Les tatoueuses de Genève : Von Marlon (2/3)
© vonmarlondesign
Artiste, illustratrice, tatoueuse, elle s’inspire de sa vie. Oui ! Parlons ici de Von marlon, une artiste complète, dont le trait original déborde de couleurs.
Peux-tu te présenter, parler de ton parcours ?
Mon nom d’artiste est Von Marlon, je suis une artiste autodidacte écossaise. Mon intérêt artistique vient de mon éducation. J’ai toujours été encouragée à être créative et à m’exprimer de ma manière.

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Adolescente, j’ai voulu rentrer dans une école d’art à Genève. J’ai enchaîné les refus qui ont fait naître beaucoup de doutes par rapport à mes « capacités » d’artiste et au parcours professionnel auquel je me projetais. Persuadée que je n’étais pas assez douée, j’ai fait une pause créative.
C’est mon évolution et mes expériences personnelles durant les années suivantes qui m’ont réconciliée avec ma vision créative et j’ai repris confiance en moi. Je me suis remise au dessin plus sérieusement n’ayant cependant pas encore de but professionnel précis.
Cette situation m’a aussi permis de toucher à de nombreuses pratiques différentes mais néanmoins proches de celle du dessin.
Quel est ton parcours dans l’art ? Ne fais-tu que du tatouage ?

© vonmarlondesign
Je ne fais pas que du tatouage, je fais aussi de la peinture, de l’illustration. J’aime faire plein de choses différentes, être artiste c’est une manière de visionner ce qu’il se passe autour de soi. Pour le futur, j’ai beaucoup d’idées. C’est très important de ne pas être complètement fermé, d’être ouvert et de se faire plaisir.

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Comment es-tu arrivée à ce métier ?
J’ai eu mon premier tatouage, il y a 11 ans. Cela à toujours été une passion. J’ai eu un déclic il n’y a pas longtemps et me suis dit que tatouer pouvait être une manière en plus de m’épanouir, me permettre de m’exprimer d’une autre manière. Le premier tatouage que j’ai fait était sur mon meilleur ami dans mon appart, c’est ce premier échange qui m’a poussé à en faire quelque chose de plus sérieux. L’échange humain que l’on retrouve dans ce métier est ce qui m’attire.
Quelles sont tes inspirations ?
Je suis inspirée par ce que je vis, ce que je vois. Je suis très observatrice. J’aime regarder les gens, les couleurs, les formes. Mais une grande partie de mes inspirations proviennent de ma grand-mère artiste peintre. J’ai toujours été exposée à ses tableaux qui sont présents partout dans la maison de mon enfance. J’ai aussi beaucoup peint avec elle petite. Je pense que c’était dans mon subconscient. Quand je regarde ses tableaux aujourd’hui, je me rends compte à quel point je m’inspire de ce qu’elle a pu faire dans le passé.
Comment vois-tu la place du tatouage dans le monde de l’art ?
Le tattoo a non seulement sa place dans le monde de l’art mais aussi et surtout dans celui de la culture, de la transmission des mœurs et de la tradition. C’est bien plus qu’une simple création artistique mais aussi un acte de réidentification puissant, qui permet à l’Homme de se démarquer et de se réapproprier son identité.

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Dans le monde du travail, les femmes sont moins bien payées et reconnues que les hommes, ceci est-il le cas dans le monde du tattoo ?
Ce n’est pas le cas. Chaque artiste est maître de l’auto-évaluation de son travail et décide de comment fixer ses prix en fonction de cela.
Une œuvre qui représente tes origines ?
The Monarch of the Glen de Edwin Lanseer. J’ai pu l’observer il y a un an au Scottish National Gallery à Edimbourg, c’est un tableau impressionnant qui représente parfaitement mes origines.

© Scottish National Gallery
Un tableau de ton enfance/adolescence ?
Cette peinture faite par ma grand-mère qui représente ma sœur et moi.

© sigrid
Ta musique préférée ?
La musique est vraiment très importante pour moi, ce qui rend le choix très difficile. Je choisirais donc une chanson qui colle avec toutes mes humeurs, qui me rappelle plein de souvenirs ; I am the black gold of the sun de Nuyorican Soul.
Une œuvre qui représente ta vie sociale ?
Je ne sais pas… Si elle devait exister, il faudrait que je la fasse moi-même. Ce serait un mélange d’explosion de couleurs et d’ombres très sombres. Un tunnel sombre, avec une explosion colorée qui en ressort où plein de personnages bizarres et mignons sont collés ensemble. Je suis une sociable antisociable. 50% dehors avec des gens à faire la fête, rigoler, sociabiliser et 50% cachée à la maison à ne vouloir voir personne et être tranquille dans mon intimité.
Une œuvre qui, si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer ?
La peinture Whistlejacket de George Stubbs.
Un portrait simple, sans arrière-plan, d’un cheval qui se cabre. Le tableau est énorme et dégage une énergie impressionnante. Je pourrais l’observer pendant des heures.

© George Stubbs
Pour finir, est-ce que le confinement t’a apporté un plus de créativité ?
Oui, clairement. J’ai beaucoup peint, chose que je voulais faire depuis un moment. J’ai commencé à peindre avec de l’acrylique, alors que normalement je dessine au Posca®.
Le confinement m’a permis de me donner le temps de faire des choses que j’avais en tête depuis un moment mais que je mettais de côté.
Merci à Von Marlon pour cet échange. N’hésitez pas à la suivre sur Instagram.
Titou Granier
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