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Marie Boiseau : “J’aime découvrir de nouvelles choses, expérimenter”

Hélène de Montalembert 11 janvier 2021
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© Marie Boiseau

L’illustratrice Marie Boiseau dessine les diversités cachées et délaissées des médias mainstream. Ambassadrice des formes et de la beauté dans toute sa pluralité, elle offre à voir des illustrations toujours colorées dans lesquelles toutes les femmes peuvent se retrouver. 

Marie, tu es illustratrice freelance depuis trois ans maintenant. Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire ce métier ?

À l’époque, j’étais encore étudiante, en quatrième année à l’EESI d’Angoulême. Mais je ne me sentais plus à ma place au sein de l’école, ce que je produisais là-bas ne me correspondait pas, et ce que je faisais dans mon coin m’épanouissait beaucoup plus. J’ai beaucoup hésité mais j’ai finalement décidé d’arrêter mes études en cours d’année. Et puis en septembre, je me suis lancée en freelance. Je sentais que c’était le bon moment, que ça ne servait à rien d’attendre plus longtemps. J’ai toujours dessiné, c’est la seule chose que je n’ai jamais arrêté, qui n’a jamais cessé de me passionner, donc en faire mon métier était un peu une évidence.

© Marie Boiseau

Le rapport au corps et la diversité entre les femmes sont devenues tes thématiques phares. Penses-tu poursuivre ces réflexions dans une BD ou un livre prochainement ?

Ces thématiques sont venues naturellement et tout doucement dans mon travail, petit à petit. Je me suis simplement mise à dessiner des femmes qui me ressemblaient un peu plus. Je n’y ai jamais vraiment réfléchi, je fais des illustrations mettant en scènes des femmes, comme énormément d’autres personnes, mais il se trouve que chez moi, il y a du gras, des poils, des vergetures, etc. Si j’ai l’occasion de travailler sur un projet plus large et parlant de ces questionnements (la visibilité des personnes invisibilisées dans les médias, par exemple), j’en serais bien évidemment ravie. Mais, c’est vrai, que porter moi-même et toute seule un projet parlant de tout ça, ce n’est pas du tout prévu. Peut-être un jour pourquoi pas !

© Marie Boiseau

Justement, tu as illustré ton premier album jeunesse, La girafe pas de cou, scénarisé par Carole Tremblay et sorti en octobre dernier aux éditions 400 coups. Est-ce que la littérature jeunesse est un domaine vers lequel tu aimerais te diriger ? Il y a-t-il d’autres projets de livres sur lesquels tu travailles ?

Oui, c’est un domaine que j’ai eu l’occasion de découvrir et qui m’a beaucoup plu. C’est très différent de ce que je fais habituellement mais c’est ça qui est intéressant. Ça remet en perspective beaucoup de choses, le public n’est évidemment pas le même alors il faut s’adapter. Et puis ça fait aussi beaucoup de bien de ne pas s’enfermer dans un domaine en particulier, de sortir de sa zone de confort. Actuellement, je travaille sur un livre-jeu cherche & trouve qui sortira aux éditions Lapin au printemps prochain. C’est un livre qui raconte l’histoire de Pistil, qui a perdu un objet qui lui est précieux et qui va partir à sa recherche… J’ai énormément de plaisir à travailler sur ce projet, je suis seule aux commandes, et c’est génial : j’ai l’occasion de dessiner des choses qui me font plaisir, tout en racontant une histoire un peu fun. J’en suis vraiment contente.

Quels sont les sujets qui t’inspirent et que tu aimes dessiner en ce moment ? 

Décembre est toujours une période un peu chargée car c’est le moment où je dois préparer beaucoup de commandes venant de ma boutique en ligne, alors j’ai moins l’occasion de dessiner et peindre. Mais lorsque j’arrive à me dégager un peu de temps, je me laisse porter par mon imagination et je vois où elle m’emmène : en ce moment, j’ai très envie de peindre des natures mortes, pour changer des femmes nues !

© Marie Boiseau

Entre aquarelle, encre ou encore gouache tes techniques sont multiples, Y a-t-il d’autres médiums/matières que tu aimerais expérimenter ?

C’est vrai que j’aime bien toucher à beaucoup de choses différentes : croquis lâchés aux crayons de couleurs ou à l’aquarelle dans mes carnets, illustrations à la gouache ou avec Procreate, stylo noir sur mon compte Mariegrognon… J’aime changer d’outils régulièrement pour ne pas trop m’ennuyer, et puis j’aime découvrir de nouvelles choses, expérimenter. Si j’en ai l’occasion dans le futur, j’aimerais beaucoup tester la céramique, c’est quelque chose qui se voit beaucoup dernièrement et ça donne vraiment envie.

Une œuvre engagée qui te boost toujours ?

Je pense que les Culottées de Pénélope Bagieu est un bon boost, regorgeant de femmes plus inspirantes les unes que les autres. Quand on le feuillette de temps à autre, on ne peut qu’en ressortir complètement prête à tout !

© Marie Boiseau

Continuez de suivre le travail de Marie Boiseau en la retrouvant sur sa page Instagram et sur son site Internet.


Propos recueillis par Hélène de Montalembert

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