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Rencontres internationales de la jeune photographie 2013 – Niort

29 avril 2013
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Depuis vingt ans, l’association Pour l’instant, menée par Patrick Delat et Sylviane Van de Moortele, organise, avec ferveur et énergie, les Rencontres de la jeune photographie internationale : huit photographes du monde entier accueillis pour un travail en résidence de quinze jours, lié au territoire de Niort. Au fil des ans, la reconnaissance est venue progressivement, par le bouche-à-oreille, par le travail de la Drac également, à partir des années 2000. Cette année, l’événement prend un tour spécial avec l’ouverture de la Villa Pérochon, le centre d’art contemporain photographique de la ville de Niort. Retour sur une édition spéciale, aux talents discrets mais généreux.

L’événement se déroule en trois temps : tout d’abord, du 5 mars au 13 avril, une exposition des oeuvres des jeunes artistes, grâce auxquelles ils ont été sélectionnés. La population se familiarise donc avec le style personnel de chacun. Durant ce laps de temps, les photographes ont quinze jours pour concevoir, réaliser un travail photographique, effectuer les tirages et l’accrochage des clichés. Puis du 14 avril au 31 mai, ces nouveaux travaux sont dévoilés à la population. Outre la qualité indéniable des artistes sélectionnés par le jury (présidé par Denis Dailleux, photographe professionnel pour VU’ résidant au Caire), il est passionnant de contempler le travail énergique des jeunes qui ont du travailler d’arrache-pied, parfois dans des cultures à l’opposé de la leur. La ville les héberge dans la prestigieuse Tour Foucault, démontrant ainsi l’engagement certain de l’élue locale Geneviève Gaillard, qui a doublé le budget consacré à la culture.

Les résidents :

Gaël Bonnefon – France – www.gaelbonnefon.org

Son travail, intitulé « About decline », porte principalement sur la crudité, la nuit, l’ivresse, le sexe. Il favorise le grain visible, l’improvisation, la spontanéité du matériau direct.
Durant sa résidence, le photographe s’est emparé des lieux, des décors, et même de ses condisciples, puisque Mireia Ferron Esquera a accepté de se prêter au jeu de la nudité. Un travail rigoureux et égaré à la fois.

Ayaka Yamamote – Japon – ayakayamamoto.com

Cette artiste est littéralement hantée par le portrait de femmes et d’enfants, sous des voiles ou des textiles, dans des lumières froides, avec des couleurs tranchées. Chaque cliché est une mise en scène étrange, lié sans doute à la barrière de la langue entre photographe et modèle.
La jeune artiste  prolonge ce travail à Niort, où elle réalise chaque cliché comme une toile spirituelle, avec des couleurs encore plus vives et symboliques, mains sanglantes, modèles pâles comme des spectres.

Mireia Ferron Esquena – Espagne

Ce travail intime, lacunaire, plus exigeant à recevoir, parle de fragilité. Noir et blanc, fragment, mystère personnel…
L’émotion est intacte lors du nouvel accrochage ; avec des éléments de vie et de mort, chat, cadavre d’oiseau, nid, photo déchirée, Mireia crée un mur à la Brassaï où les cicatrices sont visibles.

Vasantha Yogananthan – France – www.vasantha.fr

Premier accrochage : extrêmement narratif, ce « portrait de paysage » dépeint l’une des dernières plages sauvages de France, Piémanson. Il n’est pas sans rappeler la photographie documentaire anglaise. Cet effet documentaire est également utilisé dans la deuxième exposition, « Les courants forts », où Vasantha associe textes et photos d’une force impressionnante. L’atmosphère blafarde du marais poitevin pèse sur les destins des intervenants, témoignant de leurs espoirs et de leurs immobilismes.

Aï Estelle Barreyre – France, Japon – www.aiestellebarreyre.com

La photographe a présenté au jury de sélection un des travaux les plus impressionnants de cette édition, trois ans de recherche et de travail sur le transgenre afin de cerner le sens de la famille, de l’intimité, du genre. Un travail pudique, mélange de textes et de photos afin d’envisager autrement la définition d’une identité.
Sur les vingt portaits réalisés en quinze jours de résidence, la jeune femme n’en a choisi que quatre, les plus représentatifs, les plus esthétiques. Pas de texte ici, dans cette tentative pour capter ce moment de basculement entre enfance et adolescence.

Mickaël Soyez – France

Plus hermétique, plus distant, ce travail se nomme « Noli me tangere » « ne me touche pas » référence au Christ sortant du tombeau. La mort et la fuite, l’absence y sont omniprésentes.
L’oeuvre créée en résidence témoigne également de cette difficulté, de cette lutte pour faire naître un sens. Les textes y sont présents, mais sous une forme photographiquement travaillée, avec effet de grossissement et d’effacement.

Nadège Abadie – France – nadegeabadie.fr

Également un excellent travail, cette fois sur les concierges et leurs loges. Installés dans des caisses américaines, les photos sont conçus pour diffuser un enregistrement sonore de témoignages, comme si la voix venait de la loge. De par son format sériel, l’ensemble du corpus s’intéresse au banal. C’est aussi le banal qu’elle dévoile dans son travail de résidence, cette fois sur l’engagement militaire : les tirages sont accompagnés de textes dévoilant l’égarement de jeunes livrés à eux-mêmes, puis fortement encadrés. Une excellente réussite.

Rasel Chowdhury – Bangladesh – www.raseldhury.com

« Desperate urbanization » raconte l’agonie d’un fleuve, étranglé par l’industrialisation morbide des humains. L’image est sale, et l’effet de pollution accentué par le travail effectué sur la photo.
Le deuxième accrochage révèle un travail exceptionnel sur la vieillesse en maison de retraite. Face à ce véritable choc culturel, Chowdhury a su capter le détail, cadre de photos de famille, fausse végétation, qui évoque l’attente de la mort, dans ce mutisme habituel.

A noter que parallèlement, dans cette même galerie du Belvédère, l’espace dédié MYSPACE accueille deux expos sur la ville de Niort : « Montre moi » Jean-Luc Fouet dépeint la métamorphose urbaine et la mémoire des quartiers par le biais d’images construites avec les habitants concernés par la destruction de leur habitat. « No limit » Le poète Marcel Kanche a lui interrogé la notion de territoire, de frontière, mis en mots et en musique.

Le membre du jury et conseiller artistique des résidents, Daniel Dailleux, est lui exposé à la Villa Pérochon.

Mathilde de Beaune

Rencontres de la jeune photographie internationale de Niort

Galerie Le Belvédère au Moulin du Roc
9, boulevard Main
79000 Niort

Entrée libre du mardi au samedi de 14h à 18h
www.pourlinstant.com
www.cacp-villaperochon.com

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