Orbiane Wolff : “La progression de nos artistes est le moteur de notre démarche”
Présidente de Superposition et de l’Urban Art Jungle Festival, Orbiane Wolff entreprend d’audacieux projets pour instituer les arts urbains. Rencontre avec une actrice de la scène culturelle lyonnaise.
Qui êtes-vous et quelle place occupez-vous dans la sphère culturelle ?
Je m’appelle Orbiane Wolff et je dirige, depuis sa création en 2016, l’association Superposition, qui a pour vocation la promotion des cultures urbaines à Lyon, et l’accompagnement des artistes locaux et émergents. Superposition constitue, pour moi, une aventure particulièrement mouvante, ce qui fait que mon poste est en perpétuelle évolution ! Désormais je m’occupe de la coordination globale de l’association ; cela passe par l’aide à la mise en place d’expositions, la gestion d’un lieu éphémère accueillant des artistes en résidence et en atelier, ainsi que par le développement de projets rémunérés (publics ou privés) pour soutenir ces artistes.
Grâce à Superposition, cherchez-vous à interagir avec les publics ?
La démocratisation culturelle est effectivement un point crucial de notre projet ! Nous concevons des outils pour favoriser l’expression artistique et plastique au cœur de l’espace urbain, et donc, au contact de publics mixtes. C’est aussi en créant des événements dans l’espace public, tels l’Urban Art Jungle ou le Festival Métamorphe (consacré aux femmes artistes), que nous parvenons à générer des rencontres.
Qu’est-ce qui vous lie, personnellement, à l’art ?
Avec une mère archéologue céramiste et un père architecte, j’ai très vite développé une sensibilité et une curiosité artistique, notamment pour la photographie argentique. Mon intérêt pour les cultures urbaines s’est forgé plus progressivement ; c’est au gré de rencontres avec des street artistes que j’ai voulu appliquer mes compétences, plus académiques, à ce milieu et au profit d’une cause que je trouvais plus éthique.
En quoi le voyage vous a été essentiel dans votre parcours professionnel ?
Je pense que si l’on souhaite travailler dans le domaine culturel, la confrontation avec des sociétés et cultures différentes est primordiale. Cela permet, dans un premier temps, de mieux connaitre son soi et, dans un second, de savoir où l’on veut donner de son énergie pour provoquer du changement. C’est pourquoi, en revenant à Lyon, j’ai voulu faire avancer les politiques culturelles dans le sens de l’art urbain, très dense dans cette ville, en fondant une structure dédiée.
Vous intervenez alors politiquement ?
En effet, je siège également au Conseil d’Administration de la Fédération de l’Art Urbain, soutenu par le Ministère de la Culture ; c’est extrêmement complémentaire avec les activités que je conduis à Superposition.
Pourquoi cet engagement particulier en direction des artistes émergents ?
Nous avions conscience, avec l’association, que les artistes starifiés de la scène lyonnaise n’étaient pas sujets à des problématiques de survie artistique et de précarité. La cible des artistes émergents apparaissait alors comme une évidence sur laquelle se concentrer. Depuis, nous avons un socle d’artistes réguliers à Superposition dont la pratique artistique ne cesse de progresser ; c’est extrêmement gratifiant de constater que notre démarche est efficiente. Notre évolution professionnelle va de paire avec celle de nos artistes !
Superposition a récemment investi le bastion St Laurent, qui est un lieu vacant, qu’elle opportunité représente l’urbanisme transitoire ?
L’occupation d’espaces éphémères, très peu coûteuse, est l’une des réponses les plus pertinentes que nous ayons trouvé dernièrement. Cela nous permet de mettre à la disposition des artistes, des ateliers offrant des conditions de production favorables, tout en limitant nos dépenses (Superposition ne recevant aucune subvention extérieure). C’est lorsque les artistes sont réunis sur site que l’on voit apparaitre des synergies très intéressantes !
Avec le confinement, vous avez numérisé l’exposition Spraying Board ; pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Avec la Spraying Board, notre intérêt était de mêler l’art urbain à l’univers du skate, deux domaines finalement très proches, en coopérant avec The Daily Board. Les artistes participants collaborent avec Superposition depuis le début ; nous voulions valoriser la progression accélérée de leur pratique artistique, mais aussi la diversité des profils qui s’expriment à cette occasion. En exposant à la galerie des Terreaux, au centre de Lyon, c’était une façon de légitimer les cultures urbaines ; elles ont maintenant parfaitement leur place parmi les disciplines artistiques. Le cycle d’exposition va être reporté post confinement, en 2021, avec une programmation d’autant plus riche !
Vous avez des projets pour la suite, dès que la situation se stabilisera ?
Nous travaillons essentiellement sur le déménagement du Fort Superposition, puisqu’il s’agissait d’une occupation temporaire. Nous avons un certain nombre de beaux projets dans l’espace public mais, tant que les élections n’ont pas été bouclées, l’association ne peut les amorcer… Même si la situation reste floue, Superposition se démènera toujours pour soutenir ses propositions !
Plus d’informations sur l’association sur son site internet et Instagram.
Propos recueillis par Jade Vigreux
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