RERO présente sa nouvelle exposition à la Galerie Backslash !
Exposition IBID. Épuisement de nos idéaux Œuvres de RERO Du 5 janvier au 25 février 2017 Vernissage le jeudi 5 janvier de 14h à 21h Entrée libre Galerie Backslash |
Le 29 novembre 2016 À mi-chemin entre art conceptuel et art urbain, RERO définit et interroge les frontières auxquelles il se place. À travers l’exploration des espaces publics comme des espaces privés, il travaille la négation de l’image en barrant d’un épais trait noir les concepts qu’il explore. À travers sa nouvelle exposition solo, IBID, à la Galerie Backslash, RERO questionne cette fois l’épuisement de nos idéaux … Quels ont été tes premiers projets, comment tu as commencé ? J’ai commencé par le graffiti. Quand je prenais le bus, je voyais des gens tagger sur les vitrines. Je croyais qu’ils communiquaient par le graffiti avec des codes qu’eux seuls pouvaient décoder. J’ai été un peu déçu, je dois reconnaître, d’apprendre par la suite que c’était juste leur nom. J’ai commencé moi aussi à signer avec différents pseudos. C’était en 98 ; O’Clock, Jonone, etc. étaient déjà bien installés en France. Moi, j’étais plus jeune, et reproduire cette forme d’expression venue des Etats-Unis me permettait de faire partie d’un groupe, d’avoir un lien social et de m’exprimer en tant qu’adolescent. J’aimais aussi déjà l’Urbex, explorer des lieux abandonnés. Comment ta pratique a t-elle évoluée ? Après l’adolescence, j’ai pris conscience que le graffiti ne me satisfaisait pas entièrement, c’était plus pour moi un exercice de style qu’une expression dans laquelle je me retrouvais entièrement. Il n’y avait plus vraiment de sens pour moi de continuer ainsi. J’ai commencé à emprunter une voie alternative et à coller des affiches de textes barrés en situation. Au départ la barre était très fine, puis je l’ai peu à peu affirmée. C’est une bonne manière pour moi de décoder et de poser des questions. Je n’envisage pas d’autre manière de m’exprimer. Quand s’est faite la transition d’amateur à artiste ? Dans ma famille, on n’envisageait pas que je puisse devenir artiste. Je pouvais peindre mais il fallait que je poursuive mes études en parallèle. Après un master en sociologie économique à Paris, je suis parti à Londres pour étudier le graphisme pendant 1 an. Quand je suis revenu je ne voulais pas être graphiste et j’ai travaillé dans une agence d’impression et je continuais mes recherches plastiques et graphique en parrallèle. C’est à ce moment là que j’ai réalisé ma première exposition importante chez Backslash et que j’ai véritablement commencé à conscientiser, à conceptualiser mon travail, et à être plus en accord avec moi-même. Qu’est ce que te plaît dans le travail en extérieur ? Travailler en extérieur me permet d’avoir ce rapport au corps à grande échelle qui est très fort et que l’on retrouve dans le graffiti. J’aime aussi pouvoir me réapproprier les espaces et les objets. C’est aussi vrai pour ma pratique en intérieur ; j’utilise souvent des objets qui ne sont pas conçus pour l’art, comme le livre ou le néon. En quoi ta pratique destinée à l’exposition en galerie complète celle que tu as en espace public ? Je pense que les deux sont complémentaires. En tant qu’humain, il est naturel d’évoluer dans les deux types d’espaces. Par exemple, Tania Mouraud a commencé son travail en extérieur car elle se sentait enfermée en galerie. Ma génération a fait le chemin inverse, on a commencé en extérieur puis on a eu envie de pouvoir s’exprimer chez nous, à travers d’autres médias. En galerie, j’ai réussi à développer mon travail car Backslash m’a ouvert ses portes ce qui m’a permis d’expérimenter des nouveaux supports et commencer à présenter des installations de taille plus importante. Cela me permet de plonger le visiteur en immersion, de le mettre dans les conditions dans lesquelles je me retrouve lorsque j’explore de nouveaux endroits. Pour moi la galerie est un laboratoire. C’est un espace neutre au sein duquel tout peut y arriver. C’est une sensation unique. Dans ton travail on trouve un questionnement constant sur la limite entre l’intime et le public … La seule barrière que je me mets c’est celle d’être le plus possible à la limite, à la frontière, pour pouvoir la questionner. Mais avant de la questionner il faut l’identifier, et la verbaliser. Comment envisages-tu la relation avec le public en espace public ? Je travaille principalement dans des lieux abandonnés ou dans la nature, des lieux qui n’y sont pas prédestinés. Lorsque je travaille dans l’urbain, je rencontre plus de gens, j’interagis avec eux. C’est surtout le processus que j’aime car ce que l’on conserve au final , c’est une photo témoin de l’expérience. J’ai travaillé cette année dans la Candelária à Bogota, où les gens ne connaissent à priori pas mon travail. Ça me permet d’interagir avec des gens qui n’ont pas les mêmes codes que moi, et j’adore ça. Quand je vais en pleine nature, j’essaie de ne pas laisser de traces sur place. Quand je produis des œuvres en extérieur, c’est plus pour me nourrir, ça me permet de me raconter des histoires. Quelle importance accordes-tu à la démarche contextuelle ? Dans l’espace public, c’est le contexte qui fait l’œuvre. En extérieur, l’objet de contemplation est devant nous, ma démarche consiste à amener les gens à ouvrir les yeux sur ce qui se trouve devant eux. En galerie, il faut que l’installation ou l’œuvre soit autonome, elle n’a pas nécessairement besoin d’un contexte spatial mais plus d’un contexte social. Tu présentes à partir du 5 janvier une nouvelle exposition solo à la galerie Backslash, peux-tu nous en résumer la démarche ? La prochaine exposition s’intitule IBID., qui signifie « même endroit » en latin. Je reviens dans un endroit que je connais et que j’ai déjà investi avec une nouvelle proposition, celle de l’épuisement des idéaux. Toutes les œuvres questionnent nos idéaux, qui sont détachés de la réalité. Nos idéaux doivent être plus pragmatiques, en accord avec la réalité. Il faut les revoir à la baisse afin de ne pas les épuiser. Mais cette transition doit se faire de manière progressive, un but trop lointain et trop élevé ne sera jamais atteint. Comment as-tu fais tes recherches ? Je me suis beaucoup appuyé sur le travail de Paul Watzlawick, membre fondateur de l’école de Palo Alto, et dont j’ai suivi le chemin en Californie à propos du concept de la double contrainte. Je me pose aussi la question de l’accès à internet. On maitrisait mieux l’outil que nos parents, qui ne pouvaient pas nous éduquer à un outil qu’ils ne savaient pas eux-mêmes utiliser donc il y a eu des déformations et des abus. Je pense qu’il faut s’y rééduquer. Pour questionner notre rapport à internet, j’y présente F.O.M.O (Fear Of Missing Out), une installation qui met en scène un enfant en bois brûlé face à une sculture d’un Macbook ( en bois brulé également) , comme si son quotidien s’était épuisé, avait fait un burnout. Lui se trouve face à la question de savoir ce qui compte véritablement pour lui. J’aborde également dans cette exposition la question de la censure à travers Farenheit 451, écho à la température à laquelle le papier s’enflamme sans la présence d’une flamme ainsi qu’au message de censure qui s’affiche sur une page internet lorsqu’elle a été censurée : ERROR 451… Merci RERO !
Marie Monclus Pour Thinkers & Doers contact@thinkers-doers.com
[Crédits Photo 1 : © RERO / Photo 2 : © Cristobal Diaz / Photo 3 : © Mac Bogota / Photo 4 : © Backslash Gallery / Photo 5 : © Leonor Viegas] |
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