Pierre-Yves le Strat – Le Cube
Au départ, posé ça et là lors d’événements, ou au détour de séances improbables, un cube. LE CUBE. C’est à partir de cet objet blanc, carré, que naissent les rondeurs affolantes des individus qui se prêtent au jeu de poser à l’intérieur. Et, ici, quelque chose échappe à notre photographe. Désappropriation d’une œuvre qui se laisse surprendre par ses modèles qui deviennent sujets. Au sens propre : subjectivités participatives.
Devant, la lumière, modulable à l ‘infini, émane de la situation frontale de l’artiste, qui parfois aussi, joue avec ses modèles. Surgissent alors des aspérités gracieuses, comme avec les enfants, des sensations, des émotions, par le –simple – fait d’être « mis en boîte ».
Corps sculpturaux, maigres, voire décharnés, féminins, masculins, hybrides, âgés, enfantins… Par le nu, s’opère la trace de l’histoire particulière de chacun, où chaque pli de peau est la marque d’un rire, d’un chagrin, d’un moment du passé, et, à l’envi, d’une blessure secrète. Cependant, à l’abri du mélodrame, du psychodrame, dans la bulle — carrée — , la poésie qui se dégage de ces corps multiples, de ces soli à l’exercice imposé mais à la chorégraphie libre, est d’une poésie abstraite. Voire mystique. En effet, que dit un corps nu, comme au premier jour, comme au dernier aussi, comme en l’intimité la plus extatique et la plus anodine ? Rien d’autre qu’il est Chair.
Nous y voilà : la nudité, aussi vraie que la vérité – qui est toujours toute nue – ne dit rien d’autre que son mystère. Un corps humain n’est jamais rien d’autre que le chantier de sa disparition en tant que corps, c’est-à-dire une Chair, une matière toujours déjà investie d’esprit. D’ailleurs, inversement, un esprit humain est inconcevable sans cette coquille sensible d’une enveloppe qui charrie un passé propre, raconte une histoire sans détails, et propulse vers l’avenir.
Mettre un corps à nu n’est justement pas le fait de l’impudeur, de briser le mystère de l’être humain, mais précisément de renvoyer à ce Chair, nuit obscure où l’on n’accède à rien d’autre que son indicible. Charmes, auras mis en lumière, soit parures du travail du négatif (au sens propre et figuré), opacité silencieuse de l’identité rebelle à toute définition.
C’est, peut-être, en cela, que Pierre-Yves Le Strat, en inventant le concept du CUBE, n’entreprend nulle autre démarche que de rationaliser formellement une irrationalité de fond : celle de l’âme.
Bérengère Alfort
Pierre-Yves le Strat exposera au Grand Salon d’Art abordable (La Bellevilloise, du 20 au 22 mai 2011)
Pierre-Yves Le Strat
64, rue des Moines – 75017 Paris
06 23 82 77 51
www.pierreyveslestrat.fr (en construction)
[Visuel : Pierre-Yves le Strat]
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