« Rue Enghelab » au Bal : La Révolution iranienne par les livres
Jusqu’au 11 février, le Bal présente des textes et photographies qui ont ponctué l’histoire iranienne de 1979 à 1983. L’exposition co-organisée par Hannah Darabi, artiste photographe, et Chowra Makaremi, anthropologue et chercheuse au CNRS, s’annonce prometteuse.
Hannah Darabi, à la reconquête de la Révolution iranienne
Née en 1981, Hannah Darabi se destine à des études aux beaux-arts de Téhéran et rejoint ensuite Paris, où elle réside encore aujourd’hui. Personnalité reconnue pour ses ouvrages comme Unreal City, elle décide de démarrer en 2014 un projet de reconstruction et de rassembler en Iran, les livres politiques et de photographies qui ont marqué la révolution.
Ce projet ambitieux tend à reconstituer une histoire révolutionnaire, encore très parcellaire, et à revisiter cette période dans une perspective artistique et contemporaine. Un besoin personnel de « reconstruction » agrémenté par une démarche anthropologique de Chowra Makaremi.
1979-1983 : une période de bouleversements
Si Hannah Darabi a décidé de se concentrer sur cette période très brève, c’est en raison du foisonnement intellectuel opéré à cette époque. En effet, l’Iran interroge alors son système et de nombreuses idées politiques émergent, inspirées notamment des théories socialistes et marxistes.
Une période ambivalente, à la fois confuse et organisée, qui laisse entrevoir un espoir de paix et de reconquête mais qui, paradoxalement, va mener à un obscurantisme d’État. Le travail d’Hannah Darabi et de Chowra Makaremi s’attache donc à mettre en lumière l’aporie qui régit une période de tumultes et de liberté d’expression relative, afin d’éclairer une histoire encore très trouble.
Un dispositif scénographique épuré
Le choix du titre, Rue Enghelab, qui signifie « Révolution » en perse, revêt une dimension historique puisqu’il renvoie à la rue de Téhéran, où se concentrent des librairies et des maisons d’édition. Les ouvrages et photographies jalonnent le parcours de l’exposition et mettent en exergue une période où le livre était l’acteur principal de la scène sociale et politique.
En s’interrogeant et se répondant, ces différents ouvrages et photographies invitent les visiteurs à réfléchir sur la révolution iranienne. Ils s’accompagnent de projections de films et de livres. Ce projet puise ainsi toute sa force dans la sobriété des installations et l’énergie substantielle qui émanent des photographies et des textes chargés de symboles.
Ce travail de longue haleine s’achèvera le 11 février 2019, date d’anniversaire de la Révolution iranienne, par un séminaire qui questionnera la révolution dans une perspective de comparaison avec les révolutions du Printemps arabe. Journée d’étude à ne surtout pas manquer !
Marie Dibe
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