Les anciennes usines Babcock, véritable galerie de street art
Explore Paris propose de découvrir un véritable bijou du street art à travers des visites guidées régulières dans les anciennes usines Babcock et Wilcox à la Courneuve. Une véritable “cathédrale” de street art à voir absolument. Retour sur la visite guidée animée par Meuh, guide conférencier et graffeur.
Véritable musée “clandestin”, les usines Babcock et Wilcox abritent depuis fin 2019 des bijoux du street art et du graffiti de plus d’une centaine d’artistes. L’histoire de la création de ce musée débute par la curiosité de trois graffeurs Zkor, Sto et Namaste qui découvrent ce bâtiment abandonné de 4 hectares, en bon état, et surtout avec des murs vierges de plus de 15 mètres de haut ; prêts à être couverts de leur art. Toutes les conditions sont alors réunies afin de leur offrir le meilleur espace de travail à savoir les dimensions, la discrétion, le temps (grâce aux confinements) et le calme. Débute alors cette grande aventure dans laquelle ils embarquent avec eux leurs amis graffeurs et street artistes avec beaucoup d’organisation, de liberté et en même temps de respect de l’espace de l’autre.
Les visites guidées proposées ne sont jamais pareilles de par la grande diversité des œuvres, de l’espace mais aussi des anecdotes. En effet, le guide conférencier du jour, Meuh, aussi graffeur et créateur du “Beirut Graffiti Tour”, (première initiative de visite guidée de street art dans les rues beyrouthines du Liban, où il y a vécu pendant 5 ans) fait parti des artistes ayant investi le site. Ainsi, ses explications jonglent entre techniques utilisées, éléments historiques et anecdotes lors de la création des œuvres qu’il présente. La diversité des artistes, des techniques et des messages est en effet frappante.
Certains sont graffeurs “classiques”, d’autre font du “calligraffiti” (juste milieu entre le
graffiti et la calligraphie), contrôlé et structuré ou au contraire aléatoire ; puisque c’est à
travers le style notamment qu’est véhiculé le message (“Style is the message” est une
citation classique du graffiti) – et qui permet aussi parfois de les identifier.
Par des effets de dégradé, de 3D, de lumière ou encore à travers des personnages, les
graffeurs sont reconnaissables et passent un message clair – ou presque, puisque certains sont déchiffrables d’autre, non ; et c’est volontaire. Comme la photo ci-dessous.
À hauteur humaine ou à hauteur des 15 mètres de haut, les artistes adaptent leur matériel mais aussi leur travail. Ce qui rend parfois la tâche plus difficile physiquement, s’ils sont amenés à utiliser des rouleaux au bout de perches télescopiques. Cela demande alors une maîtrise remarquable.
Une belle adaptation à l’espace et un jeu avec ce dernier est également relevé lors de la visite avec notamment les artistes Nash, Sto, Zkor ou encore 50cl. Beaucoup utilisent des
éléments déjà présents sur les murs : des tuyaux, des câbles, des tableaux ou encore des objets et des situations ; permettant ainsi un effet de réalisme, de 3D et une expérience visuelle et sensorielle admirable. Même des vitraux sont réalisés, donnant ainsi son nom de “cathédrale” au lieu.
D’autres s’inspirent du lieu, de son histoire (le couple EvazéSir, s’inspire d’une photo de
l’époque) ou encore de l’agencement du lieu pour réaliser leur peinture (Zkor peint un
homme en combinaison à côté de la salle où se trouvait le four de l’usine).
Des installations sont aussi réalisées à partir du matériel trouvé sur place. Notamment, et le plus important puisqu’il en est devenu le symbole, le canapé avec une montagne de canettes de bombe à peinture laissées par les artistes sur place.
Certains artistes nous font voyager à travers des personnages fictifs ou réels peints avec une technique de dessin digne des plus grands : la texture des tissus en mouvements sont
travaillés, la physionomie et ces éléments sont accentués et marqués, le travail du clair-obscur donne du relief, etc. rendant ainsi ces personnages, grandeur nature, vivants devant nos yeux.
Ce lieu qui regorge d’œuvres d’arts est un véritable musée précieux mais fut aussi un lieu
important de rencontre pour cette communauté d’artistes talentueux, passionnés dont la
devise est l’expressivité, le partage mais aussi souhaitant laisser une trace et influencer l’environnement qui les entoure, pour le rendre plus beau et plus rassurant. Le
Street art semble briser la limite spatiale de l’art, du support et du matériel en rendant ces
œuvres uniques et spéciales par le côté éphémère et temporel.
Il est fortement recommandé de suivre l’une de ces visites guidées, pour vivre une expérience artistique et sensorielle unique en son genre, avant justement qu’une grande partie ne disparaisse malheureusement dans la réhabilitation moderne des bâtiments.
Pour réserver votre place avec l’un des deux guides Meuh ou Thomasine Zoler, historienne de l’art et guide conférencière, cliquez ici
Fabienne Touma
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