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Quand le Louvre exporte ses expositions

19 juin 2009
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Les conservateurs du Louvre ne travaillent pas exclusivement pour des expositions qui auront lieu dans les cimaises du musée parisien. Fort d’une réputation notoire, d’une exceptionnelle collection et d’agents qualifiés, le Louvre mène depuis quelques décennies déjà une politique d’exportation d’expositions.

 

Quelques chiffres

 

L’illustre maison en réalise en moyenne une quinzaine, voire une vingtaine par an, en France et à l’étranger.Pas moins de 28 expositions ont été organisées en 2008 dans 34 lieux différents. 19 sont prévues au moins en 2009, dans 29 lieux différents. Et le public suit : 2,5 millions de personnes ont visité en 2008 les expositions organisées par le Louvre dans le monde, dont 580.000 au Japon, près de 800.000 aux Etats-Unis (Indianapolis, Seattle, Oklahoma City, Atlanta) et 100.000 à Pékin (Chine). Parmi les quelques expositions marquantes, citons Les arts et la Vie, le Louvre à Québec, Napoléon et le Louvre, présenté en Chine, ou encore une exposition hautement technologique autour de la Céramique de Suse, au Museum Lab, au Japon.

Quelques-unes de ces expositions sont mécénées. Par mécénées, entendons les expositions clés en main avec un gros travail matériel (restaurations de certaines pièces) et scientifique (établissement d’un catalogue) qui obtiennent une contrepartie : soit un retour financier direct, soit un pourcentage reversé sur les entrées de l’exposition. Le Louvre a été le premier musée français à s’être essayé à cet exercice. La première date de 1992 à Tokyo. D’autres partenariats ont par la suite été scellés, au gré des opportunités. Le Louvre répondait, pour l’essentiel, aux demandes externes. Depuis les années 2000, la tendance s’est renversée. Une politique active est désormais de mise : on a dénombré 10 expositions mécénées en 2008 contre 2 seulement en 2005. Ce chiffre s’explique aisément par la signature de partenariats plus pérennes, à l’instar du projet Louvre-Atlanta, pour qui le Louvre a réalisé 3 expositions chaque année entre 2006 et 2009 autour de l’histoire du musée parisien, de sa création en 1793 à nos jours. Les fonds récoltés sont également en augmentation.

 

Le Louvre s’engage vers des partenariats pérennes

 

Le Louvre adopte une nouvelle stratégie avec la mise en place de partenariats pérennes. La collaboration pluri-annuelle avec le Japon pour le Museum Lab et avec le High Museum d’Atlanta, ont inauguré une nouvelle forme d’échanges sur le long terme. Parallèlement, le projet de création d’un autre Louvre à Lens et d’un musée universel, souhaité par l’Emirat d’Abou Dhabi, pousse le musée à s’engager pour les décennies à venir. Pour ce dernier, pas moins de quatre expositions par an doivent être créées, avec l’aide d’autres musées français.

La préparation des expositions pour ces filiales va accaparer les œuvres du musée comme le temps des professionnels. Ainsi sur le court terme, moins d’expositions hors les murs risquent d’être montées. Seules 2 expositions mécénées sont prévues en 2009, et une seule en 2010. En revanche les gains réalisés grâce à ces expositions ne devraient pas décroître puisque la manne financière prévue pour le futur Louvre-Abou Dhabi est très importante. Le Louvre réalisera donc sans doute autant d’expositions hors les murs à l’avenir, mais avec moins de partenaires, tout en obtenant autant, voire davantage encore de fonds grâce au mécénat.

 

Une polémique, des solutions

 

Ces nouveaux partenariats ont suscité une polémique. C’est le projet d’un musée estampillé « Louvre » à Abou Dhabi, bénéficiant de prêts payants d’œuvres d’art de la part de grands musées français, qui a mis le feu aux poudres. Premier acte déclencheur : une tribune au titre plus qu’incisif, « Les musées ne sont pas à vendre », qui paraît dans Le Monde le 13 décembre 2006. Une pétition contre, signée pas plus de 5000 personnes, s’en est suivi. L’opposition aux prêts et expositions en direction d’Atlanta, puis d’Abou Dhabi, reposait sur la contestation des prêts à long terme et le refus de la rémunération des prêts. Il est vrai que cette ouverture est périlleuse, les dérives mercantiles sont possibles et le risque de détérioration des œuvres s’en trouve accru.

 

Toutefois la polémique suscitée est due en grande partie à une méconnaissance des projets hors les murs du musée. Un travail de communication en interne comme en externe reste à effectuer. Faire découvrir le travail effectué en dehors de ses enceintes pourrait être la solution !

 

Marion Cherin.

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