Rencontre avec Benjamin Hélion et Jean Vergès, les fondateurs d’UMA
Rencontre avec Benjamin Hélion et Jean Vergès, les fondateurs d’UMA,
à l’occasion de l’inauguration du musée en ligne et de sa première exposition « Les Mythes fondateurs, illustrés par les maîtres de l’Antiquité à nos jour ». Leur ambition ? Créer le plus grand musée au monde, d’ici deux ans, grâce à la réalité virtuelle.
Quel a été votre parcours ?
Benjamin Hélion – Photographe, j’ai vécu de mes expositions pendant 7 ans,
puis j’ai monté l’Agence Sisso, avec Benjamin Lanot, et la H. Gallery, avec
Hélianthe Bourdeaux-Maurin.
Jean Vergès – J’ai une formation de 5 ans en histoire de l’art et j’ai toujours été obsédé par la transmission de la culture, plus particulièrement sur l’idée de : comment réussir à parler d’art de manière divertissante sur Internet ?
J’ai eu la chance, étant jeune d’être très vite familiarisé avec l’art grâce à mes parents. J’ai toujours trouvé que c’était rock’n roll, qu’il y avait des tableaux à hurler de rire, magnifiques ou sexuels. Mais je n’ai jamais retrouvé tout ça sur internet, pas la moindre once d’émotion.
Pour le cinéma, les séries, la musique, on a tout ce qu’il faut : Netflix, Spotify, Deezer…Concernant l’art, on n’a toujours pas trouvé la manière d’en parler sur internet. J’ai donc, travaillé chez Artsper pour apprendre à vendre l’art en ligne ; j’ai travaillé sur des projets personnels ; j’ai travaillé en galerie pour me confronter au public. Puis, j’ai rencontré Benjamin Hélion et Benjamin Lanot, qui avaient déjà l’idée en tête depuis pas mal de temps. Ils attendaient juste la bonne personne pour monter le projet.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire d’UMA ?
Benjamin Hélion – J’avais en tête cette idée d’UMA depuis des années, mais je n’avais pas le bagage qu’a Jean en histoire de l’art, et j’attendais de rencontrer la bonne personne pour mener le projet. Il y a 6 ans nous n’avions pas encore tous ces contacts, ni ces connaissances en technologie. À ce titre, l’agence Sisso est assez pionnière dans les technologies virtuelles.
Quelle était votre volonté en créant ce musée ?
Benjamin Hélion – D’abord, rendre la culture accessible au plus grand nombre. UMA va être le seul musée au monde ouvert 7 jours / sur 7, 24h / 24, sur l’ensemble de la planète. Il n’y a pas besoin de vivre à Paris pour aller à UMA ! Vous pouvez vivre dans l’Oise ou dans une petite province indienne et voir la même exposition, sur laquelle vous pourrez discuter avec les gens de la terre entière. En bref, nous proposons une expérience muséale sans contraintes géographiques.
La deuxième vocation, c’est de faire exister des expositions qui ne pourraient pas avoir lieu dans le monde réel. Par exemple, pour notre prochaine exposition, on a besoin d’un
bas-relief qui se trouve dans une église du sud de la France. Or, on ne peut pas l’emprunter. Quand on propose à des curateurs de travailler pour UMA, ils ont souvent des projets de rêve qui ne peuvent pas exister pour plusieurs raisons : les œuvres ont été détruites ; elles sont réservées à des collections privées ; ça coûterait trop cher de réunir toutes ces œuvres… Mais grâce à UMA, il est possible de donner vie à une exposition qui ne pourrait pas exister. D’ailleurs, cette contrainte de réalité existe aussi pour les architectes. Beaucoup nous proposent des projets non retenus pour la construction, car à la limite de la faisabilité, voire trop « fous ». Avec UMA, si l’on veut un escalier en colimaçon pour monter au premier étage, on n’est pas obligé d’avoir de poutre au milieu pour tenir les marches, ni de respecter les contraintes de sécurité.
Comment parvenez-vous à recréer les œuvres virtuellement ?
Benjamin Hélion – Dans un musée classique, on créé l’exposition selon les contraintes du lieu. Avec UMA, c’est l’inverse : on va créer un lieu en fonction de l’exposition. Ainsi, le curateur va travailler en lien avec l’architecte et le lieu sera en parfaite adéquation avec les besoins artistiques.
L’architecte va nous proposer des plans, l’infographiste va modéliser les plans de l’architecte en 3D (hyper réaliste) et ensuite grâce aux reproductions on pourra mettre les œuvres HD sur le mur. A partir de là, on a un rendu du musée à plat. Vient alors le travail du développement informatique, qui va permettre : de se balader à 360, d’aller d’une pièce à une autre, de pouvoir cliquer sur une oeuvre et d’avoir des fiches, des informations et des vidéos.
Selon vous, voir les œuvres virtuellement peut-il inciter les gens à venir les voir en vrai ?
Benjamin Hélion – Oui bien sûr, nous cherchons à faire venir les gens. Sur chaque œuvre, on aura un lien montrant dans quel musée elle se trouve, ça fonctionne comme un teaser. On prévoit donc de proposer à tous les musées du monde d’avoir leur propre pavillon. Par exemple, pour le Louvre, un architecte peut concevoir un bâtiment, où un curateur sélectionnera les 100 œuvres emblématiques, tout en redirigeant les visiteurs vers le site existant. De la même façon on aimerait créer des pavillons pour des collections privées, que ce soit pour des entreprises ou des collectionneurs sans lieu d’exposition.
Selon-vous, à terme, le musée pourrait-il devenir une sorte de musée encyclopédique ?
Benjamin Hélion – Notre but n’est pas d’être une encyclopédie, justement, comme Google Art Project ou Wikipédia. On veut vraiment avoir du contenu riche et divertissant. Nous souhaitons rassembler le plus d’œuvres possible, mais aussi des expositions pointues et divertissantes.
Comment pensez-vous communiquer autour du projet ?
Jean Vergès – On va concentrer nos efforts sur le web. Outre les campagnes de newsletters, on essaye d’avoir une stratégie dynamique sur les réseaux sociaux. On a pour vocation de travailler avec un solide réseau d’ambassadeurs et d’influenceurs. C’est-à-dire qu’on essaye de créer une vraie communauté autour d’UMA, autour de la création de contenu, la création de vidéos, la rédaction d’articles et le fait d’avoir des retours d’expérience.
On souhaite également rendre hommage aux gens qui nous soutiennent. Dans les musées américains, chaque salle porte le nom d’un mécène qui a donné de larges sommes. En étant virtuel, on a la possibilité de rendre hommage et de remercier une grande communauté, de manière très simple.
Nous développons aussi un autre axe avec les professeurs d’histoire de l’art au collège et au lycée : permettre aux enfants d’avoir accès à un contenu plus enrichissant, plus pédagogique, plus immersif, dans lequel ils y retrouver les codes de l’histoire de l’art.
Enfin, on voudrait donner accès à UMA dans les lieux où l’on est immobile, ces endroits où l’on perd du temps comme les gares ou les aéroports, ou les lieux captifs comme les hôpitaux, les prisons ou encore les avions.
Alix Vandenabeele
A découvrir sur Artistik Rezo :
– UMA, le musée universel en ligne
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