Reset à la fondation Ricard
Chaque investigateur établit ici un rapport différent à l’espace. Le duo Abrantes et Crotty envisage le lieu comme celui d’une salle de projection, et Tamara Wehr prolonge la référence au cinéma par une cloison rajouté, constituant son dyptique de portraits étonnants et extrêmement codifiés, du célèbre trio Le bon, la brut, et le truand.
La discrète mais subtile installation Ecoulement, de Sarah Lis, demeure pleine de bon sens, dans sa remise en cause de la rigidité. Et le mécanisme du procédé graphique de Bertille Back étonne avec pertinence ; remettant en question la condition de fabrication de l’œuvre, à l’image d’une société sans mains-d’œuvre, qui pourtant s’attache à la mémoire d’un lieu de travailleurs ouvrier.
La vidéo-performance de Florian Pugnaire nous projette dans un atelier d’expérimentation où s’engage un duel au corps à corps entre deux hommes, dont les cascades maitrisées, transforment peu à peu l’espace en un désordre chaotique. Quant à Bertrand Dezoteux, l’inversion de l’itinéraire de l’exposition, par un bureau insolite du personnel à la fin de l’exposition, constitue une remise en question intéressante du dialogue social.
L’exposition Reset présente certes un choix d’artistes investis pleinement dans leur démarche, avec des intérêts et des abords éminents. La recomposition de l’espace comme le sous-entend l’intitulé de l’exposition, demeure toutefois assez sage. Davantage de prises de risques se seraient faites appréciées. Il aurait été intéressant de questionner l’influence des institutions sur la pratique artistique, notamment dans le contexte actuel.
Il semble ici que les artistes se confortent dans la passivité du lieu. Il n’y a pas d’affrontement à part chez Dezoteux, mais de façon indirecte et intermédiaire. L’image d’un bras de fer entre l’artiste et le fameux White Cube aurait pu être considérable, mais aucun audacieux n’a osé remettre le lieu à sa place. Celle de support et non de meneur.
Cela demeure toutefois tolérable, vis-à-vis de jeunes artistes qui débutent leur carrière, car le parcours éprouvant pour arriver à l’exposition est à prendre en considération. Il faudra encore patienter en attendant l’arrivée du Marcel Duchamp du 21ème siècle.
La fondation Ricard n’en demeure pas moins un lieu remarquable, toujours soucieux de présenter de nouvelles figures dans l’art contemporain, et de soutenir des projets minutieux et novateurs au sein de la jeune création.
Justine Van Den Driessche
Reset
Prolongation jusqu’au 27 février 2010
Du mardi au samedi de 11h à 19h sauf jours fériés.
Visites commentées chaque mercredi à 12h30 et samedi à 12h30 et 16h00
Projection du film de Benjamin Crotty et Gabriel Abrantes tous les soir à 18h30. Séances supplémentaires les mercredi à 13h et les samedi à 13h et 16h30.
Informations : 01 53 30 88 00
Entrée libre
Fondation d’entreprise Ricard
12 rue Boissy d’Anglas
75 008 PARIS
Métro Concorde
www.fondation-entreprise-ricard.com
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