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Philippe Fangeaux : “L’activité des peintres ne se limite ni au plan ni aux tableaux”

© Philippe Fangeaux

Fin observateur de ses contemporains, l’artiste-peintre Philippe Fangeaux nous raconte comment il explore le réel, la mémoire, notre quotidien pour le sublimer dans sa création.

Philippe, pourrais-tu présenter ton parcours ?

Diplômé des Beaux-arts de Marseille en 1990 où je vis et travaille depuis, j’ai eu la chance de pouvoir montrer très vite mon travail en faisant des expositions personnelles, notamment en 1992 au Musée de Montbéliard et suite à une résidence en Corse en 1995, au Musée de la Citadelle de Bastia. De 1997 à 1998 j’ai été pensionnaire à la Villa Médicis à Rome, puis en résidence au domaine d’Abbadia à Hendaye en 2000.  En plus, j’ai régulièrement exposé mon travail soit dans les différentes galeries avec lesquelles j’ai travaillé à Paris, en province et en Allemagne, soit dans des centres d’art. Je suis aussi professeur de peinture à l’École supérieure d’art des Pyrénées depuis 2003.

Comment définirais-tu ton style ?

Pour faire vite je dirais figuratif, à condition que le figuratif soit un style, ce dont je doute. Je pense que le style c’est autre chose, le style c’est dans le meilleur des cas ce qui permet de différencier Picasso de Braque ou les Stones des Beatles. De plus, un style n’est pas forcement figé une bonne fois pour toutes, c’est donc une chose difficile à définir et je ne suis pas sûr qu’il revienne aux artistes de donner une définition de leur style.

© Philippe Fangeaux – “Un et deux”

Pourrais-tu nous parler un peu de ton travail ?

Au travers de peintures, de dessins et plus récemment de volumes, mon travail s’articule autour de questions liées au récit, au montage, au paysage, à la mémoire et à la couleur. Les figures, les images que j’utilise sont aussi personnelles que communes, aussi cultivées que vernaculaires. Les séries se suivent, se croisent ou perdurent depuis plusieurs années alternant petits et grands formats généralement sur toile mais parfois investissent d’autres supports, d’autres matériaux et d’autres espaces ; l’activité des peintres ne se limite jamais forcément ni au plan ni aux tableaux.

Y a-t-il un sujet principal ou récurrent dans tes créations ? 

L’essentiel de mon travail a pour point de départ les images qui nous entourent.  Celles que l’on trouve dans toutes sortes de médias ou celles plus personnelles que l’on prend sur son téléphone par exemple.  Depuis 2001 je poursuis une série de peinture de 18 x 22 cm à partir de souvenir d’images vues dans les journaux TV que j’appelle des « Télésouvenirs » et dont le titre est lié directement à l’actualité à laquelle elles se réfèrent.

© Philippe Fangeaux, “Pyongyang”

Quelles sont tes influences, d’où vient ta stimulation ?

L’art au sens large, toutes disciplines confondues, me stimule et m’influence au sens où il peut me faire réfléchir, penser et avancer dans mon travail ; c’est la littérature qui donne envie d’écrire, la peinture de peindre etc., sans oublier tout simplement la vie quotidienne dans ce qu’elle a de plus prosaïque et inattendue. Gilles Deleuze souligne que le point commun entre l’artiste, le philosophe, et le scientifique, c’est qu’ils entretiennent tous une relation avec le chaos.

D’autres terrains, supports que tu aimerais explorer ?

Je ne m’interdis aucun support à priori, c’est l’évolution de mon travail qui m’amène à investir tel ou tel support ou terrain.

Quelle sont tes références dans l’art, tes artistes préférés ?

Mes références sont plutôt larges et éclectiques donc difficile de répondre. Je vais donc me limiter à la peinture et à la période contemporaine avec Daniel Schlier, Martin Kasper, Kerry James Marshall, Luc Tuymans, Marlène Dumas, Raoul de Keyser, Neil Jenney et Cristof Yvoré…

Quels sont tes projets en cours de préparation ou en réflexion ?

En parallèle à mon habituel travail d’atelier, je travaille actuellement en collaboration avec une amie architecte et une agence de paysagiste sur un projet d’aménagement urbain au sein d’un programme d’urbanisme en région parisienne qui intégrera des dessins et du volume. Une expo de groupe est aussi en préparation pour cet été avec Le Cabinet d’Ulysse, ma galerie marseillaise, ainsi qu’une autre devrait démarrer à la fin de l’année au FRAC Aquitaine et présentera des travaux plus anciens d’une série appelée « Retouches », portant sur des paysages retouchés. Enfin, je prépare aussi une édition monographique.

Propos recueillis par Eleftheria Kasoura

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