Natalia Jaskula – photographe
La nécessité de se consacrer à la photographie s’impose à elle à 28 ans, après un parcours littéraire dédié à la philologie japonaise, puis à la philologie romane, étudiées en Pologne. Lors de son DEA de littérature comparée effectué à Paris, concentré sur l’étude d’un peintre, elle découvre l’art pictural. Parallèlement, elle va découvrir la photographie, qui fait naturellement suite à son parcours et la propulse dans la création. Après avoir consulté quelques ouvrages et effectué des exercices de style en noir et blanc, son œuvre prend forme rapidement à travers la mise en scène. Domaine où, selon elle, on peut encore inventer aujourd’hui. L’invention est l’un des leitmotiv de son travail, qui se déroule de façon parfaitement intuitive, excluant une compréhension trop rationnelle de sa démarche a priori.
Son parcours de photographe prend immédiatement de l’élan : après une première exposition à la chapelle de la Sorbonne, dans le cadre du festival étudiant de la ville de Paris « Ici et Demain », en 2005, elle remporte en 2006 le concours instauré par ce festival dans la sélection arts plastiques. Ce qui lui donne l’occasion d’exposer à l’Espace Pierre Cardin, au Pavillon de l’Arsenal et au musée Carnavalet. Elle expose ensuite à la galerie Crous, aux Beaux-arts, ainsi qu’en Pologne et en Tunisie. Natalia Jaskula prend le rôle de directrice artistique et de commissaire d’exposition pour le festival des « Rencontres photographiques de Ghar el Melh ». Depuis, elle effectue régulièrement, deux ou trois fois par an, des expositions. La dernière en date s’étant déroulée à Port Cogolin, près de Saint-Tropez, à la galerie « Sens intérieurs ».
Son œuvre représente aujourd’hui des mises en scènes symboliques, complexes, ancrées dans l’image. Natalia entend présenter au spectateur des « images autosuffisantes », qui offrent des pistes d’interprétation à emprunter. Pour ce faire elle admet être familière de l’iconographie, la manière dont parlent les images, mais opère toujours de façon instinctive, presque inconsciente, estimant que dans ce travail : « il faut que ton cerveau soit plus intelligent que toi-même ». Elle se laisse guider dans les mises en scènes par son instinct, une sensibilité naturelle à la lumière impressionnante, et à l’espace en général. Les personnages et les lieux existent dans son imagination au moment où son reflex numérique les fait naître.
Si on lui demande les influences auxquelles elle est soumise, elle nous dira qu’il s’agit de diverses influences picturales, cinématographiques et littéraires ; qu’il est important de puiser dans tout cela car la richesse d’un bagage émotionnel et culturel permet la création.
Natalia Jaskula est photographe de métier, et artiste de cœur, au sens large, dans sa conception la plus honorable. Sa création se veut novatrice, elle désire accéder à la communication de sentiments universels aux autres, pour qu’ils se reconnaissent, et voit l’œuvre comme un lien indispensable à une société, qui réunit les êtres par les sens.
Elle explore le monde des possibles en transcrivant une réalité presque mystique, presque irréelle, faisant parfois penser à ces matins brumeux, ces soirs étranges où la nature elle-même nous paraît être une œuvre d’art ; elle parvient ainsi à capter, avec le réel et l’imagination, des instants fortuits que notre entendement est toujours ravi de saisir, même un instant. Cet instant, Natalia parvient à l’immortaliser et nous le livre.
Propos recueillis par Sophie Thirion.
Interview express
– Quelles sont vos racines, réelles ou imaginaires ?
Je viens de Gliwice, une très jolie ville de Pologne d’inspiration allemande, ancrée dans une région industrielle du sud du pays.
– En quoi aimeriez-vous vous réincarner ?
Je ne crois pas à la réincarnation.
– Existe-t-il un espace qui vous inspire ?
Tous les espaces d’architecture moderne, et la nature, surtout la forêt ces temps ci, la nature luxuriante en général.
– Quelle place tiens la fuite du temps dans votre vie ?
Elle y tient une place primordiale. Malheureusement.
– Quelles sont vos obsessions, comment nourrissent-elles votre travail ?
La fuite du temps, l’excellence, la marginalité, ce désir de l’excellence combiné avec la crainte d’être marginale et la peur d’en payer le prix.
Retrouver l’univers de Natalia Jaskula sur le site de l’artiste.
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