Prix d’art urbain Pébéo : à la rencontre de Carni Bird
À l’occasion de la 5e édition du concours international Mixed Media organisé par Pébéo, rencontre avec Carni Bird, l’une des 36 finalistes qui sera exposée sur Fluctuart du 29 mai au 13 juin prochain.
Qui es-tu et quelle est ta pratique ?
Je m’appelle Angèle et mon alter ego, Carni Bird. Je suis une femme de 27 ans, née d’une mère réunionnaise et d’un père métropolitain, et j’habite en région bordelaise où j’ai également un atelier. Ma première pratique a été le dessin, que j’ai approfondi avec la peinture, les techniques mixtes et la fresque illustrative.
Que cherches-tu à exprimer à travers ton travail ?
Ma pratique possède deux axes : l’un est proche de l’art brut, spontané, primaire et introspectif. L’autre est davantage narratif et illustratif : il me permet d’être tourné vers la personne qui va visiter l’œuvre, de raconter des histoires qui pourront potentiellement ricocher, animer, apaiser. J’essaie d’exprimer une certaine mysticité dans les relations humaines, de sonder et creuser une partie de ce qui nous habite pour toucher la partie enfantine, lui offrir un moment de lumière et de légitimité, dans son rapport au monde, à l’amour, à la spiritualité, la nature, la violence. Je suis en perpétuelle quête de résilience et de compréhension dans un monde qui, il me semble tourne pas mal à l’envers ; ma peinture me sert à poser ces émotions et à rencontrer l’autre.
Quelle est la place de ta pratique artistique dans ta vie de tous les jours ?
Je travaille à ma production tous les jours et si ce n’est dans l’acte lui-même, c’est à travers des lectures, documentaires, podcasts, films d’animations. Très souvent j’essaie de prendre des ” résolutions ” : je vais me lever plus tôt, peindre de telle heure à telle heure, mais finalement cette tentative de rentrer dans la norme n’est jamais efficace. J’ai appris à me connaitre depuis que je me suis lancée, ça va faire deux ans. Avant ça, je cumulais un 35h en tant que vendeuse dans un magasin de Beaux Arts et la peinture dès que j’étais en pause ou en repos. J’ai la chance pour le moment de pouvoir me consacrer entièrement à ma création, et je sais que je suis productive à partir de 16 ou 17h, je me sens plus en sécurité et ouverte aux idées la nuit.
Qu’est-ce qui t’a poussée à candidater pour ce prix ? Qu’attends-tu de cette sélection ?
Ce qui m’a poussée à candidater, c’est le challenge. Je suis quelqu’un d’assez curieuse envers moi-même, j’aime me mettre en difficulté pour savoir si je suis capable de passer à l’étape supérieure. Je me sentais suffisamment en confiance pour tenter ce concours, maintenant que ma base sur Bordeaux est un peu plus solide, il était tentant de poser un orteil en direction d’une galerie Parisienne, sorte de mythe un peu inaccessible pour un artiste émergeant. En plus j’ai essayé, vendu et recommandé pendant deux ans mes produits Pébéo préférés lorsque j’étais conseillère de matériel Beaux-Arts, et je les utilise encore aujourd’hui. J’ai pris ça comme un signe, puisque je les connais pour de vrai. J’attends de cette sélection d’élargir mon réseau, d’augmenter ma visibilité et je suis également curieuse de savoir quelles sont les œuvres sélectionnées.
Peux-tu nous parler de l’œuvre que tu as choisie pour participer au concours et pourquoi ce choix ?
J’ai réalisé cette œuvre pour le concours. Je crois aux signes et aux rendez-vous : il se trouve que cette toile venait de m’être offerte par un amie que je porte très affectueusement dans mon cœur. Comme c’est parfois le cas, le sujet est apparu de lui-même ; cette œuvre s’intitule “Le Cercle” et parle de schéma, d’emprise et de lien. Les deux personnages sont interdépendants, celui du dessus semble perdu dans un espace-temps intouchable, ses yeux blancs sont en proie à une réalité invisible. Il essuie (ou caresse ?) les larmes du personnage sur qui il pèse, pendant que ce dernier se concentre en fermant les yeux. Le feu l’anime et les esprits ne le laissent pas tout seul à son sort. Cette œuvre me parle et pourra je l’espère parler aux personnes qui la verront. Elle donne en métaphore les relations humaines, de quelque nature qu’elles soient, que l’on connait presque tous au moins une fois dans sa vie et qui poussent à s’affranchir et s’émanciper. Je pense qu’en cette année douloureuse et qui a obligé à se remettre en question et à faire un point sur nos vies, elle pourra peut-être toucher et donner de la force à qui le veut bien.
Retrouvez le travail de l’artiste sur Instagram.
Vous pourrez découvrir les travaux des 36 artistes finalistes du concours Mixed Media Pebeo dans une exposition inédite du 29 mai au 13 juin sur Fluctuart.
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