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Louis Barbe : “Je pense que ce qui est personnel est forcément plus puissant”

Anna Renaud 21 avril 2020
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© Louis Barbe

Rencontre avec Louis Barbe, un jeune artiste qui navigue entre art contemporain et surréalisme. Pour lui, “l’art doit transmettre un dialogue avec le spectateur”…

Quelles sont tes inspirations ?

Moi ce qui m’inspire dans ma pratique artistique ce sont les images que je construis dans ma tête, des fois même sans mon consentement. Un peu comme des flashs, sans passer pour un illuminé ou Jeanne d’Arc bien sûr, mais je m’inspire un peu de la démarche des surréalistes. D’ailleurs je suis en plein dans Le Manifeste du surréalisme d’André Breton et je m’y retrouve carrément dans le fait de créer des images, voire tomber dans l’absurde un peu à la manière de l’écriture automatique. Cependant j’ai ce devoir d’essayer de retranscrire cette image, c’est un besoin, de tomber dans le réalisme de l’image, essayer de projeter ce que mon esprit voit sur la toile. 

Quelques mots pour décrire ton style ? 

C’est toujours compliqué de décrire son style, sans forcément retourner les tombes des anciens peintres. Pour moi c’est un mix étrange, une sorte d’hybride entre la peinture contemporaine et le mélange d’éléments autour de moi. Associer ce qui m’entoure, créer des combinaisons. Disons que j’essaie, de créer un style qui évolue ; aujourd’hui ma démarche ne me satisfait pas encore, je suis en pleine “recherche” et je me rends compte que j’ai besoin d’être plus proche de mes sujets, de m’éloigner de ce côté automatique des mes anciennes toiles. Maintenant si je veux peindre une personne, je vais m’inspirer par exemple de quelqu’un de mon entourage, rajouter une certaine profondeur. Je pense que ce qui est personnel est forcément plus puissant. 

© Louis Barbe

Quels sont tes projets en cours ? 

Malgré les concours pour lesquels je dois répondre à des sujets, j’aimerais bien traiter sur des lumières un peu plus nocturnes, faire des mises en scène un peu plus réalistes. Essayer de palper la lumière et les ambiances. 

Qu’est-ce qui te motive à peindre ? 

C’est particulier parce que pour moi la peinture c’est  un peu comme une sorte de “gainage”, c’est une sorte d’addiction. L’action de peindre, le travail de la matière ne me procure pas forcément de plaisir. Mais lorsque je ne peins pas, j’ai une sorte de culpabilité j’ai besoin de ça pour “exister”. J’ai l’impression que lorsque je ne peins pas j’ai une sorte de transparence du coup comme tout être humain je suis en “lutte” pour exister. Cette lutte est donc pour moi une motivation pour peindre. 

Quel est ton parcours dans l’art ?

La peinture ça m’est venu après avoir beaucoup dessiné – j’ai toujours dessiné – j’avais arrêté quand je suis arrivé au collège car tout le monde veut faire comme tout le monde. Le fait d’être projeté au regard des autres nous fait arrêter nos lubies ou nos passions un peu bizarres. Puis c’est réapparu à la fin du collège, je me suis vraiment mis à fond dedans, puis finalement au lycée je n’ai pas du tout orienté ma scolarité vers ma passion, j’ai fait un bac scientifique. C’est après en sortant du lycée – après avoir été diplômé pour moi, pour ma famille et peut-être aussi en moyen de secours – je suis parti en prépa d’art à Paris. Donc là je suis en pleine préparation aux concours pour essayer de rentrer dans une école d’art. 

Quels sont tes conseils pour les jeunes qui veulent se lancer dans la peinture ? 

Wouah on dirait que je suis vieux là… Je dirais qu’il faut essayer de le faire pour les bonnes raisons, parce qu’une passion peut vite se transformer en obligation, moi je l’ai ressenti en tout cas. Il ne faut pas tout donner à la “scolarité artistique”, il faut rester dans cet état magique dans lequel on a juste envie de peindre sans se prendre la tête, ne pas tomber dans le processus : j’ai une tache, je l’effectue car c’est mon travail. Puis il faut toujours essayer de se poser des questions, pourquoi j’ai envie de peindre ça, qu’est-ce que j’ai envie de montrer. L’art pour moi au delà d’un processus égoïste et autocentré, doit quand même transmettre un dialogue avec le spectateur et je pense qu’il faut essayer de se mettre à la place de celui-ci. Le concept ce serait de toujours se mettre dans un état d’observation mais pas de comparaison. Le vrai conseil ce serait d’être conscient dans sa démarche. 

En tant qu’artiste, comment se passe ton confinement ? 

En cette période de confinement, j’ai du coup une nouvelle contrainte qui apparaît c’est le manque de peinture. Moi je trouve que c’est intéressant parce que ça permet de prioriser, je le vois un peu comme la phrase “Less is more”, moins on en fait et mieux c’est, ça me permet d’être plus créatif. Je suis obligé de faire des choix sur ce que je peins. Je peins des plus petits formats et je crée une sorte de nouvelle passion pour les petits formats, j’aime l’objet plus petit. J’avais tendance – peut-être pour une question d’égo – à faire des grands formats, genre du deux mètres par un mètre soixante. Donc ce manque de peinture lié au mesures prises, me permet de créer différemment.

Retrouvez Louis Barbe sur Instagram.

Propos recueillis par Anna Renaud

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