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Quand l’art urbain s’invite à l’école

Nicolas Gzeley 1 novembre 2019
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Kan et Rero © Nicolas Giquel

Au mois d’octobre dernier, une véritable déferlante de couleurs s’est abattue sur le campus de Lille, qui abrite les écoles EFAP, ICART et Brassart. En l’espace d’une semaine, douze artistes urbains s’y sont exprimés, bombes, marqueurs et pinceaux à la main, pour le plus grand bonheur des élèves.

Une sonnerie retentit et les couloirs, jusqu’alors presque vides, s’emplissent d’étudiants déambulant d’une pièce à une autre dans une chorégraphie fluide et routinière. Aujourd’hui, une odeur inhabituelle de peinture embaume l’espace. Les élèves ralentissent, observent, certains s’arrêtent, engagent la conversation. Douze artistes, tous issus de l’art urbain, sont à l’œuvre. Durant cinq jours, ils vont s’emparer des murs de l’école sous l’œil attentif des étudiants et du personnel enseignant.

Astro et Zest © Nicolas Giquel

Cette volonté d’installer l’art au cœur des établissements scolaires est née trois ans plus tôt à l’initiative du galeriste Jérémy Prazowski. “Il s’agit d’intervenir directement sur les espaces communs qui sont des lieux de vie, afin de créer pour les étudiants une véritable immersion dans l’art. Ces écoles forment les élèves aux métiers de la communication, de la culture et du marché de l’art, il est donc tout à fait cohérent qu’ils soient quotidiennement entourés d’œuvres d’art”, confie le galeriste, désormais directeur artistique du projet.

Sébastien Préschoux et Lady M © Nicolas Giquel

Après deux sessions réalisées dans les campus parisiens et lyonnais, c’est aujourd’hui à Lille, dans les nouveaux locaux des écoles du groupe EDH, qu’une douzaine d’artistes issus de l’art urbain ont établi leurs quartiers. “Je travaille avec des artistes dont j’aime le travail et avec qui je m’entends bien, car il s’agit avant tout d’une aventure humaine”, explique Jérémy Prazowski. “Ici, ils ont carte blanche. On a défini en amont les espaces à investir, et ils s’y déploient en toute liberté. L’idée n’est pas qu’ils réalisent une simple déco, mais qu’ils s’expriment comme ils le feraient dans la ville ou en atelier.” Et pour favoriser plus encore les liens entre artistes et étudiants, une poignée d’élèves de l’ICART sont en charge de la médiation culturelle autour d’évènements et de visites consacrés à cette exposition d’un nouveau genre, dont les interventions murales seront bientôt complétées par un programme tout aussi varié d’accrochage d’œuvres d’atelier.

Gris1 et Arnaud Liard © Nicolas Giquel

Ainsi, au graffiti empreint de pop art de Gris1 et aux jeux typographiques de Rero dans le hall d’entrée succèdent les portraits tout en pointillisme de Kan dans la cafétéria. Les compositions abstraites de Zest et Arnaud Liard qui courent le long des couloirs jusqu’aux superpositions géométriques d’Amose en haut de l’escalier répondent aux images vectorielles de Fenx et Lady M, installées dans les salles de conférence. La fresque colorée de Pro s’oppose harmonieusement à celle, tout en noir et blanc, de Swiz. Quant aux effets cinétiques de Sébastien Préschoux, ils font écho aux jeux d’optique d’Astro qui mêle trompe-l’œil et écriture automatique. En une douzaine d’œuvres, cette résidence artistique brosse le panorama d’un art générationnel, pluriel et tourné vers son public : ici, les élèves du campus. Jour après jour, ces derniers vont vivre avec les œuvres, peu à peu se les approprier, et ainsi donner à l’école sa véritable identité, à la fois originale et résolument ancrée dans la modernité.

Swiz, Amose, Pro et Fenx © Nicolas Giquel

Nicolas Gzeley

 

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