Manon Manière : « Entreprendre, c’est avant tout un état d’esprit »
Rencontre avec une entrepreneuse d’aujourd’hui. Philanthrope et ambitieuse, cette jeune femme, directrice générale de l’Explorateur Culturel, ne manque pas de projets.
Qui es-tu ? Qu’est-ce qui t’a permis de forger ce destin ?
Je ne pense pas avoir forgé un destin. J’ai plutôt su saisir ma chance ! À la base, je devais être gymnaste, avec une promesse d’avenir professionnel à Paris. Mais tout s’est arrêté quand mes parents ont déménagé à la campagne. Il a fallu que je trouve une autre passion.
Après le lycée, j’ai essayé l’université, persuadée de vouloir être ethnologue. Je voulais parcourir le monde, m’enrichir des différentes cultures et écrire à leur propos. J’ai vite compris que ça n’était pas fait pour moi, car c’était trop théorique. Or, j’ai besoin de concret. Alors, je me suis demandée : « Que vais-je donc faire dans ma vie ? ».
J’ai procédé par élimination : j’ai regardé tous les BTS possibles en alternance et j’ai fini par tomber sur le commerce international, que j’ai fait pendant deux ans. Mes premières expériences professionnelles étaient dans l’import/export de pierres naturelles, puis dans un bureau d’études dans le bâtiment. À l’issue de ce BTS je devais faire un stage à l’étranger et j’en ai trouvé un dans la filière textile de Jean-Paul Gaultier, à New York, mais ma convention de stage n’est jamais arrivée à destination, alors que j’avais déjà l’appartement et mon billet d’avion…
J’ai donc postulé ailleurs, au culot, et j’ai fini chez Perrotin. Avec un avis d’abord négatif sur l’idée de travailler dans une galerie d’art. Mais j’ai eu une illumination là-bas : l’art pourrait me booster et m’aider à trouver un équilibre. Un an après, j’ai trouvé l’ICART et ça a changé ma vie. J’ai pu y trouver une formation qui répondait à mes ambitions et organiser des événements culturels.
Pourquoi t’intéresses-tu à l’art ?
Ce que j’aime dans l’art, c’est sa capacité à faire passer un message, à mener un combat, à partager des sentiments à travers la création. Ainsi, en accompagnant des artistes, je peux contribuer à faire changer les choses. L’art touche tout le monde, quelle que soit la culture, l’origine, les convictions. Et je suis bien placée pour le savoir car je n’ai absolument pas eu d’éducation artistique avant mes 21 ans. J’ai ressenti l’art quand je me suis vraiment retrouvée en face d’une œuvre. C’était comme trouver le moyen de me battre sans violence, sans mal.
Comment en es-tu arrivée à te dire que tu voulais être ta propre patronne ?
C’est un besoin viscéral. Mes nombreuses expériences professionnelles n’étaient jamais assez… J’avais besoin de plus de… Bref, je souhaitais prendre des initiatives, faire avancer les choses, développer les structures dans lesquelles je travaillais. Mais je veux aussi combattre cette maltraitance qu’on subit dans les entreprises. C’est un sujet très important aujourd’hui et je m’évertue à ce que mes collaborateurs prennent plaisir à travailler, chaque jour, qu’ils s’épanouissent et que nos rapports soient dans la bienveillance.
Honnêtement, je savais que je voulais créer ma propre entreprise, mais je pensais que j’allais travailler encore quelques années avant de pouvoir le faire. Matrice, une association qui forme les entrepreneurs en faisant des partenariats entre des écoles pour et des institutions, a été une main tendue au moment propice. Et le projet de L’Explorateur Culturel a été une vraie aubaine.
Être entrepreneur, qu’est-ce que ça signifie ? Être une femme, est-ce un handicap dans ce milieu ?
Entreprendre, c’est avant tout un état d’esprit. Comme une pulsion portée par une passion et une envie de changer le monde, de créer des projets qui sont dans l’intérêt de tous, de relever des challenges tout en offrant un cadre de travail exceptionnel aux salariés. Je ne trouve pas qu’être une femme soit un handicap. Au contraire ! Et surtout aujourd’hui.
Quelles sont tes inspirations ?
Tout d’abord ma famille, en particulier mes parents, à qui je dois beaucoup. Je n’essaie pas d’imiter des personnalités. Je fais les choses à ma manière…
Quelles sont tes forces et tes faiblesses ?
L’humain et… l’humain. Car c’est une force de miser sur l’humain, mais ça complique aussi les choses. Il faut trouver un juste milieu : s’apprécier, se respecter, organiser des ateliers, tout en travaillant ensemble. Il faut trouver l’équilibre, forger des liens, tout en restant dans le respect et la rigueur. C’est un sacré défi d’être entrepreneuse et directrice générale, d’être toujours dans le dialogue, dans l’initiative.
Je suis très heureuse. J’apprends tous les jours et je m’épanouis. Même s’il y a un problème demain, je sens qu’il y aura toujours de opportunités pour m’améliorer.
Personnellement, comment te vois-tu dans 10-20 ans ?
J’ai plein de projets. Je veux continuer dans cette lancée pour changer les choses, le monde, avoir un impact positif. Ma seule hantise serait de redevenir salariée.
Propos recueillis par Mathilde Cannarella
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Manon Maniere : « L’humanisme et la solidarité au cœur du projet L’Explorateur culturel », propos recueillis par Mathilde Cannarella
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