Le Palais de Tokyo présente “Six Continents, ou plus” et l’imaginaire africain
Jusqu’au 20 mars prochain, le Palais de Tokyo présente Six Continents, ou plus, une exposition regroupant six propositions différentes et le travail de 24 artistes de diverses nationalités. Cette exposition propose plusieurs aspects et regards sur l’imaginaire africain.
Les expositions explorent des formats divers, avec des visions du monde variées, chacune présentant un imaginaire individuel. L’exposition dans son ensemble cherche à montrer plus de terrain commun vers un sens de la communauté.
“Ubuntu, un rêve lucide”
“Ubuntu”, dans les langues bantoues d’Afrique du Sud, peut être traduit comme “je suis parce que nous sommes “. Il provient de la philosophie africaine selon laquelle tous les êtres humains vivent dans une interdépendance constante.
Dans cette exposition, on retrouve les pièces de 19 artistes. Le travail de Grada Kilomba est particulièrement remarquable, avec ses installations vidéo Illusions: Vol I, Narcissus et Echo (2019); Vol II, Oedipus (2018) et Vol III, Antigone (2019).
Cette trilogie d’installations vidéo s’inspire de trois mythes de la Grèce antique, ramenés à notre société contemporaine à travers des thèmes toujours d’actualité tels que le racisme, la violence envers certains personnes en raison de leur orientation sexuelle ou encore la persistance des regards coloniaux.
Grada Kilomba présente une combinaison de performances, de théâtre et de musique… Et dans un écran latéral, elle devient griot, personne qui dans la tradition orale africaine est en charge de raconter des histoires.
Maxwell Alexandre et sa vision des favelas du Brésil
L’art a longtemps été un domaine réservé à l’élite ou aux connaisseurs et c’est encore parfois le cas. Mais pour Maxwell Alexandre, artiste brésilien, l’espace d’exposition devient un espace de lutte pour que les minorités et les personnes reléguées à l’arrière-plan aient une voix.
L’exposition de Maxwell Alexandre, New Power, rassemble plusieurs grandes toiles, suspendues de manière à ce que le spectateur puisse s’y promener comme s’il se trouvait dans les couloirs d’un musée.
On peut y voir la diversité de la population afro-descendante représentée dans un espace où elle n’a pas été suffisamment rendue visible. L’artiste cherche à s’emparer du “cube blanc” et à déplacer le contrôle que les groupes de pouvoir exercent sur les récits et les images qui régissent le système artistique.
Le retour de la mémoire australienne par Jonathan Jones
Jonathan Jones est un artiste australien qui a installé au Palais de Tokyo, son œuvre Sans Titre (Territoire Originel). Le projet est basé sur les transports, découvertes, annotations et interprétations coloniales faites par l’expédition française de 1800-1803 dans les territoires australiens.
On peut tout d’abord y admirer 300 broderies faites à la main par des artistes et artisans migrants vivant à Sydney, reproduisant les plantes qu’il ont collectées et qui sont conservées à l’Herbier national de Paris. On y trouve également des représentations picturales des aborigènes, entourés de couronnes napoléoniennes faites de matériaux typiquement australiens.
Les connaissances et les objets passent par un processus de traduction et d’interprétation qui peut être influencé par une lecture du côté colonisateur. Ils peuvent aussi être dépouillés de toute la charge culturelle et traditionnelle dont ils étaient dotés dans leurs lieux d’origine, et qui fait partie de la mémoire collective.
Sarah Maldoror et le pouvoir de l’image
Le dernier espace mais non le moindre… Une salle entière du Palais de Tokyo est consacrée à la cinéaste Sarah Maldoror, dans le cadre d’une exposition rétrospective de la pionnière du cinéma africain.
Ses films sont un témoignage important rendant visibles les problèmes sociaux et politiques de divers pays du continent africain, ainsi que les différents mouvements africains de décolonisation.
Il est intéressant de voir une grande partie de son œuvre rassemblée et de visualiser non seulement sa dimension politique, mais aussi son intérêt à rendre les femmes visibles, devant et derrière la caméra.
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