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Rencontre avec Diane Tobes et Valérie Quilez, directrices de Kultur | lx

Lucie Schroeder 20 janvier 2022
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Diane Tobes et Valérie Quilez © Christophe Wilwert | D.R.

Créée en juillet 2020, Kultur | lx – Arts Council Luxembourg est une association dédiée au soutien de la scène culturelle luxembourgeoise. Retour sur les premiers pas ainsi que les ambitions de développement de cette structure, première de son genre au Luxembourg, avec ses directrices Diane Tobes et Valérie Quilez. 

Comment est venue l’idée de créer une agence des arts au Luxembourg ?

Valérie Quilez, coordination internationale : L’idée d’avoir une agence pour mieux organiser la promotion de la culture et des artistes luxembourgeois était une grande préoccupation depuis une quinzaine d’années. Avant Kultur | lx, il y a eu plusieurs initiatives. On peut citer la plus symbolique qu’est Music:LX, bureau d’export de la musique, qui a existé pendant dix ans. On avait des initiatives à succès, mais isolées et pas forcément coordonnées entre elles.

En 2016, le Ministère de la Culture a commencé un travail de consultation du secteur, à travers des assises culturelles pour formuler le plan de développement culturel 2018-2028. Il y a eu plusieurs étapes de travail qui ont réuni l’ensemble du secteur, c’est-à-dire aussi bien des institutions, des artistes, que des professionnels de la culture. Il s’agissait de comprendre quels étaient les enjeux du développement du secteur culturel. Le ministère met donc en œuvre une des recommandations du plan, en créant en 2020 l’association de préfiguration d’un établissement public qu’est Kultur | lx.

Pouvez-vous présenter Kultur | lx et ses missions principales ?

Diane Tobes, coordinatrice nationale : Kultur | lx est d’abord une structure pluridisciplinaire. On regroupe sous notre toit six secteurs dont la musique, le spectacle vivant, les arts visuels, la littérature & édition, l’architecture, le design & métiers d’art et les arts numériques & multimédia. Le but ultime de Kultur | lx est de structurer l’aide au secteur culturel et artistique dans son ensemble. Ses missions principales sont la promotion et l’accompagnement des artistes et des professionnels culturels, la diffusion et la promotion au niveau national et international, ainsi que la dispense des aides financières.

Luxembourg Classical Meeting © Kultur lx, Alfonso Salgueiro Lora

Selon vous, quelles sont les particularités du secteur culturel luxembourgeois ? Y a-t-il des difficultés particulières dans la promotion des artistes résidents au Luxembourg ?

V.Q. : Le secteur culturel luxembourgeois s’est énormément développé ces dernières années. Il a plusieurs particularités. D’abord, on est sur un territoire relativement petit. Ainsi, les artistes qui souhaitent développer leur carrière vont nécessiter très tôt un besoin de s’internationaliser. Aussi, la plupart des personnes qui veulent se former en tant qu’artiste se forment à l’étranger. En effet, il n’existe pas un cursus complet en art à l’Université du Luxembourg. À mon avis, il manque une cohorte universitaire. L’autre particularité est le caractère plurilingue du pays. Cela en fait quelque chose de fascinant, mais ça pose des défis de diffusion des œuvres du fait de la langue de création. Aussi, je pense qu’il faut repositionner le Luxembourg comme lieu de repérage, c’est-à-dire recréer des habitudes de déplacement vers le Luxembourg pour les professionnels. Ainsi nous comptons plusieurs défis, or la mixité de formation des artistes et l’affranchissement de traditions formelles les mènent à créer ce qui serait une marque de fabrique de la scène culturelle luxembourgeoise, à savoir l’expérimentation et l’hybridation.

D.T. : Un autre défi est de rendre beaucoup plus visible le travail des artistes et de leur permettre d’être reconnus et valorisés pour leur travail. Il faut aussi attaquer cette question de la production, qui n’est pas qu’un souci luxembourgeois. En effet, pour pouvoir vivre de son art il faut produire, mais il faut veiller à ne pas tomber dans la surproduction.

Pouvez-vous nous parler de vos parcours respectifs avant Kultur | lx, et de ce qui vous a motivé à prendre la direction de ce nouvel organisme ?

V.Q. : Avant Kultur | lx, j’ai travaillé pour une scène nationale, une compagnie de théâtre, puis pour deux festivals. Je suis arrivée au Luxembourg en 2004, pour gérer la communication de la Capitale européenne de la Culture de 2007. Cela m’a permis de rentrer très vite dans la matière de la création et des institutions luxembourgeoises. À la demande du Ministère de la Culture, j’ai créé en 2009 la mission culturelle du Luxembourg en France, basée à Paris. Déjà à l’époque, il y avait des discussions sur la nécessité d’une agence centralisée pour pouvoir être plus efficace dans notre travail. Donc quand la structure a été créée, ça me paraissait relativement évident de l’intégrer.

D.T. : J’ai suivi des études de management culturel en Allemagne et à mon arrivée au Luxembourg, je suis devenue chargée de projet, puis chargée de programmation au Centre Culturel de Rencontre – Abbaye de Neumünster. J’y ai travaillé pendant presque dix ans et j’ai ensuite rejoint l’équipe du Luxembourg City Film Festival en tant que responsable communication, puis en tant que coordinatrice générale. J’avais toujours le souhait d’être au service du secteur culturel au Luxembourg. Kultur | lx était donc la suite logique pour moi.

Foire du livre de Francfort ©Kultur lx, Lynn Theisen

Quelles sont vos missions au quotidien en tant que coordinatrices nationale et internationale ?

V.Q. : Pour ma part, lors de la prise de fonction, j’ai d’abord eu besoin de faire une réévaluation des dispositifs d’aide existants que nous allions reprendre dans Kultur | lx. Je me suis également occupée de la mise en œuvre du site internet, aussi bien la partie pour le public que la partie pour les artistes. Je passe une bonne partie de mon temps à garder une vision à 360° sur ce qui se profile sur la scène internationale.

D.T. : À l’heure actuelle, on se situe encore comme une start-up donc on doit d’abord consolider la structure en termes de financements et de ressources humaines. Pour ma part, je suis encore dans le micro-management, je m’assure que la structure se construise sur des bases solides. Ensuite, pour pouvoir soutenir les acteurs culturels, il faut être à leur écoute et comprendre leurs besoins afin de lancer de nouvelles initiatives de développement de carrière.

 

Suivez l’actualité de Kultur | lx sur leur site internet.

Propos recueillis par Lucie Schroeder

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