Micha Patault : “No more Bhopals”
Petit rappel des faits
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, une usine de pesticides explose au beau milieu d’un bidonville de Bhopal (dans l’Etat du Madhya Pradesh) en Inde. 40 tonnes d’isocyanate de méthyle se répandent dans l’atmosphère, tuant 8000 personnes dès la première nuit. Suivront des dizaines de milliers d’autres victimes, intoxiquées par les gazs mais également par l’eau des nappes phréatiques. En effet, à ce jour, le site de l’usine laissé à l’abandon par ses propriétaires Américains (l’entreprise Dow Chemicals qui a succédé à l’usine Union Carbide), n’a toujours pas été décontaminé. Les produits toxiques ont ainsi infiltré les sols, provoquant une pollution lourde de conséquences pour les habitants alentours.
Un engagement aux côtés des victimes
C’est à la suite d’une émission radiophonique de Daniel Mermet, « Là-bas si j’y suis » sur la catastrophe de Bhopal (diffusée en 2004) que Micha Patault a commencé à s’intéresser à cet évènement dévastateur.
Originaire de Marseille où il a fait les Beaux Arts et après un passage à l’Institut des Langues Orientales de Paris pour apprendre l’Hindi, ce jeune photographe indépendant n’a pu résister à l’envie impérieuse de se rendre en Inde pour constater de ses propres yeux l’ampleur des dégâts. C’était en 2005. Ce premier voyage lui a permis d’évaluer une situation problématique et de rencontrer les acteurs d’un combat engagé depuis 1984. De cet « état des lieux » est née l’envie d’étoffer une banque d’images de la catastrophe jusqu’à lors trop pauvre. Fort du soutien de la Sambhavna Clinic (qui prend en charge les victimes collatérales de l’explosion chimique), il a ainsi engrangé des milliers de photos, témoignages de générations actuelles et futures sacrifiées au nom d’intérêts économiques. En effet, les responsables (Warren Anderson, PDG de l’époque notamment) courent toujours malgré les mandats d’arrêt lancés à leur encontre.
Micha Patault a choisi de découper son travail en trois parties : gaz/eau/témoignages, offrant ainsi au spectateur une vision globale de la situation humaine. L’oeil ne peut qu’être choqué par cette réalité effrayante trop peu évoquée. Le travail du photographe s’inscrit non seulement dans un devoir de mémoire mais aussi dans une volonté d’apporter un soutien au combat, pour défendre les droits de l’homme les plus élémentaires, pour que justice soit faite.
Ranjitha Delebecque
« No more Bhopals » – Photographies de Micha Patault
Mardi 1er décembre 2009
Vernissage à partir de 18h30
Entrée libre de 11h à 23h
Maison des photographes
121, rue Vieille du Temple, Paris 3e
Métro Filles du Calvaires (ligne 8)
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