Mutio : “L’humour est vital tout le temps”
Né en 1964, ses dessins ont été publiés dans Politis, Le Monde, Le Monde diplomatique, Libération, Bakchich, Siné hebdo, L‘Itinérant 60 millions de consommateurs, Que choisir et la presse syndicale… En 2006, Mutio rejoint l’armada des dessinateurs d’Iconovox, et participe, en 2011, au lancement du site Urtikan. Il réalise des illustrations et bandes dessinées pour des éditeurs et des agences de communication. Il a aussi participé à quelques expositions collectives. Il est lauréat du Trophée Presse Citron 2019, dans la catégorie « dessin de presse professionnel ».
Pourquoi ce sujet vous inspire-t-il ?
Parce qu’on connaît bien le confinement ! Les dessinateurs passent beaucoup de temps, isolés dans leur atelier et ils pratiquent le télétravail depuis si longtemps. Ce sujet m’intéresse surtout parce qu’il a des répercussions économiques, politiques et sociales sur la vie de milliards de personnes. Alors, j’ai décidé de faire un dessin par jour sur ce sujet. Un petit défi personnel. C’est un sujet inépuisable pour tout créateur, sauf pour les soignants qui, eux, sont épuisés…
La pandémie est-elle propice à dénoncer la bêtise des gens ?
Dénoncer la bêtise des gens fait partie de notre quotidien. Je précise que je m’inclus dans le groupe. Par exemple, moi aussi j’avais tendance à beaucoup me laver les mains. Alors, j’ai imaginé et exagéré ce que pourrait donner, chez un hypocondriaque, ce geste barrière répété à longueur de temps par les autorités. La pandémie et la peur accentuent les travers et les réactions irrationnelles des humains. Donc, j’observe et je dessine.
Pourquoi avoir commencé par parodier les Municipales ?
C’était un sujet politique important qui s’est télescopé avec le début de l’épidémie en France. Le versant politique a presque disparu ; on ne parle plus que des conséquences sanitaires. Mais les Municipales seront de retour dans quelques mois, si tout va bien.
Le problème est certes planétaire, mais c’est l’occasion, pour vous, de dénoncer la mondialisation…
Alors que la France et le monde connaissent une crise sanitaire et économique sans précédent, Total a versé à ses actionnaires son troisième acompte du dividende pour l’exercice 2019, pour un montant de 1,8 milliards d’euros : « Une panne de décence » ! Je dénonce ce système économique délirant depuis mes débuts. Je reste toujours très surpris par la cupidité maladive de ces individus. Si ce fonctionnement n’était pas si destructeur, on pourrait en rire sans amertume. Les dessinateurs ont la chance de pouvoir dénoncer l’injustice et il ne faut pas s’en priver. On venge un peu les gens qui ne sont « rien », comme dirait l’autre.
Boris Johnson, Donal Trump… Vous ne prenez pas des gants avec ces personnalités ?
On parlait de la bêtise des gens ; ici, on a l’exemple de la stupidité des puissants. C’est Boris Johnson qui aurait mieux fait de mettre des gants, quand il serrait des mains en pleine épidémie ! Et Bojo le clown est le surnom que lui donne les Anglais. Quant à Trump, je pense à Hitchcock, car il disait que pour faire un bon film il fallait un bon méchant. Avec cet énergumène, les dessinateurs sont gâtés, mais ça ne suffit pas, il faut quand même travailler pour faire un bon dessin.
Le cinéma, parlons-en justement ! Vous détournez les classiques avec une certaine légèreté, mais toujours avec l’humour noir qui vous caractérise.
Comme je suis passionné par le cinéma, je joue avec des références que beaucoup de gens connaissent. J’aime détourner graphiquement ce genre de scènes de la culture populaire. Et tant mieux si on peut faire sourire et faire réfléchir en même temps.
Pensez-vous que la culture, en général, et l’humour, en particulier, puissent contribuer à nous tenir la tête hors de l’eau ?
Bien sûr que la culture et l’humour sont importants en ce moment mais, pour moi, c’est quelque chose de vital tout le temps.
Propos recueillis par Sarah Meneghello
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