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Michel Macréau à la Halle Saint-Pierre

23 juin 2009
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Frénésie et poésie, douleur et douceur. Névroses d’une peinture instinctive, les œuvres de Michel Macréau (1935-1995) découlent d’une symbiose brute entre introspection et extériorisation. De grandes fresques picturales à l’air naïf ornent ainsi les murs de la Halle Saint-Pierre. Sur fonds clairs, les peintures graphiques se parcourent de dessins en constructions bariolées, suivant les traits colorés, jusqu’à quelques mots, voire une phrase, qui s’immiscent parfois dans la composition. La toile La Fleur de sang (1972), propose ainsi un rébus labyrinthique, appuyé par un parcours imagé.

 

Violence, larmes, rouge sang, sexe, têtes de mort, crucifixion, les symboles ponctuent l’imaginaire de l’artiste en formant un ensemble festif ; mais une fête aux allures d’angoisses, aux élans cyniques. Cet état anxiogène marque Le Griffu (1962) : une figure blafarde, cachée sous les traits noirs d’un visage barré, balafré par les tourments. La peinture grasse s’amasse en tas, donnant du relief au front du personnage, lourd de ses sombres pensées.

 

Affres existentielles

Au détour d’une salle, les personnages prennent d’un coup des airs fantastiques, animés, grotesques, impressionnants, insolents, composés ou décomposés, aux inspirations dignes de Picasso. Leur agencement esthétique s’organise en un découpage multicolore du visage, aux émanations atypiques. Ces arrangements plastiques s’émancipent ainsi des convenances traditionnelles de la figuration. Le visage affirme désormais pleinement son identité, singulière mais plurielle, en abandonnant le masque d’apparat.

 

La démarche de Michel Macréau rejoint les considérations du groupe dit « cobra » ; via la pluridisciplinarité des œuvres, une certaine idée de liberté artistique non-conventionnelle et le radicalisme revendiqué, tant dans la matière que dans le propos. Sous la verrière lumineuse de la Halle Saint-Pierre, la scénographie dépouillée – peut-être un peu trop pour un public non aguerri – suscite alors une conversation innée entre l’artiste et le spectateur.

 

Les affres existentielles de Michel Macréau crèvent ses toiles. Elles procurent parfois un malaise, mais un malaise productif, incitant au regard sur soi-même et à l’analyse de ses propres travers.

 

Cyril Masurel

 

Michel Macréau à la Halle Saint-Pierre
Jusqu’au 28 août 2009

 

Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h
En août : ouverture de 12h à 18h, fermé le week – end
Fermetures annuelles : 25 décembre, 1er janvier. 1er mai, 14 juillet et 15 août
Informations : 01 42 58 72 89
Expositions temporaires : 7,50€, tarif réduit 6€

 

Halle Saint-Pierre
2, rue Ronsard, Paris 18e
Métro Anvers, Abbesses (ligne 2)
www.hallesaintpierre.org

 

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