Muriel Fagnoni et Julia Gai : “La fleur est une mise en abyme de l’éphémère et de la beauté de notre vie”
Des œuvres connectées au floral et au végétal : voilà ce que nous propose le duo de curatrices Muriel Fagnoni et Julia Gai, fondatrices de la galerie d’art « quand les fleurs nous sauvent ». Leur intention est de créer un dialogue entre l’art et les fleurs. Rencontre, pour un moment poétique et inspirant.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Quel a été votre parcours ?
Nous formons un binôme atypique, que certains surnomment « Les Fleurs », dont la différence d’âge et de parcours sont une force. Cela fait maintenant plus de deux ans que nous nous sommes rencontrées et associées dans l’aventure quand les fleurs nous sauvent. À l’origine de cette envie, pour Muriel un changement de vie suite à un congé sabbatique en Australie et, pour Julia, l’incarnation de son parcours académique dans le début d’une activité professionnelle engagée.
Côté parcours, si Muriel n’avait pas fait HEC elle dit qu’elle aurait été fleuriste… En parallèle, elle s’est nourrie d’expériences artistiques : architecture d’intérieur (Greta de l’École Boulle), peinture, dessin, et même soufflage du verre. Aujourd’hui elle suit des cours d’histoire de l’art à l’École du Louvre.
Julia, elle aussi, a toujours été passionnée par les arts. Après sa formation à l’École du Louvre dont elle est sortie diplômée en muséologie il y a deux ans, elle vient de terminer un master spécialisé « Médias, Art et Création » à HEC Paris, afin que les deux parcours se complètent parfaitement.
Comment est apparue l’idée de créer quand les fleurs nous sauvent ? Pourquoi avoir choisi le thème des fleurs ?
Au départ il y a notre amour fou pour les fleurs et cette évidence que le monde a besoin de beauté, d’art. quand les fleurs nous sauvent naît, début 2019, de notre pari de partager nos passions en investissant des lieux éphémères dédiés à l’art et aux fleurs. Nous pensons, comme l’académicien François Cheng, « qu’une simple fleur est un miracle ».
C’est aussi un des thèmes artistiques les plus inspirants de l’histoire, et nous pensons qu’on peut y faire un voyage sans fin. D’autant que l’évidence de l’essentialité du sujet s’est faite plus intense et plus incarnée à chaque évènement. Avec ses forces et sa vulnérabilité, la fleur est un raccourci de l’existence, une mise en abyme de l’éphémère et de la beauté de notre vie.
Cet aspect a été aiguisé par le contexte pandémique. Qui n’a pas ressenti, lors du premier confinement, cet appel, ce besoin irrépressible d’être connecté à la nature, au végétal, à la vie qui pulse dans toute notre flore ? Nous, nous étions convaincues depuis longtemps de cette quête essentielle, magnifiée par la création artistique, qui explique la création de « quand les fleurs nous sauvent » et nos envies d’expositions.
La fleur y est sujet, mais aussi matériau. La fleur est bien sûr décorative, mais aussi militante. Elle est délicate, mais d’un symbolisme indestructible. Au fil d’un chemin, hors des sentiers battus, nous sélectionnons des artistes et des œuvres qui nous touchent. Nos émotions sont variées : picturales, photographiques, textiles ou de porcelaine… Du moment que les fleurs s’y épanouissent à leur guise ! Nous conduisons nos visiteurs par-delà les frontières, sur tous les continents et à travers les époques, ce qui est une particularité de notre curation.
Vous organisez des distributions de fleurs après vos expositions. Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne l’association ?
Quand une personne achète une œuvre, il y a systématiquement un pourcentage de la vente qui est reversé à l’association quand les fleurs nous sauvent. Chaque acheteur est donc contributeur. Cet argent sert à financer des distributions de fleurs à des gens qui n’y ont pas accès, parce que nous croyons profondément que tout le monde a droit à la beauté. Et si nos amateurs et collectionneurs ont le privilège de pouvoir s’acheter des œuvres d’art, nous avons la volonté de mettre un peu de beauté dans la vie des plus démunis par le biais des fleurs.
En sus, nous organisons des collectes liées à nos événements : par exemple pour pink by quand les fleurs nous sauvent, les artistes avaient customisé des masques chirurgicaux dont le prix revenait pour un tiers à l’artiste, un tiers à l’AP-HP et un tiers à notre association. Pour jeunes pousses by quand les fleurs nous sauvent nous proposions des billets pour une flower tombola qui permettait de gagner par tirage au sort, lors du finissage, une œuvre offerte par une des artistes présentées.
Depuis la création de l’association, il y a un an, nous avons pu effectuer une distribution de 200 bouquets à l’occasion de la fête des mères, en collaboration avec les Restos du Cœur d’Asnières. Nous attendons l’amélioration des conditions sanitaires pour en faire une nouvelle dans un EHPAD à Colombes, où nous aurions dû intervenir pour Noël.
Nous avons aussi commencé à placer des petites tirelires chez des fleuristes amis pour que leurs clients puissent abonder d’un ou deux euros en faveur de l’association, lorsqu’ils leur achètent un bouquet ou une plante. L’argent ainsi collecté sert à racheter, chez eux, des fleurs pour nos distributions. C’est donc un système très vertueux. Nous rêverions d’avoir quelqu’un dédié qui pourrait placer nos tirelires de façon extensive, car c’est presque un travail à temps plein. Donc, cela prend plus de temps que prévu. D’ailleurs, si les lecteurs ont des contacts, nous sommes preneuses.
Propos recueillis par Alice Lombardi
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Découvrez leur prochain événement sur Artistik Rezo :
Les saisons de Maia Flore by quand les fleurs nous sauvent, propos recueillis par Alice Lombardi
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