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Relations culturelles France-Russie : la nouvelle impulsion

11 décembre 2009
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L’oeuvre protéiforme de Picasso à Moscou et Saint-Pétersbourg, des toutes premières peintures à celles – hallucinées – de la vieillesse, les accumulations, proliférations et hybridations de Fabrice Hyber au musée multimédia des arts actuels de Moscou, les six symphonies de Tchaïkovski en trois concerts à la salle Pleyel, la voix vibrante et émouvante de Patricia Kaas tant appréciée des publics russes, 900 ans d’art russe au musée du Louvre et un automne théâtral, à Paris et en régions, qui permettra de découvrir les dernières tendances du théâtre russe : telles sont quelques-unes de très nombreuses manifestations qui vont se tenir en 2010, à l’occasion de l’année France-Russie, à Moscou, Saint-Pétersbourg et Paris, bien sûr, mais aussi dans de très nombreuses autres villes de Russie et de France.

 

 

De toutes ces manifestations – très diverses et faisant la part belle aux jeunes talents – se détacheront plusieurs moments forts, comme la création du chorégraphe Angelin Preljocaj au théâtre du Bolchoï, à Moscou, puis en France, ou encore celle d’un opéra de Philippe Fénelon inspiré de La Cerisaie d’Anton Tchekhov au théâtre du Bolchoï et à l’Opéra de Paris. Sans oublier, bien sûr, les journées organisées du 12 au 16 juin au Grand Palais, qui permettront de découvrir la Russie contemporaine sous toutes ses facettes et toutes ses énergies. La manifestation – qui devrait être inaugurée le 12 juin, par le président de la République française et le chef du gouvernement de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, se terminera par deux journées de fête autour du Grand Palais, et notamment au Champ de Mars, avec de la musique et de la danse…

 

 

 

« Révéler des réalités culturelles plus complexes »
Entretien avec Nicolas Chibaeff, commissaire général pour la France de l’année France-Russie 2010.

 

Quels objectifs principaux vous êtes-vous fixés pour cette année France-Russie ?

 

Nous sommes partis du sentiment de proximité très ancien qui existe entre nos deux pays, en dépit des quelques milliers de kilomètres qui les séparent, et d’une tradition d’échanges, également très ancienne, notamment dans le domaine culturel. Et nous avons souhaité, à l’occasion de cette année France-Russie, donner ensemble une nouvelle impulsion à cette tradition…

 

En dépit de leur proximité, les deux pays, par ailleurs, se connaissent encore insuffisamment bien. Ils sont souvent abordés à partir d’un certain nombre d’images stéréotypées : le patrimoine et l’art de vivre pour la France, la politique pour la Russie… Ces images, certes, ne sont pas fausses mais elles ne rendent pas compte – et de loin – de tous les aspects de la réalité culturelle des deux pays. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité – au-delà de ces images trop restrictives – révéler des réalités plus complexes et plus inattendues. France-Russie 2010 ne concerne pas seulement l’aspect culturel…

 

En effet. Outre son volet culturel (expositions, théâtre, danse, arts plastiques, architecture, mode, arts décoratifs et design, musique et danse), la programmation de l’année France- Russie 2010 comprend également un volet économique et un volet d’éducation et de recherche.

 

 

Comment définiriez vous la scène culturelle russe actuelle ?

Après le moment d’enthousiasme et de créativité que la Russie a connu, à la fin des années 80, avec la perestroïka, le pays a connu une dizaine d’années de passage à vide. Il est vrai qu’il y avait à ce moment-là, dans la vie quotidienne de tous, beaucoup d’autres urgences que celle de la création. Et puis à la fin des années 90, avec la relève des générations dans le théâtre, l’art contemporain ou la musique, la création a connu un nouvel essor… et pas seulement à Moscou ou à Saint-Pétersbourg. Toute cette créativité est encore mal connue en France : il fallait la faire mieux connaître.

 

 

Beaucoup de choses vont, semble-t-il, se passer ailleurs qu’à Moscou ou à Saint-Pétersbourg…

 

La Comédie-Française a déjà effectué de nombreuses tournées en Russie. Mais cette fois-ci, elle ira, avec Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, non seulement à Moscou et à Saint- Pétersbourg, mais aussi à Omsk, Ekaterinbourg, Kaliningrad et Novossibirsk. Et il en sera de même de plusieurs autres troupes de théâtre ou de danse françaises, comme le Ballet de l’Opéra de Lyon, qui présentera Giselle, de Mats Ek, à Moscou et Saint- Pétersbourg, bien sûr, mais aussi à Ekaterinbourg, Perm et Tcheliabinsk…

 

Les Russes aiment le théâtre ou la danse, comme, nous, nous aimons le cinéma et c’est de façon très régulière qu’ils se rendent au spectacle, très souvent en famille. Ils disposent aussi, dans la plupart de ces villes, de bâtiments qui témoignent de leur amour pour les arts – je pense en particulier au merveilleux théâtre à l’italienne d’Omsk, construit à la toute fin du XIXe siècle au milieu de la steppe. Pour la première fois, ils pourront assister, dans ces merveilleux bâtiments, à des spectacles proposés par des troupes étrangères.

 

 

En sera-t-il de même en France ?

 

En France comme en Russie, nous allons en effet sortir des capitales. Un seul exemple : le Ballet de l’Opéra national Tchaïkovski de Perm, qui ira, entre autres, au Havre, à Sceaux, à Pontoise, à Reims, à Montpellier, à Sanary-sur-Mer, à Sète, à Blagnac, à Pouzauges, à Puteaux, à Deauville…

 

 

Un grand nombre des manifestations proposées semblent être le fruit de collaborations…

 

Dans de nombreux domaines – je pense notamment à la danse ou au théâtre – existent depuis longtemps des coopérations. Des metteurs en scène russes sont souvent venus travailler en France et des metteurs en scène français en Russie, fascinés qu’ils étaient – et continuent à être – par la qualité et l’intensité des écoles d’acteurs russes.

 

Mais – à l’occasion de cette année France-Russie – de très nombreuses collaborations vont également se nouer dans d’autres domaines, comme les arts, la musique contemporaine, les musiques actuelles, le cirque, les arts numériques…

 

Mon espoir est que les contacts noués à l’occasion de cette année créent des habitudes et donnent naissance à des désirs de poursuivre les échanges. Comme c’est le cas dans toute entreprise de cette envergure, nous n’avons malheureusement pas pu réaliser tout ce dont nous rêvions : certains projets n’ont pas abouti. Mais des graines ont été semées… et plusieurs projets de collaboration future – je pense notamment à un projet d’exposition co-réalisée par le musée Pouchkine et le musée national d’Art moderne/Centre Pompidou sur « l’Ecole de Paris » -sont déjà à l’étude…

 

Propos recueillis par Jacques Bordet

 

 

 

 

Quelques-unes des manifestations programmées en Russie et en France :

 

Un train d’écrivains à travers la Russie

 

Une vingtaine d’auteurs, parmi lesquels Jean Echenoz, Dominique Fernandez, Florence Delay, Sylvie Germain, Mathias Enard, Olivier Rolin et Jean-Philippe Toussaint ont accepté d’embarquer à bord du Transsibérien qui traversera la Russie du 28 mai au 12 juin. Certains d’entre eux feront l’intégralité du voyage, d’autres n’en feront qu’une partie. Tous se retrouveront, à moitié du parcours, à Novossibirsk, après plusieurs étapes à Moscou, Nijni-Novgorod, Kazan, Ekaterinbourg, Krasnoïarsk, Irkoutsk et Vladivostok, qui leur auront permis, dans chacune de ces villes, de faire découvrir et partager la littérature française d’aujourd’hui. Les haltes seront ponctuées de nombreuses manifestations (projections de films, rencontres littéraires, lectures de textes, conférences) réunissant Français et Russes.

 

Avant ce grand voyage (dans un train baptisé « Blaise Cendrars », en hommage à l’auteur de La prose du Transsibérien), quelque quarante écrivains russes seront les invités d’honneur du Festival international du livre et du film « Etonnants voyageurs », qui se tiendra à Saint-Malo à la fin de mois de mai. Parmi les écrivains pressentis, figurent des auteurs de renommée internationale, comme Ludmilla Oulitskaïa, Vladimir Sorokine, Alexandre Ivanov, Victor Pelevine et Andreï Guelassimov.

 

 

 

Picasso à Moscou et Saint-Petersbourg

Rendue possible par les travaux de rénovation et d’extension du musée national Picasso (qui rouvrira ses portes début 2011), l’exposition qui se tiendra, du 22 février au 15 septembre 2010, au musée Pouchkine, à Moscou, dans le cadre du centenaire de ce musée, et au musée de l’Ermitage de Saint Pétersbourg, devrait connaître un grand succès. Comme partout dans le monde, Picasso est considéré en Russie comme une figure majeure de l’art moderne… Mais la dernière rétrospective qui lui a été consacrée remonte en 1956 : elle avait alors constitué un événement marquant du dégel khrouchtchévien.

 

Intitulée « Chefs-d’oeuvre des collections du musée national Picasso », l’exposition accueillera deux cents chefs-d’oeuvre du musée national Picasso, présentés au fil d’un parcours chronologique, depuis les premières peintures de 1895 jusqu’aux tableaux de l’été 1972, peints quelques mois avant sa mort, et croisera les différents moyens d’expression (peinture, sculpture et dessin) utilisés par l’artiste. Parallèlement aux oeuvres seront présentés des manuscrits, films et photographies, pour la plupart issus des archives personnelles de Picasso, qui permettront au public de pénétrer dans l’intimité du plus grand peintre du XXe siècle.

 

 

 

Un opéra… d’après « la Cerisaie » de Tchekhov

Le Théâtre Bolchoï de Moscou présentera, en octobre, la création mondiale, en version de concert, d’un opéra commandé à Philippe Fénelon par l’Opéra national de Paris et inspiré de

 

La Cerisaie de Tchekhov, dont sera célébré, en 2010, le 150e anniversaire de la naissance.

 

La création de cet opéra – qui sera ensuite présenté en janvier et février 2012 à Paris – constituera sans aucun doute l’un des moments forts de l’année France-Russie. Philipe Fénelon, compositeur français réputé, né en 1952, a créé depuis 1984 (Le Chevalier imaginaire au Théâtre du Châtelet) plusieurs opéras, en partant de textes d’écrivains comme Cervantes, Kafka ou Flaubert. Sa dernière composition dans ce domaine, un Faust d’après le poème de Nikolaus Lenau, a été créée en 2005 au Théâtre du Capitole de Toulouse : elle sera reprise à l’Opéra national de Paris en avril 2010. La mise en scène de ce nouvel opéra – inspiré de La Cerisaie, comédie en quatre actes de Tchekhov achevée en 1904 et qui connut un grand succès, en partie grâce à la mise en scène de Stanislavski – sera assurée par l’un des talents les plus demandés sur les scènes lyriques du monde : Dimitri Tcherniakov.

 

 

 

Angelin Preljocaj à Moscou… puis en France

 

Le chorégraphe Angelin Preljocaj – qui est aujourd’hui le chorégraphe français le plus demandé par les grandes compagnies de ballets contemporains – associera le ballet du Bolchoï de Moscou et ses propres danseurs dans un ballet contemporain qui sera d’abord présenté à Moscou, avant de l’être en France, notamment dans le cadre de la Biennale de Danse de Lyon. La coproduction réunira douze danseurs du Bolchoï et douze danseurs du Ballet Angelin Preljocaj (Centre chrorégraphique national d’Aix-en-Provence), auxquels seront associés Laurent Garnier, compositeur et DJ français de renom, et un DJ russe. La première aura lieu le 4 septembre 2010, au Théâtre Bolchoï.

 

« L’idée de départ était de remonter un des grands classiques du Bolchoï et c’est dans cet objectif qu’Angelin Preljocaj s’est rendu à Moscou, indique Nicolas Chibaeff. Mais il a été si impressionné par la personnalité et l’intensité des danseurs russes qu’il lui a semblé impossible de se contenter de remonter une oeuvre déjà jouée. La nécessité de créer une oeuvre nouvelle permettant d’associer les langages chorégraphiques les plus contemporains et l’énergie particulière des danseurs russes s’est imposée. » Après avoir tournéensemble jusqu’à la fin de l’année, les deux troupes reprendront chacune le ballet à leur répertoire.

 

 

 

900 ans d’art russe au musée du Louvre

L’exposition « Sainte Russie » – qui devrait être inaugurée, début mars, par le Président de la République française et le Président de la Fédération de Russie – marquera l’ouverture de l’année de la Russie en France.

 

Elle évoquera près de 1 000 ans de l’histoire de la « Sainte Russie », des origines de la Russie à Pierre le Grand (1672-1725), en rendant compte notamment du premier épanouissement de l’art chrétien dans les principautés russes successives ou concurrentes des XIe et XIIe siècles, de la splendeur du second épanouissement de l’art chrétien russe dans les grands centres des XIVe et XVe siècles, après la coupure introduite au XIIe siècle par l’invasion et la domination mongole, puis, au XVIe siècle, du nouvel âge d’or de l’art russe chrétien, inauguré sous les règnes de Basile III et Ivan le terrible.

 

L’exposition – à la préparation de laquelle le musée du Louvre travaille depuis près de trois ans, en collaboration avec une vingtaine de musées russes – permettra au public français de mieux connaître cette longue histoire et de découvrir de nombreuses oeuvres (sculptures, mosaïques, icônes, oeuvres d’orfèvrerie, instruments liturgiques et broderies, manuscrits….) encore jamais sorties de Russie.

 

 

 

Tchaïkovski à la Salle Pleyel

Les 25, 26 et 29 janvier 2010, la salle Pleyel recevra pour la première fois, pour trois concerts exceptionnels, le célèbre orchestre du Théâtre Marinsky, créé à la fin du XVIIIe siècle et qui, après quelques années de repli, retrouve aujourd’hui tout son prestige international.

 

Modernisé et dynamisé sous la direction de son chef, Valery Gergiev, l’ensemble interprétera les six symphonies de Piotr Ilitch Tchaïkovski, musicien dont l’oeuvre a exercé une considérable influence sur plusieurs générations de compositeurs russes. Salué comme l’un des plus grands chefs contemporains, Valery Gergiev, qui vient régulièrement à la Salle Pleyel diriger le London Symphony Orchestra, excelle dans le répertoire de la grande musique russe… et il ne fait guère de doute que ces trois concerts constitueront l’un des événements d’ouverture de l’année France-Russie 2010.

 

La salle Pleyel recevra également le 10 avril 2010 un concert de l’Orchestre symphonique Nouvelle Russie, dirigé depuis 2002 par Yuri Bashmet. Le programme sera entièrement consacré à Piotr Ilitch Tchaïkovski avec la symphonie n°5 et le concerto pour violon, qui sera interprété par le violoniste Gidon Kremer, fin connaisseur de la musique de Tchaïkovski.

 

 

Et aussi :

 

Les Transmusicales de Rennes en Russie : avantposte incontournable des nouvelles tendances, les Transmusicales de Rennes sont le plus ancien et le plus réputé des festivals de musiques actuelles français. Une édition exceptionnelle sera organisée à Moscou en 2010 : elle présentera une majorité de groupes français accompagnés de quelques groupes européens et russes.

 

Le projet se poursuivra, après Moscou, dans plusieurs autres villes de Russie. « Les empires Demidoff et Schneider : du fer de l’Oural à l’acier du Creusot » : l’exposition, qui se tiendra dans la salle du Jeu de Paume du château de la Verrerie au Creusot et à Nijni-Tagui (Oural), a pour objectif de montrer comment deux grands empires industriels se sont constitués dans des lieux différents et en des périodes différentes grâce à des personnalités hors normes : les Demidoff et les Schneider.

 

« Symphonies d’octobre – Musique et pouvoir en Russie soviétique (1917-1953) » : l’exposition, présentée à la Cité de la Musique, à Paris, du 19 octobre 2010 au 23 janvier 2011, retracera la création musicale en Russie soviétique à travers la présentation de cinquante oeuvres dans les domaines de la musique, des arts plastiques, de la photographie et du cinéma provenant de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Elle sera complétée par des archives audiovisuelles montrées en France pour la première fois.

 

 

« La Russie à l’époque romantique : chefs-d’oeuvre de la galerie Tretiakov au musée de la Vie romantique » : l’exposition présentera, du 15 septembre 2010 au 15 janvier 2011, une centaine de peintures, sculptures et objets d’art prêtés par la Galerie Tretiakov de Moscou au musée de la Vie romantique, à Paris, et évoquant la richesse du Romantisme en Russie. L’exposition sera aussi l’occasion d’évoquer deux figures tutélaires du génie russe : Pouchkine et Gogol.

 

 

« France-danse Russie automne 2010 » : le programme « France-Danse » s’exportera en Russie en 2010 où il s’attachera à présenter le paysage chorégraphique français (centres chorégraphiques nationaux, compagnies émergentes, hip hop…) dans toute sa diversité. Cinq à six compagnies seront accueillies à Moscou, à Saint-Pétersbourg et en Oural (Ekaterinbourg, Perm et Tcheliabinsk).

 

 

Le festival de la création contemporaine du Centre Pompidou s’exportera an 2010 au musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg, et invitera tous les publics à un voyage inédit et ludique au coeur de la création contemporaine. D’incessantes activités jalonneront la programmation de ce laboratoire éphémère : spectacles, projections, expositions, conférences, performances, concerts, etc.

 

 

www.culture.gouv.fr

www.culturesfrance.com

www.france-russie2010.com

 

Retrouvez l’article sur le site du Ministère de la Culture : http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/lettre/LI%20176.pdf

 

 

 

 

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