Mathilde Soubie : “On cherche à faire des stars !”
Ambitieuse et tournée vers le futur, Mathilde Soubie, co-fondatrice et présidente de Studio Artera, nous livre les détails de ces nouvelles structures qui disruptent le fonctionnement du marché de l’art : les agences d’artistes.
Bonjour Mathilde. Pouvez-vous nous expliquer vos premiers rapports à l’art, ainsi que votre parcours ?
J’ai développé une passion pour l’art et notamment pour l’art visuel assez jeune, c’est venu assez naturellement à moi. Après mon bac, j’ai beaucoup réfléchi à la suite pour mes études. J’hésitais entre suivre un cursus d’histoire de l’art ou une prépa école de commerce. Le cœur me disait de faire histoire de l’art mais la raison et mon entourage m’ont poussée à intégrer une prépa, puis l’EM Lyon.
J’ai fait mon stage de fin d’études au Palais de Tokyo, dans l’équipe du mécénat d’entreprise. Suite à cela, j’ai été embauchée à l’Opéra de Paris. Au bout de trois ans, le monde de l’art contemporain me manquait réellement. Je ne me voyais pas lancer une galerie, j’avais envie de penser quelque chose d’un peu différent et qui me correspondrait à 100%. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de de lancer une agence de talents dans le secteur des arts visuels.
Pour fonder Studio Artera, avez-vous identifié un besoin particulier sur le marché ?
J’avais identifié deux besoins. Premièrement, celui des artistes, qui ont souvent du mal à vivre de leurs ventes en galerie et, pour beaucoup, souhaitent sortir du carcan des murs blancs et réaliser des projets à plus grande ampleur. Puis également l’envie d’entreprises, de structures de toutes tailles, de s’associer à des artistes pour raconter de nouveaux récits et révéler leur ADN.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le fonctionnement de votre agence, Studio Artera ?
On se positionne en tant qu’agence de talents dans le secteur des arts visuels. On part à la recherche de celles et ceux qu’on considère être les talents les plus prometteurs sur la scène contemporaine ; cela sur différents médiums : peinture, photographie, sculpture, art digital. Une fois que nous avons signé ces talents, notre rôle est de diffuser leur art au plus près du public. Nous créons des collaborations entre nos artistes et les entreprises, entre nos artistes et des marques des campagne de communication, mais aussi entre nos artistes et des structures publiques pour penser des projets d’art public dans l’espace urbain.
Quelles sont les valeurs qui vous animent ?
Tout d’abord, le “beau”. Comment redonner une place au beau dans nos villes, qui ont tendance à être de plus en plus grises ? Le beau inspire, il suscite une certaine joie et je pense que notre société en a aujourd’hui extrêmement besoin.
Nous utilisons aussi beaucoup le mot “audace” : on encourage nos artistes à faire de nouveaux projets, à se dépasser. Les marques avec qui nous travaillons sont audacieuses également : elles s’associent à des talents qui sortent parfois de leur champ.
Quel est le processus de sélection de vos artistes ?
Nous avons plusieurs critères. Premièrement, le talent artistique : comment un artiste arrive à s’approprier un médium et à le faire avec excellence. Le deuxième critère est celui de la pensée de l’artiste, ce qu’il cherche à transmettre. Troisièmement, que l’artiste soit dans l’air du temps, qu’il propose un travail un peu différent, pas des choses qu’on a déjà vues, c’est très important. Enfin, le quatrième critère est la personnalité de l’artiste. On a besoin de travailler avec des artistes qui ont envie de sortir du champ traditionnel du marché de l’art, de réaliser des projets plus grands qu’eux et de sortir du cadre de l’exposition classique.
Qu’est-ce qui différencie votre agence d’une galerie d’art ?
C’est un fonctionnement très différent : là où la galerie va toucher quelques dizaines de personnes par jour, nous pouvons en toucher des millions avec nos projets. Nous n’apportons pas la même chose aux artistes.
Je pense que le modèle d’agence va se développer dans le marché de l’art, nous disons souvent que nous voulons que nos artistes soient des têtes d’affiche. Les galeries sont très bonnes dans le marché de l’art, elles font très bien leur travail mais nous cherchons à sortir de tout cela et à faire des stars !
Pouvez-vous nous parler de vos projets, futurs et passés ? Comment voyez-vous votre structure évoluer ?
Nous sommes très fiers de notre collaboration avec la marque Prada, qui a été notre premier gros projet. L’artiste Itchi est intervenu dans leur boutique du Printemps Haussmann à Paris. Son rôle était de concevoir des œuvres sur place, qui étaient ensuite données aux clients qui venaient dans la boutique. Tous les clients qui passaient pouvaient repartir avec une œuvre, comme une image mémorable de leur passage.
Récemment, on a aussi sorti une collaboration avec Le Barteleur, une marque de spiritueux pour laquelle Itchi a conçu des étuis en édition limitée.
Nous travaillons également sur des projets d’art public, notamment sur une très grande fresque dans l’espace urbain, dans le 10e arrondissement de Paris, avec Caroline Derveaux. Je ne dévoile pas encore la localisation mais ça sort bientôt !
On se voit comme une grande agence, structurée. Il y a beaucoup d’agents indépendants dans le marché de l’art. Nous avons envie de grossir, de recruter, d’avoir plus d’artistes, des projets d’une plus grande ampleur. On s’aperçoit qu’il y a un très grand marché, qui a des besoins côté artistes et côté clients. D’ici dix à quinze ans, les agences d’artistes auront la même place dans le marché que les agences d’acteurs ou de sportifs. Nous voulons être des pionniers et des précurseurs de cette tendance.
Plus d’informations sur le site internet du Studio Artera.
Propos recueillis par Inès Dezauzié
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