Rencontre avec Véronique Marrier, responsable de la mission design graphique au Cnap
Véronique Marrier est la cheffe du service design graphique au Centre national des arts plastiques, un des opérateurs de la politique du Ministère de la Culture qui soutient et promeut la création contemporaine. Une de ses missions est la direction éditoriale de la publication annuelle et gratuite Graphisme en France, une référence existante depuis 1994. Un parcours riche et inspirant à découvrir.
Racontez-nous quel a été votre parcours avant d’arriver au Cnap.
J’ai toujours été très intéressée par la création. Après des études de langues, de communication et relation publiques à Bordeaux, je me suis mise en quête d’un poste dans ce domaine. J’ai toujours été attirée par la publicité, les packaging, les affiches, les couleurs sans savoir de quoi il en retournait… En 1996, j’ai rencontré des graphistes, et ça a été déterminant, j’ai découvert un champ de la création que je ne connaissais pas et qui m’a tout de suite interpellée.
Vous avez à ce moment-là monté la galerie 90 degrés, pouvez-vous nous en parler ?
J’ai co-fondé avec les graphistes de l’Art est net un projet de galerie de graphisme 90 degrés en 1996, dans un lieu où il y avait encore tout à faire. Ce fut donc le premier espace d’exposition de Graphisme en France qui a existé pendant 3 ans, avec une exposition tous les deux mois et un point de diffusion de revues et d’ouvrages de graphisme, à une époque où la culture visuelle passait surtout par les livres. Ça avait été très bien accueilli par tout le milieu ! En plus des travaux finis, j’avais à cœur d’exposer également des objets liés au processus de travail des graphistes, leurs recherches, leurs essais, ce que l’on n’avait pas l’habitude de voir en somme.
C’est à ce moment-là que je me suis rapproché du Ministère de la Culture et de la délégation aux arts plastiques, et de Marsha Emanuel, qui a imaginé la publication Graphisme en France, pour réaliser une exposition avec les Graphistes Associés. Des graphistes étrangers aussi ont également été exposés, on les découvrait au cours de nos déplacements ou vacances, j’en retiens, en tout cas, beaucoup de “dynamisme passion” et d’énergie collective.
Vous êtes ensuite venue travailler à Paris ?
Après 3 ans, nous avons décidé de prendre un nouveau tournant et nous avons fermé le lieu pour suivre chacun nos chemins. Je suis donc arrivée à Paris en 2000 pour travailler auprès de la revue Étapes Graphiques, pour les projets éditoriaux. J’ai ensuite co-fondé une nouvelle organisation professionnelle pour les graphistes, il existait le SNG (Syndicat National des Graphistes), nous avons créé l’Alliance française des designers, qui avait pour but de défendre les droits d’auteurs des designers dans leur globalité.
Par la suite, j’ai co-fondé l’association F7, qui organisait des conférences avec des graphistes internationaux au Palais de Tokyo.
Comment se sont déroulés vos premiers pas pour Graphisme en France ?
J’ai rejoint en 2004 pour la délégation aux arts plastiques et Marsha Emanuel, en temps que vacataire dans un premier temps, pour la documentation et la publication de Graphisme en France, pour laquelle j’avais beaucoup d’attention, nous la recevions chaque année à la galerie 90 degrés et c’était un lieu important avec ce milieu. Lorsque Marsha Emanuel est partie à la retraite en 2008, j’ai pris la direction éditoriale de Graphisme en France. Je trouve important cette filiation avec le projet initial, la poursuite avec ce qui a été mis en place, et de l’adapter avec les préoccupations actuelles. Aujourd’hui, Graphisme en France est imprimé à 10 000 exemplaires, chaque année, envoyé gratuitement aux professionnels et étudiants en graphisme et design.
Vient ensuite l’arrivée au Cnap (Centre national des arts plastiques) qui a marqué une étape importante dans votre parcours.
Oui, je suis arrivée au Cnap en 2008 et je n’ai cessé dans les mois qui ont suivi, de faire en sorte que le design graphique s’inscrive dans tous les dispositifs du Cnap. Cela passait notamment par un travail pédagogique sur le long terme, en interne. En 2010, des ensembles de design graphique ont été acquis par la commission d’acquisition design et arts décoratifs. Des chemins de fer de Peter Knapp, c’était pour moi important que cela commence comme ça.
Ont également été acquis le film d’animation Logorama, de , François Alaux et Hervé de Crécy et H5 – Ludovic Houplain qui avait eu un Oscar et un César, et la donation d’Etienne Robial et par la suite des acquisitions dans le domaine de la typographie ont aussi été réalisées.
Je suis arrivée pour m’occuper de la publication de Graphisme en France, et peu à peu j’ai développé avec la responsable de communication les publications du Cnap, car un travail de commande systématique auprès des graphistes est la meilleure façon de les soutenir. Il est important d’être exemplaire dans ses propres commandes pour un établissement qui accompagne réellement au jour le jour, ces métiers.
En 2014, Graphisme en France a pris une autre dimension le temps d’une année, quel a été le projet ?
2014 a été un évènement assez important qui a fait l’objet de tout un programme sur toute l’année. J’ai ainsi élaboré avec Marc Sanchez (anciennement directeur du pôle développement culturel, partenariats et éditions, au Cnap). Nous avons alors édité la publication, réalisé une traduction en anglais, co-produit un colloque international sur le Design graphique « Les formes de l’Histoire », organisé une journée d’étude avec les chercheurs en design graphique et publié un kit pédagogique sur le collège, puis fait une commande publique d’un caractère typographique Infini, créé par Sandrine Nugue. Ça a été fabuleux de produire tous ces rendez-vous en collaboration avec beaucoup d’acteurs du milieu.
Depuis, les projets se poursuivent et ne se ressemblent pas, nous avons fait une autre commande de caractère typographique Faune, d’Alice Savoie, ainsi que de nombreuses acquisitions. Le Cnap est un établissement ressource pour les professionnels où l’on peut demander à être conseillé, orienté sur différentes questions notamment celles liées à la commande.
Quelles sont les actualités qui vous ont marquées récemment ?
Je suis très curieuse dans d’autres domaines culturels comme le théâtre, la musique, tout comme les graphistes qui ont un œil ouvert sur leur environnement visuel. C’est important d’être ouvert à différentes formes de création. La biennale de design graphique de Chaumont est un rendez-vous incontournable avec des expositions de qualité et le concours international auquel des graphistes du monde entier envoient leur travaux.
Un autre évènement marquant est Une Saison graphique au Havre, qui rassemble plusieurs institutions, avec chacune leur propre programmation, qui se réunissent et permettent de faire découvrir de nombreuses initiatives chaque année en mai et juin.
Je pense aussi à un évènement à Paris, Type Paris, qui se concentre sur le domaine de la typographie, est un programme intensif de création de caractères, cinq semaines, ouvert à toutes les personnes qui le souhaitent, dans le monde entier. Elles viennent à Paris, et rencontrent des intervenants chaque semaine chaque jeudi soir. Des conférences gratuites et ouvertes sont organisées, pour favoriser les rencontres, les échanges.
Je pense enfin aux Rencontres de Lure, qui ont lieu en Provence dans un petit village, qui attire de nombreuses personnes chaque année également.
Pour recevoir la publication Graphisme en France ou modifier vos coordonnées, cliquez sur ce lien :
graphisme.cnap@culture.gouv.
Merci à Véronique Marrier pour sa confiance et sa transmission.
Interview réalisée par Mona Dortindeguey
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