Raymond Moretti
L’artiste d’origine italienne a connu une amitié fidèle avec Pablo Picasso, qu’il avait rencontré en 1963. Il était aussi proche de Jean Cocteau avec qui il a réalisé plusieurs toiles sur le thème de « L’Âge du Verseau » en 1962.
Moîse brisant les Tables de la Loi, œuvre qu’il avait peint à 16 ans, est exposée au Musée de l’Université de Jérusalem. Holocauste, issue d’une série de douze toiles présentées à Paris en 1965 lors de l’exposition « Cris du Monde », est désormais au musée de Tel Aviv. Moretti connu un grand succès avec une autre exposition, en 1967 à la Courneuve, pour l’ensemble de son œuvre. Au cours de sa carrière protéiforme, Moretti a aussi été sculpteur. Joseph Kessel a nommé l’une de ses sculptures Le monstre (1973), celle-ci est aujourd’hui à la Défense, à Paris. Moretti est aussi l’auteur en 1979 d’une fresque colossale de 200 mètres carrés au Forum des Halles de Paris. Ce travail titanesque est dédié à l’Histoire de l’Humanité, un des sujets chers au peintre.
Au-delà de son travail de peintre avec une œuvre est marquée par la thématique juive, Moretti a aussi été illustrateur, notamment pour les couvertures du Magazine Littéraire et autres ouvrages d’André Malraux sur Charles De Gaulle. L’artiste dessine également la montre la plus chère du monde, la « Kalllista », pour Vacheron-Constantin. En Israël, pour les dessins de ses affiches de campagnes électorales, Shimon Peres s’en remet à Moretti. Il crée aussi l’affiche d’Art Expo en 1985, la plus importante manifestation consacrée à l’art aux Etats-Unis ayant tenue lieu à New York. L’artiste se prête également à l’illustration de timbres-poste consacrés à la commémoration du Débarquement et à la Résistance. C’est dire si la carrière de l’artiste est faite de projets pluriels. En 1987, la chanteuse Nana Mouskouri fait appel à Moretti pour dessiner la pochette de son disque « Pour Amour ».
On peut admirer sur les porches de deux sanctuaires jumelés – la grande synagogue de la Victoire à Paris et la grande synagogue Hekhai-Schlomo à Jerusalem – La Yona, colombe biblique stylisée grâce à des caractères de l’alphabet hébreu, réalisée en 1988 par Moretti. L ‘année qui suit cette entreprise, l’artiste hétéroclite produit à l’occasion du Bicentenaire de la Révolution Française, et illustre le « calendrier républicain ».
Ainsi était Raymond Moretti, peintre, sculpteur, illustrateur, graveur, philosophe et exégète. Un homme d’une culture encyclopédique, d’une générosité constante, d’une fidélité sans faille. Son succès ne le déconcertait pas, il ne le subissait pas non plus, il l’acceptait simplement. Il ne se recommandait d’aucun maître, il n’appartenait à aucune chapelle, il détestait la pensée unique et tenait l’indépendance pour le bien le plus précieux. Il disait : « Je ne suis d’aucune école. Je ne suis même pas un peintre, je suis un homme qui peint ».
Maurice Huleu
Grand reporter puis rédacteur en chef de Nice-Matin (1958 à 1998)
A lire sur Artistik Rezo :
– Raymond Moretti – Galerie Caplain-Matignon, du 16 juin au 15 septembre 2011
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