Retour sur le cycle d’expositions du tandem curatorial Noctemydiem
Parti d’un projet d’études à une association de curatrices indépendantes, Sixtine Chéné et Zoë Montillet Nodé sont de jeunes curatrices prometteuses à suivre de près. Découvrez le cycle d’expositions contemporaines qu’elles ont réalisées et leurs futurs projets.
Noctemydiem, le tandem curatorial fondé en septembre 2021 par les deux curatrices indépendantes Sixtine Chéné et Zoë Montillet Nodé, présente le travail de jeunes artistes contemporain.es autour de thèmes poétiques, oniriques ou engagés. Si les expositions sont toujours réalisées de manière indépendante, elles sont montées à chaque fois avec leur régisseur Victor Blanchard et existent en collaboration étroite avec les artistes.
Ce que le jour doit à la nuit
Ensemble, elles ont déjà organisé trois expositions, dont la première, intitulée Ce que le jour doit à la nuit, a été réalisée en co-commissariat avec la curatrice Louise des Places. Cette exposition proposait de célébrer la renaissance d’une génération après une période de confinement éprouvante, notamment pour la création artistique. Mais le récit est à élargir. En effet, à travers différents médiums et sensibilités, les artistes ont présenté leur propre vision du réveil, tant physique que métaphorique. L’exposition proposait des œuvres photographiques, audiovisuelles et plastiques de la jeune scène contemporaine avec les noms d’Abigaël Coeffier, Evangelina Polevik, Louise Primel, Odo, Pablo Castagnet, Quentin Fromont et Zoé Manel.
En s’inspirant de la citation de Paul Valéry, «Le réveil commence comme un autre rêve», les curatrices ont choisi les artistes pour leur capacité à évoquer ce moment particulier entre rêve et réalité. Le temps entre celui du coucher et de l’éveil peut sembler se détraquer et les artistes ont exploré cette zone de flou. En effet, la nuit est une parenthèse à la vie, qui peut être source de création pour certain.es, mais aussi de mélancolie et d’attente pour d’autres. Une chose est sûre, comme l’ont écrit les curatrices dans le texte d’exposition, les artistes ont su se métamorphoser en « magicien.nes du petit matin ».
Il était une fois la couleur de tes maux
Après avoir exploré ce thème onirique, Sixtine Chéné et Zoë Montillet Nodé ont choisi de se plonger dans le monde de l’enfance avec leur deuxième exposition : Il était une fois la couleur de tes maux. Symbolisé par l’ambivalence du titre de l’exposition, il s’agissait d’un voyage au pays des contes et récits de notre enfance, sans oublier la violence qui peut s’y dissimuler. Les oeuvres de Berenice Vargas Bravo, Cloé Brochard, Cléméo Le Berre, Denis Macrez, Gaëlle Jonas, Maroua Baidouri, Odo, Pablo Castagnet, Vincent-Michaël Vallet, ainsi qu’une performance de Sahra Chérifi, y étaient présentées. Chaque artiste proposait à travers son travail une «psychanalyse des contes de fées» réactualisée à l’aube des enjeux de notre époque.
Ainsi, iels ont pu aborder des thématiques complexes telles que la perversion humaine, le complexe d’Œdipe, le sexisme ou encore le paternalisme, «évaporés derrière les cils des fées». Les histoires racontées aux enfants présentent une ambivalence douloureuse, une double lecture qui ne peut plus se limiter aujourd’hui à une vision manichéenne du monde. L’exposition souhaite ainsi offrir une vision plus juste à ces récits, loin des stéréotypes et des histoires dérangées. En soignant les maux par les mots et la couleur, les artistes proposent des récits qui n’existent plus seulement pour nous faire peur ou rêver.
Les Synapses dans la terre
Afin de terminer ce cycle de réflexion, le tandem curatorial a organisé sa troisième exposition, Les Synapses dans la terre, une invitation à redécouvrir et interroger notre lien avec la nature. Pablo Castagnet, Joséphine Topolanski, Ploipailin Vial, Clément Justin Hannin, Zoé Moineaud et Joseph Rottenbacher, Princesse Toucan, Yoann Bac et Smaïl Kanouté ont suggéré à travers leur travail des réponses à cette question.
A travers des récits poétiques et une esthétique allant de la nature brute à l’art sacré, chaque œuvre tissait une nouvelle connexion avec la terre, partageant une vision différente de notre rapport à cette dernière. Les artistes exposé.e.s ont cherché à rappeler l’importance de Gaïa, de la vie, de la mort, de l’origine, de la croyance et de la poésie. Les Synapses dans la terre est aussi un appel à la révolte contre les effets dévastateurs du dérèglement climatique sur notre planète. Les artistes ont pu manifester leur droit à la Terre, leur droit de vivre. Cette exposition, bien que teintée de magie, reste le reflet de l’espoir et de la douleur d’une génération sacrifiée face aux défis climatiques et à la collapsologie imminente.
Et la suite ?
Le travail de Noctemydiem a été salué par la critique, notamment pour sa capacité à donner une voix à de jeunes talents en liant différentes formes d’expressions artistiques autour de thèmes riches d’interprétations. Après ces trois expositions à succès, les deux curatrices indépendantes, Sixtine Chéné et Zoë Montillet Nodé prennent aujourd’hui chacune un nouveau départ, entamant ainsi de nouveaux projets à venir.
A Room of Our Time, exposition dont elles sont individuellement co-commissaires au sein du collectif Opia Kolektiva, aura lieu du 28 mars au 15 avril à la Galerie Michel Journiac, et du 6 au 16 avril au Sample.
Marion Weisbecker
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