Oakoak : “Je trouve que l’humour est assez peu présent dans le street art”
Depuis plus de 10 ans, Oakoak s’amuse en détournant des éléments urbains avec beaucoup d’humour. L’artiste, originaire de Saint-Étienne, nous fait voir la rue différemment. Il revient sur son parcours, ses collaborations et nous parle de l’évolution du street art.
Peux-tu nous parler de toi et de ton parcours ?
Me concernant j’avoue que je ne sais pas trop quoi dire, sinon qu’en dehors du street art j’adore voyager et partir dans la nature faire de grandes balades. Étant de Saint-Étienne, le foot fait également partie de ma religion et pour finir, j’ai un chat super cool !
Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans le street art ?
Je n’ai pas du tout fait d’études artistiques mais ça a commencé en allant à mon ancien travail justement. Pour y aller, je devais marcher trente minutes et un jour j’ai remarqué une bouche d’incendie ouverte. Je me suis fait la remarque qu’en ajoutant simplement deux yeux et une bouche, ça la rendait bien plus sympa et humaine. J’ai commencé par une série de ce type. Je ne savais même pas que c’était du street art. Par la suite, j’ai cherché d’autres éléments urbains à détourner pour y mettre ma patte et jouer avec, je n’ai pas arrêté depuis. C’était en 2008.
Tu détournes ces différents éléments urbains avec beaucoup d’humour. D’où te vient l’inspiration ? Quelles sont tes influences ?
Mes influences sont pour une bonne partie les jeux video de mon enfance, les bandes dessinées, comme Calvin et Hobbes par exemple, ou encore les séries comme Les Simpson et Futurama. Je trouve que l’humour est assez peu présent dans le street art de manière générale. Pour l’inspiration, je marche énormément et je regarde partout en permanence. De temps en temps, face à un élément urbain, tout d’un coup l’évidence va arriver et je saurai tout de suite quoi rajouter pour lui donner un autre sens. Parfois, je vais passer mille fois devant le même endroit sans réagir puis, sans raison, je vais trouver une idée.
Originaire de Saint-Étienne, peux-tu nous en dire plus sur le développement de l’art urbain dans ta ville ?
Saint-Étienne est une ancienne ville industrielle donc un parfait terrain de jeu pour le street art. C’est une ville à taille humaine et j’adore la proximité avec la nature, en cinq minutes je me retrouve en pleine nature. En ce qui concerne l’art urbain, il y a une école qui fait un travail dingue en faisant venir un grand nombre d’artistes. Ils ont fait de l’école une véritable galerie ! Ce qui est bien c’est surtout que les enfants apprennent dès la maternelle, l’art et les différentes techniques. À Saint-Étienne, il y a aussi des artistes comme Ella et Pitr, Zyva, Bulbe, etc.
Tu as collaboré avec des street artistes de pays différents. Que retiens-tu de ces collaborations ?
On apprend toujours aux côtés d’un autre artiste. Parfois ça fonctionne parfaitement et d’autres fois non, mais c’est toujours très intéressant de découvrir leur manière de travailler, leur technique, etc. Ça permet aussi de changer sa façon de travailler. J’ai adoré collaborer avec Jaune, Joachim, Biancoshock et Don Mateo.
L’art urbain s’est beaucoup démocratisé ces dernières années. Quel regard portes-tu sur l’évolution de cet art ?
C’est toujours une bonne chose qu’un phénomène comme celui-ci se démocratise et explose. C’est un art qui justement permet à tout le monde de s’exprimer. Cela permet d’éviter de le laisser à une élite. Après, comme c’est assez récent, on voit de tout. Ce que je n’aime pas, c’est peut-être ceux qui vont faire un seul motif et le coller mille fois. Je ne pense pas que le nombre fasse l’art mais ce n’est que mon opinion.
Tes créations ne laissent pas indifférent. Quelles sont les réactions des passants face à celles-ci ? As-tu en tête une rencontre qui t’a marqué ?
Généralement, les gens réagissent plutôt bien. Je me souviens qu’une fois j’étais en train de dessiner quelque chose, un policier est passé et m’a juste montré son pouce en forme de validation. C’était assez rigolo comme situation.
Peux-tu nous parler de tes projets en cours et/ou à venir ?
Les évènements actuels ont pas mal modifié la donne. Je devais aller au Japon et en Sibérie, pendant la crise, pour un festival. Je pense donc que les prochains mois vont être dédiés à trouver de nouvelles dates pour ces projets. Le confinement m’a aussi permis de passer beaucoup de temps à l’atelier et de travailler un peu différemment. Je vais également préparer une exposition pour 2021.
Quel est le projet rêvé que tu aimerais concrétiser dans le futur ?
Le rêve serait de pouvoir investir une immense ancienne friche ou une usine, et avoir carte blanche pour m’amuser dedans.
Retrouvez les créations de Oakoak sur son site internet et ses réseaux sociaux, Facebook, Instagram et Twitter.
Propos recueillis par Camille Bonniou
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