Paris, un autre regard
Les jeux d’eau majestueux ne sont plus qu’un fugace souvenir. Les fontaines et leurs statues recouvertes d’or fin se parent désormais d’un manteau ténébreux… Place de la Concorde, les lampadaires sont éteints, les rues désertes, le ciel obscur. Seuls quelques rayons de soleil parviennent à percer les lourds nuages noirs qui encerclent le sommet de l’Obélisque… Sur les quais de Seine, les trottoirs sont vides, les bouquinistes ont disparu. Seuls demeurent leurs étals où trônent, comme un roi sans royaume, livres et dessins autrefois si convoités… La place de l’Etoile baigne dans une sombre tranquillité. Les arbres sont morts et les routes dénudées de toute présence mécanique. Au loin la Tour Eiffel tutoie le ciel menaçant… Sur l’île de la Cité, les gargouilles de Notre-Dame scrutent la ville de leur œil torve, à la recherche d’une éventuelle présence humaine…
C’est dans ce Paris apocalyptique, entre ombre et lumière, que Stéphane Rey-Gorrez nous plonge dans chacune de ses œuvres, mixité parfaite entre photographie et illustration. Privé de ses habitants, la plus belle ville du monde apparaît alors morne et énigmatique, baignant dans une inquiétante mélancolie. Arrêt de bus, carrousel abandonné et kiosque de journaux délaissé sont les derniers vestiges de la présence de l’homme dans la ville devenue morte.
Les mélanges de couleurs, de textures et les contrastes exacerbés confèrent à chaque image un caractère onirique. Une sensation de malaise se dégage de ces clichés où le fantastique et le réel s’enchevêtrent dans un bal délicieusement funèbre. Sur certaines images, le ciel bleu fait son apparition, tel un message d’espoir, triomphant du chaos qui enveloppe la ville. Dans ce Paris, ville « privée de ses lumières », drapée dans une angoissante solitude, Stéphane Rey-Gorrez parvient à libérer la capitale de l’emprise de l’homme et à lui rendre ainsi sa beauté, parfaite et éternelle.
Stéphane Rey-Gorrez dresse un portrait techniquement singulier et visuellement superbe de Paris. Dépourvue de toute présence humaine, la ville n’en demeure que plus envoûtante…
Julien Brossard
Paris, un autre regard
Jusqu’au 10 décembre 2009
24 rue Molière 75001 Paris
Du lundi au vendredi de 11h à 19h
le samedi de 14h à 18h
Galerie Photo-Originale
01 42 57 25 26
Métro : Palais-Royal / Pyramides
Articles liés
Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...
Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...
“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...