Margaux Motin : “J’avais carte blanche pour vraiment m’amuser et y mettre mon ton”
Rencontre avec Margaux Motin, dessinatrice de bandes dessinées. Une illustratrice pleine de talent qui nous partage son parcours, ses envies et nous fait découvrir son travail.
Comment avez-vous construit votre style graphique ?
Avec le temps et le travail. Ce que je faisais il y a dix ans ne ressemble plus du tout à ce que je fais aujourd’hui. À la base je travaillais dans la pub, je faisais de l’illustration dans la pub et les magazines. Et les choses sont arrivées un peu par hasard, j’avais un site internet sur lequel je mettais mon travail, il me servait de book, pour mes clients. Il a fallu que je trouve une autre structure pour accueillir mes dessins, puisque la boîte avait fait faillite et je n’avais plus accès à mon book. C’est là que j’ai monté un blog. Les choses se sont débloquées, au lieu de dessiner uniquement pour mes commandes clients, je me suis mise à dessiner pour moi, pour raconter mes petites histoires. Ce n’était pas calculé, petit à petit, j’ai dessiné tous les jours et c’est là que mon style s’est affirmé. Il y a des influences fortes, qui ont marqué des tournants dans l’évolution de mon style. Je sais que toute l’école Disney, de l’animation, m’a influencée. À force de travail, quand tu dessines tous les jours tes personnages, tu finis par trouver quelque chose avec lequel tu es vraiment à l’aise. C’est là que j’ai su que j’avais trouvé mon style.
Évolue-t-il encore aujourd’hui ?
Oui, je pense qu’il évoluera toujours, moi j’évolue tout le temps, comme tout être humain normalement constitué. Mon style est voué à évoluer, c’est sûr, je sais qu’il y a encore plein de palettes que j’ai envie d’essayer, ça se fera au fur et à mesure des projets et des envies.
Avez-vous envie d’animation ?
J’adore l’idée de mes dessins animés mais c’est un travail à part entière et je ne pense pas que ça m’amuserait de le faire. En revanche, j’adorerais les voir s’animer. J’aimerais bien pouvoir travailler avec un studio et leur dire : “Voilà ce qui arrive avec ce personnage et je veux que ça se passe comme ça. Pouvez-vous me mettre cela en image ?”. Ce serait top.
Comment trouvez-vous un sujet qui vous inspire pour un nouvel album ?
C’est facile, c’est toujours autobiographique, je sélectionne ce dont j’ai envie de parler, un sujet assez large. Je raconte une tranche de vie, j’écris dessus et je nourris cela. Il y a un gros travail derrière, ce n’est pas un journal intime où j’écris ce que j’ai vécu et que je raconte comme ça. Il y a un véritable travail d’écriture. Le prochain album qui va sortir à l’automne, j’ai bossé dessus pendant plusieurs années, pour justement partir de ce que j’avais vécu et y chercher ce qui pourrait faire sens pour le plus grand nombre.
Vous avez illustré certains livres de Jane Austen avec les éditions Tibert. Pourquoi avoir accepté ce projet ? Qu’est-ce qui vous a attiré ?
Quand François Andrieux, le créateur des éditions Tibert, m’a contactée par mail, c’était une toute petite maison d’édition à ce moment-là. Quand il m’a dit : “J’ai très envie de faire Orgueil et Préjugés illustré”, j’ai sauté sur l’occasion. Pour deux raisons. La première, c’est que je venais de relire le livre. C’est un bouquin que j’adore. C’était très frais pour moi et j’avais envie de m’amuser à dessiner ces personnages-là. La deuxième raison, c’est que pour une jeune maison d’édition, ils payaient vraiment bien. Les conditions de travail étaient excellentes et en plus, j’avais carte blanche pour vraiment m’amuser et y mettre mon ton. J’avais de très bonnes raisons d‘accepter la commande et je ne regrette absolument pas.
Vous avez travaillé avec Pacco, que vous a-t-il apporté dans votre travail ?
Il y a tellement de choses ! Sur le côté formel du dessin, Pacco, c’est quelqu’un qui adore trouver des solutions. Donc quand j’arrive avec un problème, il me trouve des solutions. Et chaque fois que j’ai eu envie de faire évoluer mon style, il m’a aidée. Je parlais de Disney, quand j’ai eu envie de partir là-dessus, il m’a montré des dessins de Disney pour m’indiquer dans quelle direction je pouvais aller. C’est vraiment quelqu’un qui abat mes freins et ouvre mes possibilités. En matière d’écriture de structure, c’est une personne qui travaille beaucoup sur l’écriture et il m’a donc appris à structurer mes histoires. Sur le travail du scénario, des dialogues, j’ai tendance à faire des tartines de dialogues et lui, il m’apprend à me concentrer sur ce que j’ai vraiment envie de dire et à utiliser les dialogues comme une source d’énergie dans mes dessins.
Vous travaillez avec Pacco sur des collaborations. Avez-vous envie de travailler avec d’autres illustrateurs ?
Non, en fait j’adore travailler sur mes propres projets, mon propre univers. J’ai tellement de choses que j’ai envie de raconter que je prends peu de collaborations extérieures. Poser tes dessins sur des textes, ce n’est pas très compliqué mais deux dessinateurs sur un même projet, ce n’est vraiment pas facile. Ça demande beaucoup de remise en question, d’ouverture et de patience. C’est déjà difficile avec mon amoureux mais alors avec quelqu’un que je ne connais pas…
Quelles sont vos envies pour le futur ?
Je sais que j’ai une vision à moyen terme, j’ai mes quatre prochains projets et je les adore, ça me suffit à me motiver pour les cinq ans qui viennent. Après, la suite se fera naturellement. Je fonctionne à l’élan et à l’instinct.
Vous pouvez retrouver l’actualité de Margaux Motin sur son compte Instagram.
Propos recueillis par Pauline Chabert
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