Les tatoueuses de Genève : Ginevra Mandelli (1/3)
© Ginevra Mandelli
Ginevra Mandelli, tatoueuse, un style que vous n’avez jamais vu ailleurs. Venez découvrir le parcours de Ginevra, et comment elle a évolué dans le monde de l’art.
Peux-tu te présenter, parler de ton parcours ?
Je m’appelle Ginevra Mandelli, je suis née à Rome et en 2006 je suis arrivée en Valais. Après mes études à l’ECAV (École Cantonale d’Art du Valais), j’ai enchaîné avec deux ans de bachelor à la HEAD (Haute École d’Art et Design) en Arts visuels que j’ai ensuite arrêté pour me dédier à l’art du tatouage et à mes illustrations.

© Ginevra Mandelli (@ginginx)
Quel est ton parcours dans l’art ? Fais-tu que du tatouage ?
Déjà à l’ECAV en 2010 l’idée d’être illustratrice me trottait dans la tête, mais le monde du tatouage était beaucoup plus « restreint » que maintenant. Je ne connaissais que le monde traditionnel du tatouage que je ne sentais pas m’appartenir.
Ensuite pendant mes études à la HEAD j’ai commencé à découvrir une nouvelle vision du tatouage, grâce aussi à mon amie Caroline Vitelli qui, en 2014 m’a poussée à découvrir ce « Nouveau Monde » du tatouage et qui m’a fait exposer dans son ancien studio de tatouage Brut dans les Pâquis à Genève.
Comment es-tu arrivée à ce métier ?
J’ai pris une année de dessin intensif dans le but de commencer à tatouer. Ensuite un studio de tatouage à Rome m’a prise pour faire un apprentissage de seulement trois mois et je suis rentrée en Suisse pour m’entraîner sur la peau des gens. Trois mois ne sont pas du tout suffisants pour apprendre une telle technique donc pendant deux ans j’ai été autodidacte, j’ai énormément travaillé et dessiné et j’ai continué à exposer mes dessins et à tatouer dans mon salon. En 2018, j’ai débarqué dans le studio « Le 33 Tours » et c’est vraiment là que j’ai le plus progressé grâce à l’aide de mes collègues et des nombreux guests (invités).

© Ginevra Mandelli (@ginginx)
Quelles sont tes inspirations ?
Je suis très inspirée par les souvenirs de mon enfance, j’ai grandi à Rome et petite j’allais souvent en Sicile avec mes parents. Le soleil, la mer et ses traditions m’ont toujours accompagnés. Le féminisme m’inspire bien sûr énormément, la représentation de la femme, de sa place sur ce monde et ses révolutions et sa colère. Il y’a bien sûr de nombreux artistes qui m’ont toujours inspirée, comme par exemple Niki de Saint Phalle pour ses « Nanas », Jean Cocteau, Chagall, l’artiste suisse Augustin Rebetez. Comme tatoueurs, je suis surtout inspirée par ceux qui expérimentent et qui prennent des risques.
Comment vois-tu la place du tatouage dans le monde de l’art ?
Je pense que sa place dans l’art, le tatouage l’a toujours eue. Pendant longtemps, on a préféré ne lui accorder que le côté marginal, mais maintenant on peut s’en rendre compte. Les gens laissent de plus en plus de liberté aux tatoueurs/ses parce ce qu’ils veulent c’est leur énergie et leur monde. Dans la plupart des derniers tatouages que j’ai faits, j’ai choisi l’artiste pour ce qu’il représente pour moi et ensuite je l’ai laissé libre et je lui ai fait confiance.
Dans le monde du travail, les femmes sont moins bien payées et reconnues que les hommes, ceci est-il le cas dans le monde du tattoo ?
Je ne pense pas que les femmes soient moins bien payées que les hommes dans le tatouage. On a peut-être un rapport différent à l’argent, personnellement j’ai encore ce petit gène au fond de moi, mais c’est tout.
Une œuvre qui représente tes origines ?
Une œuvre qui représente mon enfance est la Bouche de la Vérité à Rome. C’est une sculpture bas-relief sur marbre, assimilée à un masque et conçue pour servir de tampon d’égout. La légende raconte que ce masque mordait la main de toute personne qui ne disait pas la vérité. Cette histoire me fascinait et en même temps me terrorisait.

© dou_ble_you
Un tableau de ton enfance/adolescence ?
Je ne peux pas choisir seulement une peinture de mon enfance, mais je dirais tous les dessins de l’artiste Marta Czok. Mes parents avaient décoré l’appartement avec plusieurs prints de cette artiste. Mon père me demandait toujours de décrire ce que je voyais dans ses dessins.

©Marta Czok
Ton film et ta musique préférés ?
Je n’ai pas de film préféré, mais si je devais en choisir un ça serait « tale of tales » de Mattéo Garrone.
Et une musique probablement une chanson de Blonde Redhead.
Une œuvre qui représente ta vie sociale ?
Une œuvre qui représente ma vie sociale est sûrement Two Ladies at the Automat de Diane Arbus.

© Diane Arbus
Une œuvre qui, si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer ?
Le Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle. Tout ce que j’aime.

© Laurent Condominas
Pour finir est-ce que le confinement t’a apporté un plus de créativité ?
Ce confinement m’a sûrement rappelé à quel point j’aime dessiner et produire des objets improbables. Avec le tatouage je n’arrivais jamais à trouver le temps et pendant ce mois et demi j’ai surtout énormément dessiné et j’ai aussi expérimenté le papier mâché, créer des objets en 3D. C’est une chose que j’avais envie de faire depuis très longtemps.

© Ginevra Mandelli (@ginginx)
Merci à Ginevra d’avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions, n’hésitez pas à soutenir les petits artistes indépendants.
Titou Granier
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