Mondrian / De Stijl – Centre Pompidou
D’une théorie qui affiche une vision globale de l’art et du monde, abordant tous les aspects de la création formelle, l’exposition Mondrian/De Stijl permet au spectateur de poser un regard omniscient sur une des périodes phares de l’avant-garde européenne de ce début de 20èesiècle.
La première section de l’exposition évoque les liens interstitiels qui unirent entre autre, le chef de fil du mouvement De Stijl, Théo Van Doesburg et le théoricien du Néoplasticisme, Pietr Mondrian. C’est le symbolisme d’un artiste comme Yan Toorop associé à une vision théosophique du monde qui amènent un artiste comme Mondrian à penser l’abstraction par la figuration. Petit à petit, on assiste à une volonté de rationaliser le geste artistique en le géométrisant et en faisant appel à une vision plus intériorisée des choses. Cette philosophie utopique à portée universelle tente d’exprimer la structure même du monde à travers la rationalisation des formes.
La seconde section monographique se concentre sur l’œuvre de Mondrian et principalement sur sa production parisienne entre 1912 et 1938. Présent en France dès 1911, l’artiste néerlandais subit l’influence des cubistes. Ses recherches plastiques aboutiront à une fragmentation du plan et à un alignement structuraliste de la surface picturale. Le carré qui se formalisera alors oscillera entre pensée rationnelle et élévation spirituelle. De la couleur à la non couleur vaincue par la ligne noire, Mondrian n’abandonnera jamais ce qui sera son langage plastique primordial, l’angle droit. Installé à New-York à partir de 1942, son ultime recherche sur le rythme et la couleur aboutira d’ailleurs au sublime New-York Boogie Woogie.
Alors que Mondrian se libère des corps, le mouvement De Stijl abordé en troisième section, l’intègre à sa réflexion créative. Assurément, l’espace De Stijl est un assemblage de plans que vient enrichir l’introduction de la diagonale honnie par Mondrian car induisant un changement d’ordre cognitif. En cela, le mouvement De Stijl est perméable aux idées nouvelles introduites par Poincaré et reprises par Duchamp au sujet de la quatrième dimension. Le hors plan, révélé par Hans Richter dans son cinéma expérimental, traduit une autre harmonie, un autre espace-temps que Domela, Gorin, Hans Arp et Sophie Taueber entre autre, mettront à profit. La Cité dans l’espace de Friedrich Kiesler créée pour l’exposition internationale des arts décoratifs de Paris en 1925 et reproduite dans l’exposition ne représente-t-elle pas à elle seule cette volonté plus universelle encore du mouvement De Stijl de vivre dans les formes quand Mondrian lui-même vécu dans le tableau… ?
Karine Marquet
Mondrian / De Stijl
Du 1er décembre 2010 au 21 mars 2011
Tous les jours de 11h à 21h, sauf le mardi, nocturne le jeudi jusqu’à 23h
Tarifs 12 à 10 euros, selon période
Tarif réduit : 8 à 9 euros Valable le jour même pour le Musée national d’art moderne et l’ensemble des expositions
Accès gratuit pour les adhérents du Centre Pompidou (porteurs du laissez-passer annuel)
Centre Pompidou
75004 Paris
M° Hôtel de Ville, Rambuteau
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...