Osanne Darantiere : “La transmission aux générations futures a un rôle important dans mon métier”
Restauratrice et conservatrice de tableaux depuis maintenant presque cinq ans, Osanne Darantiere nous décrit ici son parcours et son travail.
Pouvez-vous vous présenter et exposer votre parcours ?
Je suis Osanne Darantiere, j’ai 28 ans, et je suis restauratrice et conservatrice de tableaux. J’ai d’abord fait une licence Histoire de l’art et archéologie à Nantes après mon baccalauréat, dans le but de suivre une formation en restauration de tableaux. J’ai ensuite suivi cette formation en trois ans à Paris, à l’Atelier du Temps Passé. À la suite de cette formation diplômante, je me suis mise en auto-entreprise et j’ai monté mon atelier à Paris, que je partage avec une autre restauratrice de tableaux et une restauratrice de livres anciens.
Qu’est-ce qui vous a attirée dans la restauration d’œuvres ?
J’adore pouvoir redonner vie aux objets, et notamment à la peinture. J’aime cette idée de transmission du patrimoine de génération en génération, qui est vraiment essentielle pour la culture. La transmission aux générations futures a un rôle important dans mon métier. Et puis j’ai toujours voulu travailler avec mes mains, je faisais énormément de dessins et de peintures étant enfant, mais je ne suis pas créative. En seconde ou en première, en cherchant des écoles d’art, je suis tombée sur une école de restauration de tableaux et j’ai eu un déclic. J’ai eu de la chance car je voulais effectivement faire ça et j’adore mon métier.
Combien de temps mettez-vous pour restaurer une œuvre ?
Il n’y a pas vraiment de réponse, parce que ça dépend des tableaux : il est possible d’avoir un tout petit tableau très abîmé qui prendra des semaines voire des mois à restaurer, aussi bien qu’un très grand tableau sur lequel il n’y a pas grand chose à faire, qui ne me prendra que quelques heures. Il n’y a pas de moyenne : ça peut aller d’une heure de travail, voire un peu moins, à plusieurs mois de travail en fonction de l’état du tableau et des matériaux, de la façon dont il a été peint, etc. Ce qui implique qu’une restauration de tableau n’est pas forcément chère, comme ce qu’on pourrait imaginer : il y a vraiment de tout dans les tarifs.
Quelles qualités sont requises pour restaurer des tableaux ?
Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, il n’est pas forcément nécessaire de savoir bien peindre. Bien sûr, plus on sait peindre, plus c’est facile, parce qu’on a beaucoup moins de travail de réflexion mais il n’y a pas besoin de savoir peindre ou dessiner de manière exceptionnelle pour faire ce métier. Il faut en revanche être très minutieux, rigoureux, et patient : lorsqu’on veut aller vite, on finit toujours par faire des fautes. Enfin, il faut avoir un sens artistique ; bien sûr, on travaille avec des techniques précises, mais un sens artistique est nécessaire pour pouvoir travailler au mieux et appliquer ces techniques en fonction du tableau.
Quelles sont les étapes à suivre dans la restauration d’œuvres ?
Quand on nous apporte un tableau, on commence toujours par faire un constat d’état : on observe le tableau sous tous les angles pour voir quels sont ses problèmes. Ensuite, un peu comme chez le médecin, on fait un diagnostic, puis une proposition de traitement. Au cours de la restauration, il y a trois grandes parties. D’abord, on réalise la partie conservative : c’est la restauration du support (toile, bois, carton), refixer la peinture, retendre la toile, etc. Il s’agit de sauver l’œuvre pour qu’elle arrête de se dégrader. Ensuite, on s’occupe de la partie esthétique : on nettoie, on retouche là où il manque de la peinture, on vernit… Enfin on réalise la partie préventive, en mettant en œuvre des systèmes pour éviter au maximum la dégradation des œuvres dans le temps, comme le système d’accroche du tableau au cadre et au mur par exemple. Toutefois, certains tableaux n’ont pas besoin de toutes ces étapes au cours de leur restauration.
Avez-vous des projets pour le futur proche ?
La semaine prochaine, je pars en Grèce pour restaurer des tableaux là-bas ; nous ne travaillons pas forcément dans l’atelier, nous pouvons nous déplacer chez nos clients pour des tableaux trop grands ou trop abîmés, que ce soit en France ou à l’étranger. Nous allons aussi participer au Salon International du Patrimoine Culturel au Louvre en octobre prochain.
Plus d’informations sur le site internet de l’Atelier Osanne.
Infos pratiques :
26e édition du Salon International du Patrimoine Culturel
Du 28 au 31 octobre 2020
Le site : https://www.patrimoineculturel.com/
Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris 1er arrondissement
Propos recueillis par Chloé Vallot
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