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Le jardin de Monet à Giverny, l’invention d’un paysage

16 juin 2009
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monet

Jusqu’au 15 août 2009

Le musée des impressionnismes retrace l’aventure de Claude Monet (1840-1926) à Giverny, le village qui lui a donné son ampleur artistique. L’exposition met notamment en avant les grands travaux réalisés par le peintre pour obtenir le bassin aux nymphéas. A quelques mètres du musée, la fondation Monet ouvre ses portes au public, qui pénètre dans l’espace intime de l’artiste, entre maison et jardins.

Il est des lieux, en France et dans le monde, investis par la manne artistique d’un homme ou d’une femme. Dont les noms sont indissociables. C’est le cas pour Giverny, en Normandie. Partout, dans chaque rue, en chaque arbre, sur chaque maison, la présence intuitive de Claude Monet règne, comme celle d’un patriarche sur le petit village. Il semblerait que le paysage, dans ses moindres détails, se soit dressé en quelques coups de pinceaux avisés. Ironie de l’histoire, cette thèse ne tient pas uniquement du romantisme. Puisque dès l’acquisition de sa propriété de Giverny, Claude Monet réalise de grands travaux pour l’étendre et l’aménager à son goût. Le parcours didactique du musée des impressionnismes explique ainsi clairement comment le peintre transforme un espace, qui influencera son œuvre par la suite.

Projet colossal

En 1883, Claude Monet loue « Le Pressoir ». Ce n’est que sept ans plus tard qu’il achète la propriété, ses dépendances et son jardin pour s’y installer avec sa famille. Les travaux débutent rapidement, notamment via le Clos normand attenant à la maison. Les tableaux du peintre attestent du fruit de ces agencements : le formidable enchevêtrement floral, de part et d’autre des étroites allées, se rejoint naturellement dans une étreinte colorée.

Puis, apparaît un projet colossal, entre achats de terrains et démarches administratives : la création de toute pièce d’un jardin d’eau. Schémas et plans à l’appui, les visiteurs découvrent le détournement du bras d’eau longeant la propriété, lors de la conception du bassin. Cette petite entreprise s’étend jusqu’en 1904. Les cours de l’étang sont même encore modifiés en 1910.

Néanmoins, Claude Monet ne puise pas immédiatement dans son nouvel environnement pour alimenter ses œuvres. A son arrivée en Normandie, il peint d’abord des sujets avoisinants, avec plusieurs séries, les Peupliers, les Meules, les Cathédrales, les Matinées sur la Seine, présentes aux murs du musée. Certains tableaux bénéficient d’explications quant à leur composition. Que ce soit l’équilibre ordonné par les lignes structurelles ; ou l’apostrophe picturale du pinceau de Claude Monet, qui confère un mouvement et une énergie inhérents à ses œuvres.

 
Monument pour la paix

L’exposition établit donc un constat essentiel : Claude Monet inverse la logique artistique du peintre paysagiste ; en façonnant un décorum végétal qu’il reproduit ensuite sur toile. Même si ce n’est qu’au tournant du siècle que le bassin aux nymphéas inspire l’artiste, il accapare ensuite toute son attention. Le chef d’œuvre de ce profond investissement, les Grandes Décorations, se trouve actuellement au musée de l’Orangerie à Paris. Entamés en 1914, les imposants panneaux, offerts gracieusement à la France après la Première Guerre mondiale, s’érigent en monument pour la paix. Ce don résulte notamment de l’amitié entre Claude Monet et Georges Clemenceau (alors président du Conseil de la Troisième république). Des clichés en noir et blanc témoignent d’ailleurs de l’estime mutuelle des deux hommes, déambulant dans les allées de Giverny.

Lyrisme exaltant

Avec l’intérêt croissant porté à son jardin d’eau, Claude Monet explore un autre univers artistique qu’à ses débuts. A mesure que les tableaux s’agrandissent, le peintre précise sa réflexion, resserre son champ d’action sur un sujet précis. Les représentations de la Grenouillère sont donc incomparables avec les Nymphéas. Au regard paysager, neutre, de ses premières œuvres impressionnistes, Claude Monet oppose une implication plus personnelle et des espaces intimistes. Ainsi, après les reproductions du pont japonais qui enjambe le bassin, les nymphéas incarnent une expression singulière, comme la signature de l’artiste.

Une grande photographie du patriarche de Giverny, bienveillant, longue barbe blanche et chapeau sur la tête, introduit alors à l’introspection sur les Nymphéas. Sous tous les angles, quelque soit l’heure de la journée ou la saison, les tableaux concentrent un lyrisme exaltant les songes les plus contemplatifs : entre les conciliabules fluides et aériens des reflets, les coulées de lumière sur l’onde paisible et l’éclatante percée d’une fleur dans l’harmonie végétale.

« Parterre d’eau céleste » 

A quelques centaines de mètres de ces compositions : le modèle original. La maison et le jardin de Claude Monet s’ouvrent au public. Lequel pénètre dans l’antre du peintre, se plaît à l’imaginer déambuler de son atelier à la maison, en passant par le Clos normand multicolore. Si le bassin ne dégage pas la même quiétude que les tableaux, à cause des nombreux visiteurs, la promenade reste incroyable tant elle renvoie aux œuvres du peintre. Ainsi, en fonction du point de vue, il est possible d’appréhender l’angle précis de certaines toiles. Et de comparer l’alcôve naturelle au « parterre d’eau céleste » qui accueille les nymphéas pour les faire « fleurir en plein ciel », d’après la description de Marcel Proust des abords de Combray.

Le village de Giverny incarne le parcours personnel et artistique de Claude Monet. Le musée des impressionnismes, puis la fondation Claude Monet – avec sa maison et son jardin, se complètent à merveille pour une immersion d’un ou plusieurs jours dans l’univers du peintre.

Cyril Masurel

Le jardin de Monet à Giverny, l’invention d’un paysage

Jusqu’au 15 août 2009
Du 1er mai au 13 juillet : tous les jours de 10 h à 18 h
Du 14 juillet au 31 octobre : tous les jours sauf le lundi de 10 h à 18 h
Ouvert les lundis fériés

Informations : 02 32 51 94 65

Adultes : 5,50 euros // Réduit : 3 / 4 euros
Gratuit le 1er dimanche du mois

Musée des impressionnismes de Giverny
99 rue Claude Monet, 27620 Giverny
Le musée est accessible aux personnes à mobilité réduite

www.museedesimpressionnismesgiverny.com/

 
Fondation Claude Monet : ouverte tous les jours
84, rue Claude Monet
27620 – Giverny
Informations : 02 32 51 28 21
Du 1er avril au 1er novembre 2009, de 9h30 à 18h00.
Tarifs : Adultes : 6 € ; Enfants – de 12 ans 3,50 € ; Enfants de – de 7 ans gratuit ; Etudiants 4,50 € ; Handicapés 3 €

www.fondation-monet.fr/fr/

[Visuel : (Claude Monet, Nymphéas, vers 1914, Huile sur toile, 135 x 145 cm, coll particulière © Tous droits réservés)]
 

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