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Le salon du dessin contemporain – Bilan

30 mars 2010
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barthlmy_toguo

 

Le salon du dessin contemporain a été créé très récemment, et l’on peut légitimement se questionner sur cette désolidarisation du dessin par rapport aux autres arts, alors qu’il aurait tout à fait sa place dans d’autres foires plus éclectiques comme la FIAC. Le salon opère ainsi une redéfinition du dessin à l’ère contemporaine. Cette nécessité est due à l’évolution des techniques sans lesquelles ne peuvent se penser les arts manuels.


Dans un premier temps, attachons-nous aux dessins qui correspondent à l’idée qu’on s’en fait, c’est-à-dire des traits, le plus souvent tirés à l’encre ou au crayon à papier, qui reproduisent des formes figuratives. La galerie Slomka de Paris consacre ainsi son « pavillon » à des auteurs de bande dessinée, entre Tabary père d’Iznogoud, Uderzo, Moebius, Tardi et bien d’autres. On découvre par ailleurs des artistes au trait délicat comme Yannick Demmerle  qui fait naître ses têtes animales par un effleurement du papier. Fay Ku quant à elle  reprend la tradition des peintures chinoises de personnages avec des lignes claires, dans des compositions qui ne sont pas sans évoquer l’univers féerique du collectif 9e Concept.


Mais à mesure qu’on s’enfonce dans la jungle des stands, la définition  conventionnelle du dessin perd de son évidence première. Le critère d’emblée accepté de la figuration comme partie prenante du dessin est mise à mal avec des œuvres abstraites, comme celles de Christian Bonnefoi que l’on aurait tendance à qualifier de peintures. Les dessins de Zilla Leutenegger sont de leur côté associés à des projections qui complètent les traits manquants. Peut-on encore parler de dessin pour l’œuvre entière, ou faut-il dissocier le dessin et la projection sans avoir de mot pour désigner l’association des deux ? Yang Yongliang, considéré souvent comme un photographe, se revendique lui-même peintre, en référence, bien sûr, à la tradition dans laquelle il se place, mais aussi par son geste même d’artiste monteur de photogrammes. De même, les œuvres de Vera Molnar sont intitulées « Dessins d’ordinateur ». Peut-on encore considérer comme dessin une œuvre dont la main est informatique ?


Ces paradoxes sont radicalisés lorsque le dessin s’étoffe dans la troisième dimension et prend la forme de véritables sculptures. Ainsi les monolithes de Dominique Bailly à la School Gallery Paris. Le découpage suit un trait, reprend dans sa matérialité la métaphore de la ligne incisive du dessin. Cette dernière reste à l’état de suggestion dans les papiers froissés d’Edith Dekyndt, qui dans un autre travail matérialise aussi le trait par des aiguilles. Le trait en vient à être nié dans les œuvres de Barthélémy Toguo. Cet artiste en effet joue sur les lavis et l’évanescence des formes, la chair prend le pas sur les os. Plus qu’une forme délimitable, le dessin apparait alors comme une matrice, une essence de construction insaisissable, à l’origine de la plastique.


D’autant plus que le dessin n’est souvent pas le moyen d’expression habituel de l’artiste. Ainsi Philippe Ramette, que l’on connaît davantage par ses photographies où les modèles sont placées à l’envers par rapport au paysage. Cette relation entre le dessin à la photographie se retrouve par ailleurs chez Mohammed Bourouissa, dont les dessins très réalistes sont en fait des scènes préparatoires à ses compositions photographiques. Le dessin semble alors revendiquer sa primauté dans la création, et se définit comme essence même de l’art visuel.


Un salon qui se pose la question de la place du dessin dans l’art contemporain et ne cesse de surprendre par ses choix audacieux.


Viviane Saglier



www.salondudessincontemporain.com

du 25 au 28 mars 2010

Carrousel du Louvre

 

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