0 Shares 1909 Views

Margaux Kogan-Recoing : “Je vois mes vêtements comme des minis moi”

© Balthazar Gousseff

Margaux Kogan-Recoing, jeune étudiante en art, nous présente sa marque de vêtements éco-responsable, LUNES, aux illustrations en linogravure engagées et poétiques.

Pourquoi avoir appelé ta marque LUNES ?

Depuis que je suis enfant, on n’arrête pas de me répéter que je suis dans la lune, ce qui est totalement vrai. Je suis quelqu’un de très tête en l’air et je suis tout le temps dans mon univers. Cette marque me représente vraiment, je mets toute ma sueur dedans. Si je pouvais, je garderais tous les vêtements que je crée. Pour moi, comme ce ne sont que des pièces uniques, je les vois comme plusieurs petites lunes. Je choisis minutieusement le vêtement, la gravure pour le vêtement et la couleur de la gravure. Je vois mes vêtements comme des minis moi, c’est pour cela que LUNES porte un “s”.

Comment t’est venue l’idée de créer LUNES ?

La première fois que j’ai touché à la linogravure, c’était au lycée et j’en suis totalement tombée amoureuse. Je faisais des nuits blanches où je la pratiquais sans m’arrêter. Puis un jour, j’ai eu l’idée d’imprimer mes illustrations sur quelques-uns de mes tote bags et mon entourage a adoré. J’ai commencé à en vendre à mes amis puis je me suis dit pourquoi pas imprimer sur des vêtements de friperie. J’ai donc lancé LUNES et ça a bien marché. 

© Ludovica Anzaldi

Pourquoi imprimes-tu tes illustrations uniquement sur des vêtements de seconde main ? 

Au début, j’avais hésité à acheter des vêtements en gros comme des t-shirts blancs mais je me suis dit que c’était bête, car on avait déjà énormément de vêtements à disposition avec les friperies. Il suffisait simplement de faire une bonne sélection. Puis, j’aime le fait que ce soit éco-responsable. 

De quoi t’inspires-tu pour créer tes illustrations ?

Dans mes deux premières collections, je n’avais pas de thème précis. J’ai tout simple dessiné ce que j’aimais et ce que je trouvais beau. C’est pour ça qu’au début, on pouvait retrouver beaucoup de gravures de femmes, de corps féminins. En revanche dans la troisième collection et pour les collections futures, je vais plus m’engager dans des thèmes bien précis. 

© Balthzar Gousseff

Quel était le thème de ta dernière collection, sortie le 7 mars dernier ?

Mes inspirations pour la dernière collection étaient les grands-parents. Après la sortie de ma deuxième collection, je me suis mise à être obsédée par les personnes âgées que je croisais dans la rue. Je les trouvais vraiment attendrissantes et touchantes. Puis, je me suis dit pourquoi pas les mettre à l’honneur, d’autant plus que dans la seconde collection, je m’étais spécialisée dans les vêtements vintage. En plus, je m’habille comme un vieux papi et j’aime ça. C’est pour cette raison que j’ai fait plein de gravures du troisième âge pour la troisième collection. 

Comment s’est déroulé ton premier défilé qui présentait justement cette troisième collection ? As-tu aimé cette expérience ?

C’était une première pour moi et j’ai trouvé ça très excitant. Je me suis lancée car un de mes amis, Balthazar, qui a également sa propre marque de sacs et d’accessoires en pellicule photo, m’a tout simplement proposé cette idée de défilé. C’était une expérience extrêmement stressante mais également très enrichissante. J’ai appris beaucoup de choses, comme trouver et gérer les mannequins, trouver le lieu et la scénographe. Voir le résultat à la fin été tellement gratifiant, savoir que le défilé avait été apprécié, avec tous les applaudissements. 

© Ludovica Anzaldi

Comment considères-tu LUNES ?

Pour moi, c’est plus qu’une simple marque, c’est une grande famille. Tous mes amis ont aidé, dès le début de sa création. Tous les mannequins, que ce soit pour les photos ou dans le défilé, étaient des amis proches également. Même pour le logo, c’est ma copine de l’époque qui l’a fait. Sans eux, LUNES ne serait pas LUNES.

Peux-tu nous en dire plus sur ta future collection ?

À cause du confinement, tout a été retardé. Directement après la troisième collection, je voulais faire une collection d’été mais elle pourra être lancée seulement à la rentrée scolaire. Je voulais revenir à ma base et mettre en avant les corps. Des corps différents, en maillots de bain, nus, avec des poils. Cette collection devait porter sur la diversité des corps et casser les codes du “summer body”. 

© Balthazar Gousseff

Veux-tu faire passer des messages et faire entendre tes convictions à travers tes créations ?

Au début, je ne le faisais pas, mes gravures étaient simplement des dessins personnels. Maintenant que la marque marche bien, j’aimerais vraiment l’utiliser pour passer des messages. C’est pour cela que j’ai choisi ce thème pour ma quatrième collection, et je voudrais continuer sur cette lancée pour les collections futures. LUNES, c’est une marque engagée avec déjà le support, le choix des vêtements de seconde main qui encourage à réduire nos achats en fast fashion, puis aussi par mes illustrations. 

Retrouvez LUNES sur Instagram.

Propos recueillis par Adélaïde Lachenko

Articles liés

“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
Agenda
122 vues

“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune

A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...

“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Agenda
109 vues

“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins

Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...

La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Agenda
108 vues

La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”

Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...