Mrs.Blues : “Je recherche la vérité, l’amour et l’espérance”
Rencontre avec Maurane Gado, une jeune artiste amoureuse de l’amour. Elle nous entraîne ici dans son univers riche et coloré, entre musique, peinture et photographie.
Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Maurane Gado, alias Mrs.Blues. Je me décrirais comme une personne spontanée, vivante et assoiffée d’amour, ce qui se reflète dans ma pratique. Je suis actuellement étudiante en 3e année aux Beaux-Arts, à Londres. Avant cela, j’avais pris une année sabbatique car j’étais en pleine hésitation entre la musique et l’art visuel. Puis, j’ai fini par comprendre que je pouvais très bien intégrer et combiner les deux .
Pourquoi as-tu choisi Mrs.Blues comme nom d’artiste ?
C’est ma sœur qui m’a menée à ce choix, en relation avec mes prestations qui sont très émouvantes. C’est aussi un rappel au genre musical du blues. Le blues c’est un cri du cœur qui fait écho à ce je fais, je dirais qu’il est le reflet de mon identité.
D’où te vient cet intérêt pour la musique et plus particulièrement pour le jazz ?
J’ai grandi dans un environnement artistique. Mon père, Dez Gad, était un grand musicien à la tête de l’Émoi du Jazz. Le jazz a des sonorités qui me sont donc très familières. C’est un genre musical spontané, qui représente l’imprévu mais qui demande aussi énormément de rigueur. Il ouvre l’esprit.
Peux-tu nous parler un peu de l’Émoi du Jazz?
C’est un festival ivoirien instauré par mon père, qui rassemble des artistes jazz locaux et internationaux. Le but étant de rendre accessible le jazz en Côte d’Ivoire, avec de nombreuses prestations qui rassemblent différentes combinaisons exceptionnelles. On a des reprises, des références au cinéma, ainsi que des ateliers enfants. Ce festival m’a permis d’obtenir une expérience bénéfique en tant qu’assistante artistique, et en tant qu’artiste lors de mes prestations.
On a l’impression que la chanson Jardin d’hiver, reprise d’Henri Salvador, t’est très personnelle. En quoi te reconnais-tu dans cette œuvre musicale ?
C’est une chanson d’amour. Elle traite de l’envie de l’inaccessible. Quand j’ai fait cette reprise, la chanson me parlait énormément. Les paroles n’ont pas vraiment de sens mais j’aime le son qui en ressort car finalement elle fait écho à chacun.
Quel est le projet dont tu es la plus fière dans le domaine musical ?
Je ne pense pas avoir suffisamment de bagages dans l’industrie de la musique pour pouvoir répondre à cette question. Cependant, je pense à l’une de mes prestations qui m’a beaucoup marquée. Elle date de 2016 et s’est déroulée à l’Émoi du Jazz. J’ai interprété l’une de mes chansons, dédiée à mon père : Daddy. Elle parle de son départ et du vide qu’il a laissé. Le public était tout aussi ému que moi.
Tu n’as jamais sorti de single ou d’EP malgré toutes les chansons que tu partages dans tes vidéos sur tes réseaux sociaux. Pourquoi ?
Je travaille encore sur des projets. Lorsque je serai satisfaite, je pense que tout se concrétisera.
Tu es également peintre. Tu peins et dessine énormément de corps, de portraits très abstraits, très colorés. Pourquoi ce choix ?
Je n’ai pas toujours utilisé les couleurs. Cela vient de mon développement personnel, je n’ai pas vraiment de réponse. Quand je peins ou dessine, je laisse faire ma main. Je me laisse porter. J’utilise différentes techniques sur l’instant, comme des objets recyclés par exemple. En ce moment, j’aime explorer la féminité. Je m’éloigne des élément plus carrés et me tourne vers des formes plus rondes.
Tu as plusieurs cordes à ton arc puisque tu es également photographe. Où puises-tu ton inspiration?
J’ai été très tôt intéressée par le concept de la photographie, cette capture du moment. Avec la photographie argentique par exemple, il y a cette excitation lors de l’attente du résultat. Mes inspirations découlent des paysages, j’adore le ciel et la nature. Je trouve cette vision captivante. Je fais aussi des portraits de personnes proches. Je les prends dans un moment inattendu, afin de capter la sincérité chez les gens. Dans la photographie, je recherche la vérité, l’amour et l’espérance.
Peux-tu nous parler de ton œuvre Poagno Kouao ?
Je l’ai fait entre 2016 et 2017. Les mots que j’utiliserais pour le décrire sont : agité et incertitude. C’est compliqué de l’expliquer. J’exprimais des émotions sur le moment que j’ai couchées sur papier. Il est libre d’interprétation, comme nombreux de mes travaux. Mais je dirais qu’il traduit la tristesse et l’indécision : comme un insecte qui cherche son chemin mais qui n’a pas vraiment envie de se déplacer, trop bien dans la terre.
Est-ce que tu as des projets en vue que tu aimerais réaliser ?
Pour commencer, j’ai une performance à réaliser dans le cadre de mes études. Elle sera composée de peinture, d’éléments recyclés et de musique. Ensuite, il y a des projets qui je pense viendront avec le temps, comme des expositions par exemple. Du travail en équipe également, car j’apprécie le rapport avec l’autre. On a besoin des autres pour exister et j’instaure cette vision dans ma pratique et mon quotidien.
Plus d’infos sur le compte Instagram de Mrs.Blues.
Propos recueillis par Karine Laubouet
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