Marquise : poésie urbaine et diversité au cœur de son art
Malgré le confinement, la street artiste Marquise nous permet encore de voyager. Ses œuvres délicates et oniriques colorent les rues de Paris et inspirent les passants.
Qui êtes-vous, Marquise ?
Une street artiste d’origine parisienne. Je travaille à partir d’une technique mixte de collage et de photographie, j’ai collé mes premières œuvres en août 2018.
Dans votre travail vous mélangez femmes, hommes, plantes, animaux, contes et mythes. Quel est le lien entre vos œuvres ?
J’essaie de créer un genre de poésie urbaine. L’idée est d’inviter au voyage, au rêve, mais aussi de véhiculer certaines valeurs. Je parle beaucoup de ce qui me ressemble en terme “humain” mais aussi de la cohabitation et de l’osmose qui peut exister entre règne animal et végétal. L’être humain s’inscrit dans un tout et il faut trouver un équilibre pour que tout le monde cohabite de manière harmonieuse dans le monde.
Ce qui est important pour moi c’est aussi de parler de diversité : j’ai vraiment envie que chacun puisse se sentir représenté dans mon travail et inviter le spectateur à se projeter, à s’identifier. J’essaie de créer une sorte de connexion entre les êtres humains à travers mes collages. Cette idée de vivre ensemble est très importante pour moi, je voudrais que chacun se sente accueilli dans mon univers, que cela inspire un sentiment de communication et de bienveillance entre les gens.
Les femmes que vous représentez ont des formes et des origines différentes.Vous pensez que le street art, médium populaire par excellence, peut contribuer à arrêter de stigmatiser l’image de la femme ?
Avec le street art on est vraiment libre de s’exprimer comme on le veut, donc autant essayer de véhiculer des messages qui nous sont chers. Dans mon cas, mes personnages sont le résultat d’individus que je prends en photo, que j’ai essayé de sublimer et à qui j’ai envie de dire : “Tu t’inscris dans ce tout, tu es beau ou belle comme tu es”.
C’est pour ça que j’avais envie de représenter tout type de corps, d’origine ethnique ou sociale, tout genre et tout âge aussi. J’ai par exemple demandé à ma grand-mère de poser pour un collage.
En tant que femmes, on a aussi envie de se ré-approprier l’espace urbain. Présenter des corps de femmes qui représentent toutes les diversités de notre genre est important pour que chacune se sente exister dans la rue, cet espace où l’on ne se sent pas toujours en sécurité. C’est une façon de dire : « Tu existes, tu es là, prends ta place, cet espace est aussi le tien ».
En tant que femme artiste, vous croyez qu’il existe un style “féminin” ?
Je suis partagée sur la question. C’est intéressant de donner de la visibilité au travail des femmes tant que l’égalité hommes-femmes n’existe pas, en même temps, je trouve ça dommage et j’espère qu’un jour on considérera que l’art n’a pas de genre.
Pour ma part, c’est vrai que mon pseudonyme a une connotation féminine, je l’ai choisi justement pour être identifiée en tant que femme, de l’autre, je n’ai pas envie que certaines personnes se sentent exclus de mon travail.
Je considère que mon travail est engagé mais il y a aussi une dimension qui est purement esthétique, poétique et complètement détaché de militantisme. J’espère que lorsque les gens voient mon travail dans la rue ils se sentent libres d’interpréter les choses comme ils l’entendent, qu’ils voient le message ou non. Ce qui m’importe est que chacun puisse s’approprier mon art et que cela nourrisse leur imaginaire.
Quel est votre quotidien en tant que street artiste pendant la crise sanitaire qui nous touche actuellement ?
J’en profite pour faire une introspection, pour réfléchir à tout ce que cela signifie pour nous, à comment on envisage le travail et le futur qui est bouleversé pour tout le monde. Je me soucie également beaucoup de mes proches et prépare des projets pour la suite, je continue à créer des nouvelles histoires en attendant le retour à la rue.
Plus d’infos sur Marquise : Page Instagram de Marquise
Propos recueillis par Violagemma Migliorini
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