MC MONIN : “L’image a l’avantage de ne pas avoir de frontières “
Rencontre avec MC, une jeune femme qui a plus d’une corde à son art. Photographe et vidéaste, elle fait passer l’émotion par l’image.
Peux-tu te présenter et nous expliquer brièvement ton parcours ?
Je m’appelle Marie-Clarisse Monin, aka MC MONIN. Je suis photographe et vidéaste indépendante installée sur Bordeaux. J’ai débuté à la Faculté d’Arts Plastiques de Bordeaux puis j’ai fait l’École des arts graphiques de Québec, l’École européenne supérieure de l’image de Poitiers et enfin l’École offshore de Shanghai.
Quelles sont les rencontres ou événements qui t’ont orientée vers la photographie ?
J’ai toujours aimé les arts plastiques à l’école. Au lycée, j’ai commencé à vraiment développer l’image et me suis orientée vers des écoles d’art. Lors de ma formation à l’École offshore de Shanghai, j’ai développé ma pratique photographique et en parallèle, j’ai eu la chance de rencontrer les acteurs de la salle Diff’art à Parthenay (79), pour laquelle j’ai photographié tous les concerts pendant près de huit ans. Ça a été mon tremplin, ils m’ont donné de la visibilité, fait rencontrer des artistes. Le travail des lumières de la scène m’a fait étudier le concept même de la photographie qui est l’inscription de la lumière. Je pense qu’il n’y avait pas meilleur exercice pour apprendre et développer mes réflexes et ma patte. Quand je suis revenue sur Bordeaux, j’ai rencontré la compagnie Rêvolution pour laquelle j’ai travaillé 3 ans et demi en tant que chargée de communication.
Comment définirais-tu ton travail de vidéaste ? Qu’est-ce qui t’importe dans ce médium ?
Je parlerais du mouvement. Issue de la photographie, de l’image fixe, j’ai commencé à collaborer avec des danseurs et ai eu envie de rendre compte de leurs mouvements. J’ai donc développé le médium vidéo. J’aime être guidée par le danseur pour écrire la partition du mouvement caméra.
Tu as réalisé plusieurs expositions, notamment une exposition photographique lors de l’édition 2019 des Vibrations Urbaines. Peux-tu nous en parler ?
Oui, j’ai eu la chance d’exposer lors de cette édition des Vibrations Urbaines. Suite à notre “release party” avec mon groupe de musique MNMN aux Vivres de l’Art pour laquelle nous avions proposé expo, spectacle de danse, et évidemment concert, l’une des personnes de l’organisation avait remarqué mon travail photographique. Elle m’a écrit par la suite pour me demander si je voulais exposer. Mon travail s’inscrit principalement dans une dynamique urbaine, avec la danse hip-hop, les photographies de rue. C’était donc la parfaite occasion de le présenter dans un événement axé sur la culture urbaine.
Sur ton profil Instagram, on retrouve un travail autour du portrait mais également des clichés argentiques de voyage. Qu’est-ce que tu aimes dans l’argentique ?
Ça fait quelques années que je pars uniquement avec mon argentique lors de mes voyages. Il y a un côté pratique : incassable, il prend peu de place et, dans mon esprit, il y a une qualité que j’attribue aux vacances. Une sorte de nostalgie de l’image qui se traduit mieux par l’argentique, sûrement parce que l’argentique évoque le souvenir. Mais j’aime garder ces moments dans ma tête et les retrouver lors du développement des photos. La photographie d’inconnus me semble aussi plus simple avec un argentique qu’un numérique. Les gens en ont moins peur, c’est plus partagé et inscrit dans un imaginaire collectif.
Tu t’es spécialisée dans le médium vidéo, tu réalises des teasers, des captations, des courts métrages. Comment appréhendes-tu le mouvement et qu’est-ce qu’il est important de traduire pour toi dans la danse ?
J’aime que le danseur chorégraphie mon propre mouvement. J’aime l’improvisation du moment, ne pas avoir écrit les déplacements à l’avance, j’aime me laisser guider. Un peu de liberté et d’interprétation !
Récemment tu as participé au Nikon Film Festival avec une réalisation “sportive” intitulée WELL. On y voit deux danseurs qui se prêtent à un combat de boxe. Peux-tu nous parler de ce tournage et de ce que tu as voulu défendre, dénoncer ou partager, à travers ce prisme ?
Le thème de cette année proposé par le NFF était “un jeu”. Étant impliquée dans l’univers de la danse depuis plusieurs années, j’avais vraiment envie de l’aborder sous cet angle. Dans la communauté de danse électro, il y a une discipline, “Kika Shifumi”, qui se danse en battle. Ça reprend le fameux “Pierre Feuille Ciseaux” en y introduisant du mouvement, des jeux de direction, etc. C’était l’interprétation parfaite qui me permettait de parler du jeu en y introduisant la discipline dansée. Le Kika a été créé par un collectif électro sur Paris, Alliance Crew, et c’est vraiment quelque chose de notre génération. Du coup c’était parfait, ça me permettait de mêler la danse, le cinéma, et de parler d’une discipline naissante.
Le cinéma est aussi un moyen de faire passer une émotion, un message. Te verrais-tu dans ce secteur plus tard ?
Oui, pourquoi pas. Je ne veux pas me cantonner à un secteur, je sais juste que j’aime la vidéo. J’aime parler des gens, des communautés, et l’image a l’avantage de ne pas avoir de frontières, pas de différence de langues. Il ne faut pas être aveugle par contre.
Enfin, tu t’es lancée en freelance il y a peu de temps, quel genre de vidéos aimerais-tu réaliser ? As-tu d’autres projets pour la suite ?
Les communautés sont vraiment quelque chose qui m’intéresse, l’aspect sociologique surtout. Comment l’appartenance à une communauté semble vitale ? J’y pense tout le temps, quand je croise des gens, je me dis que même le mec qui essaie de s’habiller simplement, genre “il s’en fout de sa tenue”, et bien il fait partie de la communauté “des gens qui s’en foutent de leurs tenues”. Les gens sont des histoires, des histoires que j’ai envie de raconter. J’aime mêler le côté documentaire, dans le sens où j’aime parler de choses réelles, en y apportant mon esthétique, mon regard. En ce moment, je travaille sur un nouveau court métrage qui s’intéresse à la communauté drag, avec la FAMILIPS de Bordeaux.
Retrouvez le travail artistique de MC MONIN sur Instagram et Behance.
Visionnez son court métrage en cliquant ici.
Propos recueillis par Alizée Bourgeois
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