Prix d’art urbain Pébéo : à la rencontre de Digo Cardoso
À l’occasion de la 5e édition du concours international Mixed Media organisé par Pébéo, rencontre avec Digo Cardoso, l’un des 36 finalistes qui sera exposé sur Fluctuart jusqu’au 13 juin prochain.
Pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre pratique artistique ?
Je suis un artiste autodidacte, je dessine depuis que je suis petit. En 2001, j’ai découvert dans l’art urbain un véritable moyen d’expression. Mon travail est considéré comme pionnier dans le domaine du street art à Chapecó (Brésil). J’y ai réalisé de nombreux projets personnels, avant d’investir d’autres villes en dehors de Santa Catarina.
Mon envie d’évoluer artistiquement est nourrie par des études de nouveaux matériaux, de nouveaux supports, et dépasse le simple travail en galerie ou les expositions. Je pense que les expériences, le travail social et les couleurs ont le pouvoir de changer le monde, les gens et les communautés.
Que souhaitez-vous exprimer à travers votre travail ?
Ma conception de l’art tourne autour de cette possibilité d’inspirer les gens et de leur faire ressentir de bonnes émotions, bien souvent oubliées dans le chaos du quotidien. À travers mes œuvres, j’oblige chaque personne qui s’arrête pour admirer mon travail, à y trouver une interprétation personnelle. Cette interaction incite les gens à déceler le message et leur procure un peu de joie.
Quelles sont vos sources d’inspiration en tant qu’artiste ?
Les bases de mon travail sont le graffiti et le street art. Ensuite, je puise mon inspiration dans ma routine, mes enfants, le folklore, la subjectivité et les émotions du quotidien. Voir les gens être interpellés par mes peintures, même quelques secondes, alors qu’ils marchent dans la rue au milieu du chaos, c’est mon carburant. Pouvoir s’immiscer dans leur routine, les interpeller, les faire réfléchir, c’est ce qui m’émeut. Pour moi, l’objectif est de procurer de la bonne humeur et d’apporter quelque chose dans l’évolution collective.
Y a-t-il un échange ou une rencontre qui vous a particulièrement marqué au cours de votre carrière ?
C’est difficile d’en choisir un seul. Chaque travail réalisé apporte sa pierre à l’édifice mais un moment dont j’aime me souvenir, c’est lorsque j’ai pris conscience de l’ampleur de toutes mes expériences réunies. J’ai alors commencé à appréhender l’art urbain comme un chemin vers de nouveaux horizons. Un autre moment marquant pour moi, c’est la peinture que j’ai réalisé à Medellín, au stade Atanasio-Girardot. Le dessin se veut une célébration de l’amitié entre deux personnes (Chapecó et Medellín / le Brésil et la Colombie), qui se sont rapprochées suite au crash de l’avion dans lequel ses trouvaient les joueurs de l’équipe de foot de Chapecó. Les gens pleuraient tous. Des moments comme celui-ci sortent vraiment du lot dans l’histoire de ma carrière.
Qu’est-ce qui vous a poussé à candidater à ce Prix d’art urbain ?
Je ne sais pas trop comment l’expliquer. Je suis dans un moment de réflexion sur mes dessins à l’encre. Alors quand j’ai vu l’appel à candidatures, j’ai pensé que ça pouvait être une bonne opportunité de produire et de me consacrer à un nouveau projet. Le fait de s’enfermer dans sa zone de confort peut tuer. On devrait toujours être à la recherche de nouveau, de nouveaux challenges, et c’est exactement ce que m’a apporté le prix Pébéo.
Pouvez-vous nous parler de la pièce présentée dans le cadre du Prix ?
Pour moi, les voyages ont toujours représenté un échange de cultures et de savoir. J’ai vécu des échanges incroyables en 2019, qui ont changé ma trajectoire. Dans chacun de mes voyages, j’ai été marqué par la grandeur du monde et le nombre de gens que je dois encore rencontrer.
Dans ce tableau, le poisson et le corbeau sont des symboles de liberté. Le poisson parce qu’il peut choisir la direction dans laquelle nager, une fois dans la mer il n’y a pas de murs, et le corbeau car il y a une certaine forme de liberté dans le fait de voler. L’un des piliers de mon travail c’est le folklore, ses personnages, ses costumes et ses banderoles… C’est justement ce qui est représenté au centre de l’œuvre. Ces deux grands personnages symbolisent les difficultés, les victoires, les tempêtes, les jugements, les amours et tout ce à quoi l’on fait face lorsqu’on part à la recherche d’échanges, d’expériences. Les personnages principaux se trouvent au premier plan. Ce sont eux qui possèdent le savoir et la culture, et qui peuvent la transmettre. Enfin il y a les enclumes, qui représentent tous les vieux concepts et les vieilles idées laissés à l’abandon.
Plus d’informations sur le compte Instagram de Digo Cardoso.
Vous pourrez découvrir les travaux des 36 artistes finalistes du concours Mixed Media Pébéo dans une exposition inédite jusqu’au 13 juin 2021 sur Fluctuart.
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