. Quand mes abonnés ont commencé à croître cela m’a permis de rencontrer des gens autour du monde et m’a inspiré.
Je n’aime pas être influé par d’autres artistes mais je trouve mon inspiration dans la musique que j’écoute quand je peins. Et même avant mes portraits, je faisais de la photographie de paysages, et ce qui m’a inspiré était le travail de David Lynch. J’adore son atmosphère. Quand il réalise un film, ce n’est pas qu’un film mais aussi une peinture, et vice-versa. Je cherche aussi cet effet là.
Qu’est-ce qui est plus important pour vous, le processus ou le résultat d’une peinture ?
Pour moi, le processus est le résultat. Je suis content quand la peinture est finie, car le plus difficile est de savoir quand est-ce qu’il faut la finir. Quand je peins, je ne sais pas où commencer, parfois je me force à commencer en bas de la toile, parfois en haut. Entre le moment où je commence à dessiner et où je décide d’une fin, c’est l’aventure, et c’est ça que j’aime. Je pense que le processus est le plus important, mais le résultat est la preuve qu’il a eu lieu.
Je peins entre 5 et 6 portraits par jour. L’être humain est divers, il y a 7 millions d’Hommes et je n’ai pas encore créé autant de portraits.
Arrive-t-il souvent que vous soyez déçus d’une oeuvre ?
Je ne suis pas vraiment déçu, il arrive que je n’aime pas et à ce moment j’y reviens le jour suivant et parfois j’y trouve une beauté, ou alors je le publie. Parce que j’aime l’erreur humaine, tout est parfait de nos jours, et mes dessins représentent la réalité, j’apprécie mes propres erreurs. Les gens ne veulent pas voir nos fautes et pourtant je reçois beaucoup de messages me disant qu’ils les apprécient ou y trouvent de la beauté. J’aime surtout quand quelque chose rate, que le pinceau sèche ou l’encre dégouline et malgré cela j’essaye de ne pas corriger mes erreurs, et le plus souvent ces oeuvres là sont mes préférées.
J’essaye presque de faire des erreurs pour que ce ne soit pas idéal, je cherche l’équilibre.
Vous avez travaillé avec beaucoup de médiums, quel a été votre préféré et que voudriez-vous essayer?
Je les aime tous. Récemment j’ai fait des oeuvres au pochoir, j’aime bien cela, mais je vais prendre du temps pour travailler au graphite, c’est très délicat car cela peut casser ou tacher. J’ai fait quelques dessins dans la buée et je voudrais continuer dans cela car ca capture l’idée du momentalisme.
Le médium le plus magique pour moi est la lumière. Je fais une photo en longue exposition et je dessine avec une lumière mais je ne vois pas ce que je crée. Je dois faire confiance à mes mouvements, mon ressenti et mon timing. La magie est au moment où je découvre l’image sur la caméra.
En ce moment j’expérimente le feu, c’est un matériau incroyable car il a tellement de couches, il peut tuer, donner de la chaleur, de la lumière. C’est un de mes prochains objectifs.
Pouvez-vous nous parler du momentalisme ?
Beaucoup de choses sont planifiées et doivent être parfaites, j’ai l’impression qu’on ne profite plus du moment. Je suis allé au Kenya, j’adore prendre des photos et donc la première journée j’ai tout pris en photo car c’est magnifique là-bas et puis, j’ai mis la caméra de côté car c’était comme si j’observais tout à travers un écran. Mes yeux voient plus, je dois absorber le moment par mes sens. Et c’est cela que je veux recréer dans ma peinture, c’est le momentalisme. Je veux être dans le moment.
Mes oeuvres sont influencées par ce qui se passe dans le monde, mais je le capture dans mes portraits où je mets mon émotion, mon ressenti.
Pensez-vous que les gens cherchent une beauté ou un sens dans vos peintures ?
J’ai toujours un contact avec mes clients, et je tiens beaucoup à cela. Certains trouvent juste mon art joli, et je trouve que c’est précieux, tout n’a pas besoin d’être expliqué. Mais certains y trouvent une connexion, il y avait cette femme qui m’a demandé l’achat d’une oeuvre d’un jour spécifique. Et c’était une peinture en lumiere, elle voulait capturer ce moment car ce jour là son mari est mort, et pour elle c’était cette relation spéciale avec mon art. Certains veulent acheter les droits du processus. Les gens apprécient mon art pour des raisons différentes, je suis vraiment heureux.
Plus d’informations sur l’artiste sur son site internet et son Instagram.
Propos recueillis et traduits de l’Anglais par Maria Krasik
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