Paris-Delhi-Bombay – Centre Pompidou
La confrontation de ces deux univers n’est ici pas franchement pertinente. Elle se justifie d’autant moins que de l’aveu des commissaires eux-mêmes, la plupart des artistes français ne connaissaient pas le continent indien. Faut-il nécessairement, pour parler d’un lieu, y être allé ou avoir beaucoup lu à son sujet ? Sans doute pas pour le touriste classique mais qu’en est-il de l’artiste ? Nourrir son art d’aprioris fantasmés et « occidentalo-centrés », n’individualise pas le regard que l’on peut porter sur l’Inde, loin s’en faut.
Un journaliste de France Culture s’interrogeait de savoir pourquoi l’Occident exprimait depuis peu un tel intérêt pour l’art indien. N’est-ce pas l’ouverture économique du pays au début des années 1990 et les mutations rapides de la société indienne générées par la mondialisation qui en sont la cause ? Sans vouloir subordonner un art à un autre, il semble bien que l’uniformisation des codes artistiques contemporains rendent plus aisément accessibles les discours et procédés desdits artistes indiens. Ainsi en va-t-il de l’art chinois ou de l’art africain contemporain récemment mis en lumière lors des expositions « Africa Remix » en 2005 à Pompidou et « China Gold » en 2008 au musée Maillol. Faut-il le regretter ? Pas si sûr.
L’utilisation de techniques identiques n’a jamais annihilé la création et le génie. A tout le moins rend-t-elle possible la pénétration sensible d’une société dont nous ignorons beaucoup. Les problématiques des uns induisent des positionnements réflexifs riches d’enseignement pour le tout à chacun curieux de l’autre. Au final, des regards croisés d’artistes qui ne se répondent que trop rarement. Des artistes indiens qui auraient mérité davantage d’espace pour être mieux montrés tels Anita Dube, Sakshi Gupta, Sheela Gowda sans compter les oubliés… Des œuvres qui accrochent le regard, interrogent ou laissent froid. En art contemporain, c’est aussi la subjectivité de chacun qui entre en jeu, au-delà des choix des commissaires d’exposition. A noter cependant, en guise d’introduction à l’exposition une très intéressante mise en lumière de la société indienne contemporaine.
« L’Inde c’est l’Inde… Je ne sais pas ce qu’est vraiment l’Inde ! Je la sens, voilà tout » écrivait Moravia fasciné dans son livre Une certaine idée de l’Inde en 1961.
Karine Marquet
Paris-Dehli-Bombay
Du 25 mai au 19 septembre 2011
Tous les jours de 11h à 21h, sauf le mardi
Tarifs : de 12 à 10 euros (selon période) // tarif réduit : 8 à 9 euros
Valable le jour même pour le Musée national d’art moderne et l’ensemble des expositions
Billet imprimable à domicile
Centre Pompidou
75004 Paris
M°Hôtel de Ville ou Rambuteau
www.centrepompidou.fr
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