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Marine Van Schoonbeek : “L’idée est de connecter l’art contemporain et l’aspect associatif”

Nora Diaby 25 février 2021
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Marine Van Schoonbeek © Jean Picon

La réputation de Thanks for Nothing n’est plus à faire. L’association a déjà collaboré avec de nombreuses institutions et de grands artistes avec pour objectif premier d’aider les personnes dans le besoin. Rencontre avec Marine Van Schoonbeek, présidente et co-fondatrice de la structure.

Comment est né le projet Thanks For Nothing ? Qui est derrière cette initiative ?

Thanks For Nothing c’est une association fondée en 2017 par cinq femmes. Collègues et amies du monde de l’art contemporain depuis 10 ans environ, nous avons travaillé aussi bien dans le secteur public, que dans le privé (fondations, galeries, foires…). Très vite, nous avons cherché à créer un pont entre ces deux secteurs qui sont en fait “codépendants. On a eu une volonté de décloisonner et allier nos engagements personnels : associatif avec notre passion : l’art. L’idée était donc de connecter l’art contemporain et l’aspect associatif.

L’équipe de Thanks For Nothing

Lors de vos évènements, on remarque la présence d’une multiplicité de formats artistiques : concerts, expositions, littérature… Comment peut-on expliquer cela ?

Nous sommes intéressées par la multiplicité des formes : expositions, concerts, performances, danse ou littérature. En effet, le monde de la culture est très vaste et nous cherchons à développer une multiplicité de formats, d’ouvrir des discussions entre penseurs, philosophes, intellectuels et artistes. Selon nous ces formats peuvent collaborer ensemble à partir du moment où il y a une exigence artistique et intellectuelle et à partir du moment où il y a un propos engagé avec les projets sociaux qui sont mis en avant.

De plus, la richesse vient selon nous de cette multiplicité de formats.

Quels étaient les enjeux de la vente caritative Heaven en novembre dernier en collaboration avec la maison de vente Sotheby’s ?

La vente caritative Heaven est un projet très fort commencé à l’été 2019. Le fond de dotation Merci s’apprêtait à célébrer les 10 ans de sa création. Un collectionneur nous a alors mis en contact car il estimait que nous avions des points communs, notamment celui de nous questionner sur les conditions d’accueil des réfugiés en France.

Le fonds de dotation Merci avait pour projet de créer un village d’accueil pour les migrants.

Nous avons donc décidé de collaborer ensemble. Cette collaboration devait être marquée par trois temps forts : le premier était un mois solidaire : les entreprises et marques contribuaient notamment en reversant au fond de dotation une partie de leurs revenus.

Le deuxième était un concert solidaire du chanteur Matthieu Chedid au Trianon. Tous les bénéfices étaient également reversés au fond de dotation Merci.

Le troisième, était le temps fort de l’évènement : la vente aux enchères.

Nous devions exposer les œuvres d’art en vente aux Beaux-Arts de Paris. Malheureusement le premier confinement est arrivé.

Par la suite, nous avons reporté à l’automne cette exposition mais au Palais de Tokyo. Cependant, le second confinement est passé par-là.

Nous avons donc décidé de digitaliser le projet. 40 personnalités du monde l’art ont alors présenté une œuvre d’art et expliquer pourquoi ils soutenaient le projet. La vente s’est déroulée entièrement en ligne. Nous avons récolté 262 710 €, ce qui est génial en cette période.

Comment arrivez-vous, en général, à convaincre de grandes institutions de collaborer avec vous ?

Des liens de confiance très forts se sont instaurés entre nous et les institutions. Globalement, chacune d’entre nous apporte quelque chose au collectif avec ses relations. Nous avons réussi à établir une certaine confiance, avec notre expérience. Nous avons compris comment travaille chacune de ces institutions (maison de vente, galeries, musées…). Ce sont des indicateurs de notre connaissance. Nous arrivons en montrant que nous comprenons les engagements et les enjeux qui en découlent.

Les gens nous connaissent, cela nous aide également.

En développant de nouveaux projets, il faut travailler deux fois plus pour montrer que cela fonctionne – il faut donc valoriser, rassurer et fédérer tout le monde.

Au niveau du choix des artistes lors des événements, comment cela se passe-t-il ?

Nous les choisissions nous-même. En fait, nous pensons nos projets de A à Z. C’est-à-dire que nous faisons un travail de recherche avec l’aide des associations que nous soutenons, des institutions. Par la suite nous contactons les artistes.

Ensuite, nous mettons en place la production d’un projet d’un point de vue structurel (logistique, communication, partenariats médias).

Quels sont vos gros projets futurs ?

En février 2020, nous avons été lauréates du grand projet d’appel culturel de la ville de Paris pour reprendre le site des Grands Voisins situé à l’hôpital Saint-Vincent dans le XIVe arrondissement de Paris. Nous avons candidaté et remporté le prix face à de très grands acteurs du secteur culturel. Ce lieu arbitrera un espace d’exposition de plus de 1000 m2, une résidence d’artistes s’appelant La Villa Denfert. Ce lieu sera également doté d’un auditorium, d’un incubateur social des entreprises engagées, et d’un restaurant solidaire en collaboration avec le Refugee Festival Food. Le projet devrait voir le jour en 2024.  Il va aussi engendrer un changement d’échelle au sein de l’association Thanks For Nothing dont l’équipe sera composée de 10 salariés.

Projection de l’Espace Denfert


Propos recueillis par Nora Diaby

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