Niki de Saint Phalle – château de Malbrouck

Elles sont colorées, pleines de vie, dansantes et rayonnantes. Ils sont incongrus, un peu étranges mais non moins fascinants. Elles, ce sont les Trois Grâces, des Nanas qui ressemblent aux autres femmes rondes sculptées par Niki de Saint Phalle mais qui différent dans leur manière de bouger. Car oui, ces sculptures théoriquement immobiles virevoltent de par leurs couleurs et leur allure. Ils, ce sont les totems qui se dressent face au visiteur lorsque que celui-ci s’avance dans la cour du château.

Œuvres plus méconnues de l’artiste, inspirées de leurs alter-égos mélanésiens, ils expriment à eux seuls la religion Niki de Saint Phalle, elle qui fut « exposée très tôt à des influences culturelles diverses et parfois conflictuelles, ce qui [l’]amena à [se] faire [sa] propre idée des choses ».

Ces multiples chemins empruntés par l’artiste franco-américaine se reflètent dans l’exposition proposée au Château de Malbrouck. Déambulant dans les couloirs, escaliers et salles de ce château médiéval, le visiteur découvre la richesse et la variété de l’œuvre de Niki de Saint Phalle. Connue pour ses Nanas ou pour ses sculptures qui deviennent architecture – c’est ainsi le cas du fantasmagorique Jardin des Tarots, utopie artistique réalisée en Italie – elle a également su coucher sur toiles ou sur papiers, ses rêves de volumes et de reliefs. Des objets détournés revêtissent les œuvres de jeunesse que l’artiste colore au tir à la carabine, les assemblages sont hétéroclites, presque illogiques, fruits d’une imagination en prise avec la colère. Les formes et personnages des sculptures se donnent à voir dans les sérigraphies aux allures de journaux intimes, farandoles de couleurs prêtes à s’extraire de la feuille, ombres chinoises colorées racontant des histoires aux allures de calligrammes.

Œuvres exubérantes

La force de suggestion émanant de chacune des créations de Niki de Saint Phalle n’est pas anodine, son œuvre possédant « un sens profond, dont la portée est double : vers l’intime d’abord, vers le monde ensuite. Toute [son] œuvre sous-tend ce tiraillement ». Prenant par la main l’observateur attentif, l’artiste le promène dans son imaginaire, dans ses rêves, le ramenant cependant sans cesse à sa réalité, cette dernière affleurant toujours les œuvres exubérantes. Confrontée à la douleur de la mort, à l’angoisse de la maladie, l’artiste ne perd jamais de vue, sans jamais néanmoins le rendre pesant et lourd, même dans La Peste, œuvre directement liée au sida, que « la vie n’est jamais comme on l’imagine. Elle vous surprend, vous étonne, elle vous fait rire ou pleurer quand vous ne vous y attendez pas ».

Dépassant l’écueil de la présentation des types les plus connus de Niki de Saint Phalle, l’exposition proposée par le Château de Malbrouck ouvre un monde. Un monde de couleurs et de significations empli d’insolite et de mystère, sans cesse renouvelé et dont il est impossible de se lasser.

Solène Zores

Niki de Saint Phalle

Du 1er avril au 29 août 2010
Ouvert tous les jours : le lundi de 14h à 18h, du mardi au vendredi de 10 à 18h et les week-ends et jours fériés de 10h à 19h

Plein tarif : 7 euros // Tarif réduit : 5,5 euros
Gratuit pour les enfants jusqu’à 16 ans

Château de Malbrouck
57480 Manderen

www.chateau-malbrouck.com