Lucas Cranach ou Wim Delvoye, Beaux-arts ou Bozar ?
Le talent de Lucas Cranach n’échappera pas au regard de Frederic III le Sage, qui le nommera dès 1505 peintre officiel à la Cour de Saxe. Ainsi le jeune protégé du roi puisa son inspiration à Wittenberg : territoire intellectuel de l’époque, influencé par le modèle humaniste viennois. Les gravures de mythes religieux ou scènes de chasses sont remarquables par leur précision et leur labeur. Distinguer celles de Dürer à celles de Cranach n’est pas chose facile. Serait-ce possible que les personnages chez Dürer soient plus détachés de l’arrière-plan, alors que chez Cranach la silhouette humaine semble se fondre dans le paysage ? Après une observation minutieuse chacun pourra émettre un avis sur la question.
Les peintures sont également sujettes à de nombreuses comparaisons, grâce à une scénographie ordonnée, où s’alignent les peintures de plusieurs auteurs confrontés à un même sujet : comme Le suicide de Lucrèce. Cranach est également connu pour ses représentations de nus, dont Picasso sera plus tard un fervent admirateur. Il est d’ailleurs étonnant de voir la liberté de représentation du corps nu dans une peinture aussi soucieuse du jugement moral. Faut-il penser que derrière l’aspect libéré des images se dissimulent le discours moralisateur d’une époque ?
Wim Delvoye pourrait peut-être répondre à cette question car en ce qui concerne la morale ou la bienséance, il semble se plaire à en déjouer les codes. Toutefois les œuvres de ce contemporain ne semblent pas ici être des plus fascinantes. Moins audacieuses qu’auparavant. La « farce delvoyenne » ne semble plus agir. Ce qui porte cependant un attrait, ce sont les anachronismes qu’il emploie et qui perturbent les attentes vis-à-vis de l’exposition. Ainsi c’est l’institution elle-même qu’il questionne. On comprend l’attrait d’un plasticien à exposer aux côté des grands peintres défunts. Mais quel est l’intérêt du musée à exposer l’œuvre de Wim Delvoye, quand la notoriété d’un artiste se distingue du caractère moral de son œuvre ?
Des artistes au service de la morale, d’autres au service de l’industrie marchande, pourvu qu’ils soient académiques !
Justine Vandendriessche
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Lucas Cranach au Musée du Luxembourg
The World of Lucas Cranach
Wim Delvoye, knokin’on heaven’s doors
Jusqu’au 23 janvier 2011
Du mardi au dimanche de 10h à 19h
Informations : +0032 2 507 82 00
Tarif : 8 euros
Bozar
23 rue Ravenstein
1000 Bruxelles
M° Gare centrale
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