Mëto : “En tant qu’illustrateur, je vais là où j’ai envie d’aller”
Rencontre avec Maël Dupuis alias Mëto, illustrateur freelance de 38 ans et auteur de Par-delà l’horizon.
Tout d’abord, quel est votre parcours professionnel ?
Je dessine depuis tout petit comme la plupart des gens, mais moi je n’ai jamais arrêté ! J’ai pris des cours à la Maison des Arts Solange Baudoux à Évreux de neuf à quatorze ans d’abord, en arts plastiques général puis option bande dessinée. Je n’ai pas fait les Beaux arts car je n’ai pas eu le Bac donc j’étais bloqué pour poursuivre des études dans le monde de l’art. J’ai donc fait un BEP en industrie-graphisme et j’étais en apprentissage à l’hôpital d’Évreux jusqu’au moment où le service a fermé. C’est là que j’ai décidé de me mettre à mon compte en tant qu’infographiste. J’ai très vite arrêté car je n’étais pas à l’aise avec l’aspect communication et le démarchage des clients qu’impliquait cette profession. Je suis donc devenu illustrateur freelance.
Le fait de faire de sa passion son métier n’enlève-il pas de la liberté, du plaisir ?
C’est la raison principale pour laquelle j’ai arrêté l’infographisme. Quand on fait des logos, il y a toujours une charte graphique à respecter, on est jamais vraiment libre de faire ce que l’on souhaite. En tant qu’illustrateur, je suis mes envies, je vais là où j’ai envie d’aller.
Y a-t-il une journée type dans le métier d’illustrateur ?
En ce moment, je suis sur un projet bande dessinée donc c’est assez défini. Dès que je reçois le scénario, je dessine dès le matin et la soir, après manger. Je travaille chez moi donc j’ai du mal à m’arrêter ! Je n’ai pas vraiment d’heures fixes mais j’y passe beaucoup plus de temps que si j’avais un travail standard en entreprise. C’est une passion donc c’est un plaisir de travailler.
Pouvez-vous nous parler de votre nouveau projet bande dessinée ?
Faisant partie de l’association Venus in Fuzz dans laquelle je dessine pour un fanzine, j’ai rencontré Axel Verlaine, le guitariste du groupe Metro Verlaine. Il a écrit un livre et de là on a eu l’idée de faire une bande dessinée ensemble. D’abord on prépare quelques pages pour montrer à l’éditeur et en fonction de ce qu’il décide ce sera soit un format classique soit un gros projet entre cent cinquante et deux cents pages, ce qu’on espère. Le fil rouge c’est la position des artistes musicaux dans la société actuelle. On espère sortir la BD dans le courant de l’année prochaine.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre livre ?
Par-delà l’horizon est sorti en 2017 en auto-édition. C’est mon premier livre. Je suis allé au bout d’un projet personnel : quand on a un éditeur, il y a une charte éditoriale à respecter, en étant mon propre éditeur j’étais complètement libre de façonner mon idée à mesure que les choses avançaient. J’ai fait scénario et dessin, ça n’a pas été simple ! Être scénariste c’est un vrai métier, ça prend énormément de temps. Il s’agit d’une introspection d’un personnage qui se pose la question de la liberté. Il quitte la ville, le monde où tout est déjà orchestré et part dans le désert. Il se questionne sur son propre conditionnement, sur le réel, sur sa propre vie et la vie en général. C’est une introspection assez philosophique. J’ai utilisé une technique de dessin que je n’avais jamais pratiqué auparavant pour appuyer le récit. Tout est fait au dotwork, c’est à dire à partir de petits points sur une feuille calque. Il fallait que je rejoigne le récit de manière graphique : tout part de l’intention du dessinateur qui tient le stylo. Celui-ci fait un point dans le vide de la feuille et chaque point finit par constituer la matière.
Essayez-vous de faire passer un message à travers vos œuvres ?
Pas systématiquement. S’il y a quelque chose qui m’exaspère ou qui me travaille, je vais vouloir dessiner pour m’auto-analyser, tourner dans ma tête ce qui me dérange. Par exemple avec le livre, c’était une période assez compliquée pour moi, je ne savais pas trop où je voulais aller et toute cette histoire d’introspection tournait dans ma tête. J’ai donc décidé de la coucher sur le papier. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une autobiographie, mais ça s’est fait en même temps que moi, ça m’a accompagné, c’est une partie de moi.
Y a-t-il des thèmes qui vous tiennent à cœur ?
Non, je suis mes envies selon le moment.
Enfin, quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à se lancer dans le monde de l’illustration ?
Il faut d’abord se poser la question de comment on voit sa vie future. L’illustration ça ne va pas de pair avec la stabilité financière. Mais d’un autre côté, il y a une vraie liberté et un vrai bonheur à faire ce que l’on aime, même si ça implique de vivre chichement. Il y a plusieurs manières de rentrer de l’argent en tant qu’artiste : les commandes, ce qui rend les rentrées d’argent très aléatoires car c’est au bon vouloir des clients, les expositions, pour lesquelles il faut énormément travailler sans avoir de rentrée d’argent tout de suite, et les livres, il y a une avance de l’éditeur et après il se rembourse sur les ventes et ensuite on commence vraiment à gagner de l’argent. C’est un peu compliqué. Mais il ne faut pas faire ce métier pour l’argent !
Propos recueillis par Lisa Behot
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