“Living in the leaves” : le nouveau projet d’Elizabeth de Portzamparc
L’architecte Elizabeth de Portzamparc présente “Living in the leaves”, son nouveau projet qui aura lieu courant 2022 en Chine. Mme de Portzamparc est lauréate du concours Ancient tree civilization and residence future.
Le programme Living in the leaves
Ce concours intitulé « Ancient tree civilization and residence future » est organisé par le RIBA (Royal Institut of British Architect). Il met à l’honneur des projets écologiques. C’est un concours considéré comme un « manifeste contre la déforestation », le concours souligne la relation entre les bâtiments et les arbres anciens présents sur un site. Il les protège tout en les mettant en valeur. Les méthodes de construction doivent être nettement durables et écologiques. Le projet de Portzamparc est d’aménager toute une vallée (1330 hectares) entourant trois villages : Gudong, Pingnan et Jiaomu. L’architecte se focalise en particulier dans la réserve naturelle de Xiangtoushan dans la province de Guangdong, au sud-est de la Chine. Cette région a été choisie en particulier pour ses arbres très anciens, vus comme presque sacrés. Elle souhaite créer un mélange entre hyper modernité des constructions et l’ancienneté de la flore locale. L’architecte souhaite créer un mélange entre hyper modernité des constructions et l’ancienneté de la flore locale.
Les inspirations
En conséquence, elle s’inspire énormément de la forêt pour son travail. Des piliers en bois dont la disposition semble aléatoire, très fins, comme ressemblant à des branches. L’eau y est omniprésente tant par les bassins et cascades qui entourent les bâtiments tant par le léger bruit de ruissellement englobant les habitations. Les tiges en bois très souvent utilisées se confondent avec les troncs des arbres et leur fonction structurelle favorise l’intimité. Les toitures inclinées sont en bois, typiques de l’architecture chinoise traditionnelle. Elles sont ici déclinés en fonction des études d’ensoleillement, dans un style simple et moderne. Enfin toutes les constructions disposent de grandes terrasses surélevées qui permettent de s’éloigner du sol pour se protéger de l’humidité. La composition de ces éléments entre eux relèvent aussi d’une forme de hasard ainsi reflétant l’aspect aléatoire de la ramure des arbres.
Le but est de ne plus vraiment délimiter la nature de l’urbain. Elle veut façonner un univers totalement cohérent dans toute la vallée. C’est donc un dialogue total avec chacun des sites pour créer une harmonie parfaite du paysage. Ces idées sont primordiales pour l’architecte brésilienne, qui assiste impuissante à la déforestation de l’Amazonie depuis longtemps. Elle le dit elle-même : « Je fais de l’architecture de sociologue » dans une interview accordée au magazine Télérama. Ceci apparait comme une proposition concrète de projet pour vivre plus proche de la nature sans la détruire ou l’altérer.
Les bâtiments proposés
En premier lieu, elle sera en charge d’un hôtel de 8000m2 de surface avec un centre de bien-être de 1800m2. Il y aura en plus des petites maisons qui seront comme en résonance entre elles. Elles formeront une sorte de dédale naturel et ludique tout en conservant leur intimité grâce aux petits piliers de bois. Ces maisons auront l’apparence de cabanes. Le souhait de l’architecte est de mêler modernité et tradition mais surtout de les lier au rêve d’enfance ancestral, l’impulsion primaire de vivre dans les arbres. C’est une façon de nous relier à la source avec la nature.
Vers un futur plus vert ?
Pourtant au premier abord cela peut créer un effet paradoxal. Le projet constitue à déboiser une réserve pour l’urbaniser, ce qui n’est donc pas forcément vu comme écologique. Cependant, Elizabeth de Portzamparc valorise les mécanismes de construction en collaboration avec ses collègues architectes présents aussi dans le programme. En conséquence tous les aménagements et les infrastructures seront bioclimatiques.
Elle souhaite valoriser et embellir la vallée grâce à ses innovations de construction (travailler la relation de l’homme face à la nature). Nous pouvons le constater avec un autre de ses projets : « Taichung Intelligence Operation Center » qui consiste à créer une tour IGH (immeuble de grande hauteur). Elle abritera un centre culturel numérique, des bureaux, des commerces et un restaurant dans la deuxième grande ville de l’île de Taiwan.
Ce projet se mêle parfaitement au besoin collectif de bien penser l’architecture de demain. Elizabeth de Portzamparc n’est pas la seule à avoir cette envie de créer un environnement éco-responsable. Nous le voyons de plus en plus avec les « villes du futur ». Par exemple à Medellín, le projet « Parques del rio » (« Parcs de la rivière ») où le maire veut réhabiliter 320 hectares de la ville. En effet, ils doivent être réaménagés pour construire entre autre une dizaine de parcs le long des 17 kilomètres de rivière et créer des jardins suspendus.
Cette impulsion est de bon augure pour tous. Nous aspirons à une ville plus verte dans le futur et l’homme n’a pas toujours vécu dans un espace urbain, alors pourquoi ne pas renouer avec nos anciens liens et en créer de nouveaux ?
Garance Chaudier
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